Je dis juste que d'un point de vue strictement politique la force des catholiques traditionalistes ne représente pratiquement rien.

Après, bien sûr, il peut y avoir la force de la prière, mais on la voit rarement s'exprimer dans les urnes.

Je ne fais pas de parallèle entre l'Église et la République. Je dis, comme vous l'avez très bien noté, que les relations entre nos Rois et l'Église furent des relations de pouvoir, l'un cherchant toujours à prendre pied sur l'autre. Toute relation de pouvoir contient forcément une certaine dose de machiavélisme, c'est évident. Ce ne fut d'ailleurs pas le seul problème du Roi de France que d'avoir une mainmise sur le pouvoir religieux (c'est quand même bien cela, le gallicanisme, non ?), toutes les monarchies européennes ayant plus ou moins connues ce problème, chacune se revendiquant plus catholique que la voisine. Il n'y a qu'au XIIIème siècle, pendant un laps de temps très court, celui des Croisades, que nos têtes couronnées se sont reconnues dans une vocation commune de Chrétienté, en se battant pour la libération de la Terre sainte. Après, les antagonismes ont repris...

Mais il y a quand même quelque chose de remarquable dans la monarchie capétienne, c'est qu'elle n'a jamais été embarquée dans un ensemble européen plus vaste qu'elle (je retiens cela de Bainville). L'exemple que j'ai pris de François Ier - qui allait à la messe tous les jours - donnant sa bague au Grand Turc est tout de même remarquable ; il tient à la géopolitique, en fait. Il y a, il me semble, une force de résistance à l'étranger qui est tout à fait propre à la France. Force qui demande de prendre en compte, parfois, des intérêts qui ne sont pas forcément "catholiques".

Pour moi, le vrai fédérateur, en l'absence du Roi, c'est la nation, le "plus vaste des cercles communautaires possibles", comme disait Charles. Pour ce qui concerne la question des 4 États confédérés, je ne vous cacherai pas que, pour moi, ce n'est pas une question d'actualité. Du temps de Maurras, ces 4 États désignaient bien entendu le personnel de la IIIème République. Où pouvait-elle recruter cette IIIème République si ce n'est chez des gens proches des "libres-penseurs" ? Contrairement à ce que vous semblez penser, le ralliement à la démocratie fut quand même bien plus long qu'on ne le croit, et ceci grâce à l'AF. Aujourd'hui, les choses sont plus complexes. La mondialisation n'est pas le seul produit des "mondialistes" ; il y a aussi des questions techniques qu'il faut considérer.

Plus prosaïquement, j'ai acquis avec l'expérience une certaine méfiance vis-à-vis de cette vision des choses très simplificatrice et qui a une fâcheuse tendance à tourner à l'obsession chez certains tradis. Pour tout dire, je ne colle pas au thème du "Complot". Et tant pis si cela ne plaît pas.

Ce qui ne veut pas dire que je ne crois pas qu'il n'existe des réseaux d'influence, des oligarchies financières, des "lobbies" (y compris catholiques !).

La politique est complexe ; il faut oeuvrer avec prudence, surtout sur ces questions-là.

On pourra difficilement faire d'un Protestant un bon catholique. Mais un bon Français, je l'espère.

Maurras, ce qui l'embêtait, c'était un peu la même chose que nos Rois, c'est-à-dire qu'il existe un État dans l'État.

Des "libres penseurs" se sont battus courageusement avec des catholiques contre les Boches pendant la 1ère Guerre Mondiale. En temps de guerre, il faut défendre l'Union sacrée. Maurras, et vous le savez, a soutenu Poincarré en 1914, au nom du compromis national. Tout comme il fit de même avec le Maréchal Pétain, et pour les mêmes raisons (qui n'étaient donc pas seulement idéologiques !). "Unité nationale d'abord !", écrivait-il à l'encontre des "gaullistes".

Des musulmans ont aussi combattu pour la France et contre la "guerre révolutionnaire" menée par le FLN en Algérie, avec des Juifs et des Chrétiens, pour défendre à tout prix leur terre nourricière, une terre Française. Ce sont pour moi et sans aucun doute des Français à part entière. Relisez le petit texte du Bachaga que j'ai mis en ligne sur ce forum.

Si l'on ne croit pas que la nation puisse fédérer des diversités culturelles, vous savez ce que l'on risque : la guerre civile, le "plus grand des maux" comme disait Pascal.