...qu’on peut constater entre les indiens d’Amérique latine et ceux d’Amérique du Nord ne serait-elle pas due, pour une large part, à l’influence du catholicisme ? Voilà le sens de la question que je vous posais, cher Origenius.

On pourrait même la prolonger en comparant le cas du Brésil, gouverné par les portugais, à celui des autres pays d’Amérique latine, gouvernés par les espagnols : tout n’est certes pas “blanc” chez les espagnols, et “noir” chez les autres, mais dans l’ensemble, c’est encore l’Espagne qui l’emporte sur le plan de la civilisation, et apparemment pour le même motif : l’influence de la religion catholique y était nettement plus forte que partout ailleurs.

J’ai déjà cité Cecil Roth, historien anglais d’origine juive – et pour ce double motif, peu suspect de complaisance envers l’inquisition espagnole – qui attribue à celle-ci le mérite d’avoir épargné à son pays les “chasses aux sorcières” :

La sorcellerie ressortissait également au domaine de celle-ci ; mais, sous son influence modératrice, l’Espagne resta le seul pays d’Europe où la persécution de prétendues sorcières aux XVIIe et XVIIIe siècles n’eut jamais cours. Sous ce rapport, l’Espagne sort avec avantage de la comparaison avec l’Angleterre et l’Amérique du Nord ; et on ne saurait sous-estimer la dette qu’elle en a contractée à l’égard du Saint-Office.

V.