et toujours hors sujet puisqu'il n'y est pas question de la paix et de la contribution possible des autres religions que la chrétienne/catholique.

1ère rectification : contrairement à votre grille de lecture, l'Église romaine réfute votre assimilation à un "modèle de civilisation". Benoît XV, encore lui, a pris soin d'écrire une encyclique là-dessus : Maximum illud en 1919. Mais vous trouverez beaucoup de textes magistériels disant la même chose comme une grande Instruction de la Propaganda fide au milieu du XVIIe siècle.
Le rapport évangélisation/colonisation/décolonisation/émancipation est plus complexe que vous ne le supposez : une petite synthèse facile à lire écrite par Claude Prud'homme chez Cerf-histoire est utile pour faire le point.

2è rectification : "La Chine, l'Inde comme l'Afrique ou le Moyen-Orient sont en pleine explosion démographique . Aucun de ces continents ne veut vous écouter : ni écouter des siècles de civilisation occidentale.
C'est un fait ." (jejomau)

Et bien non, ce n'est pas un fait si clairement établi. 41% des séminaristes catholiques en 2005 étaient africains et asiatiques et au contraire, le clergé et l'influence chrétienne s'effondrent en Europe de l'Ouest. En dépit de ce recul, la population catholique continue de croître pas seulement par les Amériques mais aussi par l'Afrique et l'Inde notamment. Le Japon a même eu il n'y a pas très longtemps un Premier ministre catholique. En revanche, en Europe de l'ouest au moins, les chrétiens sont déjà en statut d'insulaires : un archipel de d'îlots chrétiens éparpillés dans une mer sécularisée. C'est fait, même Rome en a conscience avec le dicastère impalpable créé en 2010.

Que l'évangélisation ne progresse plus par le biais du Syllabus de 1864, en bref par un Etat confessionnel catholique, c'est une évidence et depuis longtemps avant 1960. Le Syllabus est en lui-même un témoignage de ce que ce modèle d'évangélisation du Haut Moyen Age ne fonctionnait plus du tout au temps de Pie IX et depuis la Révolution française au moins. Je ne vous contesterai pas cela mais comme la croissance missionnaire du XIXe-XXe siècle s'est faite en régime de laïcité, je ne vois pas bien ce que ce brave Syllabus vient faire dans notre débat.

Vous allez très loin dans votre conclusion qui joue sur la référence à Ozanam dans un sens bien différent de ce que ce dernier suggérait qui était social. Le mot "valeurs", que mettez-vous dedans ? Dans le contexte d'une rencontre entre l'Église romaine et les religions non chrétiennes, le mot "valeurs" est lourd d'ambiguïtés même si le texte de Vatican II l'emploie : comment une "valeur" religieuse pourrait être sans lien avec "l'essentiel" comme vous l'écrivez ? L'Église ne prétend pas vouloir faire un compromis avec des "valeurs" qui lui seraient étrangères, ce serait là tomber dans le syncrétisme, ce que Benoît XVI et ses prédécesseurs récusent. La lettre de Nostra aetate énonce (article 2) : "L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes."

Le rayon de vérité renvoie à ce qui est vrai et saint défini en fonction de ce que l'Église tient pour vrai et saint. Ce que la mise en oeuvre du texte de Vatican II a souvent eu tendance à rejeter dans l'ombre, c'est tout le reste qui est faux et plus ou moins gravement peccamineux.

Dans la question "mondaine" de la paix, si on en reste à ce niveau sans aller jusqu'aux causes profondes comme le faisait Benoît XV en 1914 du point de vue catholique qui demeure à mon sens inchangé, il reste à déterminer ce que les grandes (ou moyennes) religions peuvent apporter. Les faire converger sur cet objectif apparemment commun n'a rien de simple ni d'assuré. Je constate, comme tous les observateurs et spécialistes, que jamais depuis l'implantation de l'islam au Moyen Orient la situation des chrétiens n'y a été plus critique et précaire, au point que plusieurs études prévoient leur disparition dans un avenir pas très lointain de ces pays. Est-ce là le "fruit" de Nostra aetate ? Certes non mais force est de constater, comme je l'écrivais, les limites très étroites des "acquis" du dialogue interreligieux. De même, hors christianisme, le dialogue judéo-islamique pour la paix au Proche-Orient, peut-on me dire en quoi cela consiste et quels en sont les fruits ?
Où sont les fruits d'Assise I et II ? Je peine à les discerner, je n'ai aucun mal en revanche à constater le brouillard épais dans les esprits - relativistes d'emblée - en Occident qui tendent à ériger Assise en ONU des religions et à concevoir une liturgie/prière pour le coup syncrétiste.
Si Benoît XVI entend dissiper cette brume dense et nuisible soit, en ce sens seulement Assise III apporterait quelque chose. Mais veut-on le faire ? Peut-on le faire avec une rencontre de ce type ?