Cher Jean-Paul Parfu,

Il n'est pas question de verser dans le juridisme.
Poser le problème des sacres par rapport à la Constitution divine de l'Eglise, c'est situer la question sur un plan théologique.
Nous ne sommes pas en train de débattre sur les variations historiques du procédé de la nomination, car le Pape est évidemment libre d'admettre bien des procédures en cette matière, et évidemment peut valider des sacres sans mandat. Le cas d'un sacre contre la volonté du Pape explicitement formulée est tout autre.
Dans un cas qui concernait les arméniens, le Pape Pie IX, dans l'encyclique Quartus supra de 1873, répondait ainsi à ceux qui ne voient pas que la discipline ecclésiastique n'est pas seulement affaire de droit humain, mais bien une question liée à la foi, une question doctrinale. Le pape s'exprime ici après la consécration illicite d'évêque arméniens : "La défection que nous venons de déplorer ne regarde certainement pas les rites, mais bien la discipline ; et si le Vicaire de Jésus-Christ ne pouvait régler partout la discipline, ce serait en vain que le gouvernement de toute l'Eglise lui aurait été confié, et c'est ce qui donne à cette défection le caractère d'une déviation dans la rectitude de la foi que tous les catholiques doivent avoir en ce qui concerne la Primauté du Souverain Pontife". Pie IX ajoute encore : "Comme le faisait remarquer Pie VI, notre prédecesseur, (...) souvent la discipline est tellement unie au dogme, et a une telle influence sur sa pureté, que ...".
Il ressort clairement de cet enseignement du bienheureux Pie IX, (qui fut aussi l'auteur du Syllabus si précieux à citer pour combattre les erreurs de la fausse liberté religieuse), que la question des sacres épiscopaux est fondamentalement d'ordre dogmatique, et seulement par voie de conséquence d'ordre canonique.

Nota : je ne suis pas convaincu qu'Yves Daoudal, que vous nous encouragez avec raison à lire, approuverait ce que vous exprimez.