Cinq mois. Cinq mois désormais que la crise sans précédent de la FSSPX envahit la Toile, occupe les esprits, désoriente les lefebvristes, comble de joie les conciliaires, les Ecclesia Dei, les guérardiens et les sédévacantistes, tous opposés pour des raisons diverses à l'organisation écônienne et ayant eu maille à partir avec elle. On imagine aisément que les évêques conciliaires doivent s'injecter des intraveineuses de champagne devant une telle débâcle. Et tous les ennemis de la FSSPX, tant à sa gauche qu'à sa droite, peuvent s'exclamer, peut-être de manière prématurée et fort peu charitable (mais il faut les comprendre) : "morte la bête, mort le venin"!
Rien en effet ne semble devoir interrompre ou freiner un pourrissement accéléré de la FSSPX et de ses pseudopodes.
Au risque de me répéter, les comparaisons avec la crise FN/MNR de 1998-1999 sont frappantes. Les laguéro-tanoüarniens appellent à l'arrêt des hostilités, à la levée des sanctions, à la cessation de la purge, l'abbé Daniel vd rêve tout haut d'une réconciliation générale, implore des autorités suresnienne et menzingenienne de la FSSPX un geste de clémence, un zest de miséricorde. Mais rien ne vient, sinon toujours plus de sanctions dans les actes et de froideur dans l'expression. Les mégretistes, dans les semaines qui ont précédé puis qui ont suivi le fameux conseil national du 5 décembre 1998 à la maison de la chimie (endroit rêvé pour une implosion, non?)appelaient également à l'arrêt des purges, exigeant la réintégration des militants et dirigeants exclus ou suspendus et Mégret disait devant les caméras de télévision dès le 9 décembre après-midi que toutes les sanctions prises par Le Pen étaient nulles et sans objet. De même qu'aujourd'hui les abbés Laguérie et Héry contestent la valeur juridique et administrative de leur exclusion de la FSSPX et se considèrent toujours comme membres à part entière de cette société sacerdotale. A noter qu'à l'époque le bimensuel Monde et vie alors dirigé par Claude Giraud avait pris fait et cause pour les "mutins" appelant à l'unité (alors qu'à l'évidence il était trop tard et la division irréversible) tout comme le décadaire de Serge de Beketch, Le Libre journal de la France courtoise, qui jusqu'à l'automne 2002, ne cela pas ses préférences pour le ci-devant maire-consort de Vitrolles. Or, il est amusant de constater que cette fois-ci encore ces organes penchent très nettement du côté de la "dissidence". SDB dont le coeur est acquis d'avance à toutes les dissidences et divisions (il aime le sport!) aura un stand au congrès du 6 février, lequel congrès est pourtant officiellement frappé d'interdit par la FSSPX. Olivier Pichon, directeur de Monde et Vie (exclu de la procure de Saint-Nicolas) sera également présent à cette réunion, ainsi que son collaborateur Yves Amiot, par ailleurs président de Sensus Fidei.
L'analyse vaut également pour le quotidien Présent. Lequel, par l'intermédiaire de son directeur Jean Madiran, avait manifesté, au moment de la scission de 1998, une tendresse particulière pour Bruno et Catherine Mégret (mais sans l'avouer clairement, comme dix ans plus tôt, le numéro de septembre-octobre 1988 du mensuel Itinéraires sur les sacres de Mgr Lefebvre que Madiran désapprouvait mais sans le dire explicitement). Or, début septembre 2004, à l'orée de la crise de la FSSPX, Jean Madiran a témoigné une sympathie toute particulière à l'abbé Laguérie (rappelons-nous son article titré "Ah, ces têtes qui dépassent"). Il est frappant de constater qu'à sept ans d'écart les mêmes réflexes jouent. A l'inverse, l'hebdomadaire Rivarol qui avait déjà observé une stricte neutralité dans la scission FN-MNR maintient la même position dans la crise de la FSSPX comme en témoigne notamment l'article du 10 septembre du juvénile, imbuvable et prétentieux Jérôme Bourbon.
Pour en revenir à la crise de la FSSPX elle-même, il est permis de s'étonner que les autorités de cette société aient fait le choix d'une guerre d'usure, d'une guerre des nerfs qui se révèle l'option la plus calamiteuse pour la pérennité de ce mouvement. En effet, Suresnes et Menzingen pouvaient, soit pardonner l'offense et jouer au Cinna de Corneille (c'était humainement difficile mais cela sauvait, provisoirement au moins, la FSSPX), soit mener une guerre-éclair, une Blitzkrieg qui aurait été douloureuse à court terme mais qui aurait évité le pourrissement actuel, bien plus dévastateur. Cette guerre totale, c'est le choix gagnant que fit De Gaulle face à l'OAS (il faut les mettre à bas "par tous les moyens, je dis bien tous les moyens", avait expliqué le chef de l'Etat à ses ministres) et Le Pen face à Mégret. Je me souviendrais toujours de cette scène stupéfiante où le président du Front national, dans une conférence de presse martiale le 11 décembre 1998, s'exclamait, le menton haut et le verbe clair : "Je n'abandonnerai pas la barre du navire à une poignée de lieutenants et de quartiers maîtres félons. Fort d'une autorité qu'eux-mêmes, en public feignent encore aujourd'hui de reconnaître au Président, j'ai décidé de les sanctionner en frappant la conjuration à la tête" Avouez que c'est autre chose que du Fellay ou du Cacqueray! Ca cogne!
Et en effet soit l'on fait la paix, soit l'on fait la guerre, mais les demi-mesures sont toujours suicidaires. Comme l'avait dit le fondateur du FN, "j'ai beaucoup de compassion pour Louis XVI mais à sa place j'aurais donné l'ordre à mes gardes de tirer sur la canaille, ce qui aurait évité les millions de morts des guerres de la Révolution et de l'Empire".
A la vérité, et je dis cela en observateur extérieur essayant d'être objectif et de prendre du recul, il semble que la direction de la FSSPX ait choisi des trois solutions (le pardon général, la guerre-éclair, la guerre d'usure) la pire : une guerre qui ne dit pas son nom, un conflit dont on ne comprend pas bien les tenants et aboutissants et au total une perte de confiance et de crédit qu'il sera humainement impossible de combler.
C'est d'abord à ses chefs que l'on reconnaît la qualité d'une organisation, la droiture d'une ligne, la fermeté d'un idéal, la justesse d'une cause, la pérennité d'une oeuvre. A cet égard, il est permis d'être très sévère sur la FSSPX et ses actuels dirigeants.


Petrus qui est de retour sur le FC pour le plus grand plaisir, j'en suis convaincu, de Justin, de Mathusalem, de JEDG, d'Emmanuel, de Florilège, de Fontenay, de Rasta, d'Eti Lène. J'arrête là, il faudrait quasiment les citer tous.
Mais mes meilleurs voeux à tous quand même et, comme disait Lucien Jeunesse dans Le Jeu des mille francs sur France Inter: "A demain, si vous le voulez bien"!
Dans le prochain épisode du petit Petrus illustré, l'on s'interrogera sur les causes lointaines de la crise actuelle de la FSSPX. Et tout cela pour le prix d'un kilo de débouche-évier! Comme dit la pub pour les chaussures Eram, il faudrait être fou pour dépenser plus!
Petrus.