Je ne crois pas qu'il y ait un désintérêt pour une nomination aussi sensible, à un dicastère.

Les paramètres possibles pourraient être :
- un Brésilien est parti (Hummes) un autre doit donc arriver, compte tenu du poids de ce pays dans l'Église

- sachant que c'est une Église locale très atteinte par toute une série de déviations, en particulier les dérives liées à la théologie de la Libération, il y a recherche d'un prélat de type wojtylien flou qui est ce que l'Église brésilienne peut offrir de mieux en l'état même si on est en décalage assez net avec le discours du 22 décembre 2005. Le nouveau préfet est connu pour être défavorable à la liturgie traditionnelle, ce qui est banal dans son pays hélas.

- enfin le secteur des réguliers et religieuses est un secteur en crise majeure, bien plus que le clergé séculier. Le pape peut-il raisonnablement attendre un sursaut des grands ordres ? Pensons aux jésuites avec leur Général Nicolà et la réponse devient évidente...
Alors Benoît XVI fait comme Jean-Paul II et espère dans les communautés nouvelles d'où le profil de Mgr Braz.
Il n'est pas impossible aussi que devant l'échec patent de la tentative (désespérée vues les années de laissez-aller) de ramener à la pleine communion en vérité les congrégations féminines américaines, le pape ait opté pour un préfet de "consensus" qui n'ira pas trop ennuyer les étranges soeurs américaines sécularisées. C'est une idée de D. Hamiche qui me semble plausible.

Mais il est clair que ce choix penche plus vers la temporisation, l'entretien du statu quo sans volonté de changement. Le renoncement surprise à désigner le cardinal Pell était déjà un signe, la promotion de Mgr Fisichella à un dicastère des plus éthérés, l'absence de nouvelle impulsion quant aux nominations épiscopales ouest-européennes, autant d'autres signes identiques. Le désaveu "sec", sans intervention pour assurer le bien des fidèles, de l'abbé Michel va dans le même sens : c'est un signal adressé au "jeune" clergé européen. L'annonce d'Assise III s'inscrit dans un ensemble où l'on peut voir un désir du pape de maintenir une voie "moyenne" clairement wojtylienne, en deçà des orientations "ratzinguériennes" antérieures.

nb. je ne sais Aigle où vous avez vu que Pie XII, curialiste expérimenté s'il en fut, ait pu "ne pas surveiller de près" la Curie. C'est quasiment tout l'inverse. Rappelons qu'il n'a pas eu de secrétaire d'État en titre après 1944 même s'il avait des collaborateurs proches (Tardini et Montini).