Cher Ennemond, vous m'attribuez, par internaute interposée, du ressentiment ou une tentation de céder au ressentiment. Je sais que Nietzsche fait du ressentiment un sentiment typiquement sacerdotal (c'est dans l'Antéchrist, lorsqu'il parle de saint Paul). Mais je voudrais, une fois n'est pas coutume, ouvrir mon coeur pour vous dire que cette tentation du ressentiment, je ne la connais pas et j'aurais moins de raison encore aujourd'hui qu'hier de la connaître vis-à-vis de Mgr Fellay et de la FSSPX. J'ai la conviction d'avoir été régularisé juste à temps. Et j'ai peur, étant donné la lettre du pape, qu'une telle régularisation n'advienne jamais pour la FSSPX, avec tous les risques de dérives que cela implique. La dernière intervention de l'abbé de Cacqueray montre bien que lui non plus n'y croit plus, au moins comme il dit "à vue humaine", même s'il affiche une espérance surnaturelle. Ce que j'éprouve donc, ce n'est pas du ressentiment, c'est de l'inquiétude. La lettre du pape n'est pas une admonestation à Mgr Fellay. C'est un tournant dans son pontificat : la parenthèse Castrillon est fermée. Retour au "wojtylisme", c'est-à-dire fin du "libéralisme généreux" et retour au Concile comme norme obligatoire. Oui, cela m'inquiète... Pour moi, il y a une occasion manquée et Dieu seul sait si elle se représentera.

Quant à l'affaire Williamson, qui se trouve récupérée de toutes part, elle aura eu pour principal effet de donner le branle à une campagne mondiale contre Benoît XVI. Il me semble qu'il n'y avait pas lieu de prendre son parti ou de le cautionner, quelle qu'ait été son attitude en 2004 (là dessus, j'aurais personnellement beaucoup à dire et je me tairai). Lorsqu'on a une mission magnifique (l'exaltation et l'illustration des formes authentiques de la Tradition de l'Eglise), on n'a pas le droit de produire des interférences inadmissibles en elles-mêmes et aussi nocives au bien commun comme on l'observe aujourd'hui.

Sur l'Affaire de Recife, je crois deux choses, comme j'essaie de le dire au long sur mon Blog. Premièrement, pour reprendre un langage nietzschéen, puisque vous en donnez l'exemple, il ne faut pas confondre la moraline occidentale et le christianisme réel. Deuxièmement, et je ne l'avais pas dit dans mon premier post, ce qui était malheureux : dans le cas de Mgr de Recife, la diabolisation est patente et doit être dénoncée.