à mon sens tient à ce que les Pères grecs, desquels indéniablement se réclament les orthodoxes, bien que n'ignorant pas que leurs frères dans la foi d'Occident confessaient expressément la doctrine de la double procession, ne les ont jamais taxés d'hérésie, eux qui pourtant ne faisaient pas dans la dentelle quand venait le temps de dénoncer des erreurs doctrinales. Les disciples n'ont pas eu le même discernement que les maîtres, et pour cause. Du reste, les continuateurs de Photius et de Michel Cérulaire n'auront pas été les derniers à tordre le sens des mots et à nier les évidences; c'est ce qu'admettent implicitement des évêques comme les futurs cardinaux et légats pontificaux Bessarion et Isidore de Kiev au concile de Florence-Ferrare.

L'on remarquera que la première accusation d'hérésie pour cause de Filioque apparaît au temps de Pépin le Bref, c'est à dire à l'époque où Byzance, sérieusement ammenuisée par les conquêtes arabes à l'est et en Afrique du Nord, craint l'émergence de pouvoir politiques, d'États chrétiens forts et durables dans la Chrétienté de l'ouest, pouvoirs à même de contester la suprématie de l'Empereur siègeant à Constantinople, crainte qu'allait confirmer l'accession de Charlemagne aux honneurs de la pourpre impériale une génération plus tard.

Il n'est pas moins instructif de noter que les premières inclusions explicites du Filioque dans le Credo eurent lieux en Espagne où la monarchie wisigothe, jusqu'alors arienne, venait d'embrasser la Foi catholique. En effet, la pleine reconnaissance de ce que le St-Esprit procède du Père et du Fils contrebas efficacement les relents d'arianisme ou de crypto-arianisme, cette hérésie qui nie la pleine divinité du Christ. Comme nous pouvons le constater de nos jours, les barrages contre elles sont toujours d'actualité.

In Christo,

PGM