L'abbé Robinne me donnera une pénitence pour ce nouveau débordement de quota ... mais puisqu'il le demande avec insistance :
l'information donnée sur le cardinal Gaetano Cicognani est juste, il y a uniquement une petite erreur de terme. Il n'a pas signé le "décret" conciliaire, bien évidemment, puisque a) c'est une Constitution b) elle a été votée en ... 1963.
Mais il a bel et bien signé le schéma De sacra liturgia concocté par la Commission préparatoire sous la houlette du terrible Annibale Bugnini entre 1960 et 1962.
En effet, les témoignages rapportent qu'il eut beaucoup d'hésitation et répugnait grandement à le faire, estimant que le schéma - déjà - allait trop loin. Et il est exact qu'il mourut quelques jours après avoir cédé à l'insistante pression du secrétaire Bugnini. Ceci se reproduisit quelques années après avec le cardinal Benno Gut qui a signé dans la douleur de l'obéissance les textes que lui présentaient Mgr Bugnini.

Pour conforter ces témoignages, le nouveau préfet nommé par Jean XXIII, le cardinal Larraona - un des membres de pointe de la Minorité à Vatican II - écarta l'intrigant Lazariste de la charge de secrétaire de la future Commission conciliaire pour la confier au P. Antonelli ofm, l'une des âmes de la Commission pacellienne. Il fit en outre préparer une révision de ce schéma par un gremium autour de l'autre âme de la réforme pacellienne, le P. Löw. Hélas destin funeste, ce grand liturgiste décéda brutalement. Le cardinal Larraona fit néanmoins quelques menues retouches au texte, notamment ô prémonition, sur le rapport Curie/conférences épiscopales, retouches qui furent, in aula, éliminées.
Certains à Rome avaient vu clair très tôt : ils discernaient l'herméneutique de rupture dans laquelle s'était engagée, encore à couvert, le club Bugnini, tandis que les acteurs de l'herméneutique de la continuité et de la réforme (les liturges pacelliens) avaient été marginalisés dans la préparation et ne parvinrent pas, après le décès de Jean XXIII, à reprendre la direction des travaux conciliaires.
Avec les tragiques conséquences que nous voyons encore de nos jours.