"le catholicisme est devenu, en quelque sorte, décoratif, paysager"
Maïe -  2011-03-22 10:27:18

"le catholicisme est devenu, en quelque sorte, décoratif, paysager"

-+IHS+-
C'est le titre d'un livre écrit par une douzaine d'universitaires qui sort en ce moment. Les auteurs notent que si "le fidèle moyen a du mal à voir son prêtre. Pour autant, les catholiques restent nombreux: difficile de trouver une autre organisation regroupant autant de monde." Cependant " la plupart des Bretons vouent une attention esthétique particulière aux vieilles pierres... le catholicisme est devenu, en quelque sorte, décoratif, paysager"...

Catholicisme breton. La fin d'un siècle d'or De 1850 à 1950, le catholicisme était étroitement lié à la culture bretonne. Qu'en est-il aujourd'hui? Des éléments de réponse sont apportés dans «Requiem pour le catholicisme breton?», écrit par une douzaine d'universitaires. Un ouvrage au titre volontairement provocateur. «Requiem pour le catholicisme breton?». Le titre semble volontairement provocateur. Assiste-t-on au déclin inexorable du catholicisme breton? Non. Mais beaucoup de choses ont changé depuis une cinquantaine d'années. Le catholicisme, par exemple, ne couvre plus l'espace géographique comme avant. De 1850 à 1950, période que nous considérons comme son âge d'or, la pratique religieuse très forte était liée à un clergé omniprésent. Mieux, l'Église bretonne essaimait à travers le monde par la formation de très nombreux missionnaires. À présent, les rangs des jeunes séminaristes sont clairsemés et les évêques doivent procéder à des recompositions de paroisses. La pyramide des âges des religieux est une réalité. Et le fidèle moyen a du mal à voir son prêtre. Il y a encore quelques années, ce dernier faisait partie intégrante du paysage social. Ce temps est révolu. Pour autant, les catholiques restent nombreux: difficile de trouver une autre organisation regroupant autant de monde. Vous parlez de présence esthétique du catholicisme en Bretagne. Pourquoi? Il n'existe plus d'hostilité envers l'Église. Et la plupart des Bretons vouent une attention esthétique particulière aux vieilles pierres. Avec ses monuments, le catholicisme est devenu, en quelque sorte, décoratif, paysager. Comment voyez-vous l'avenir du catholicisme en Bretagne? Pas si mal que cela. Mais sous une autre forme. Je pense qu'il est désormais le fruit d'un choix plus personnel qu'avant. En tout cas, il n'est plus de l'ordre de l'évidence. On assiste aussi, et c'est très intéressant, à une reprise de la pratique dans les villes où la vie est plus stressante. Où beaucoup d'hommes et de femmes sont en quête du spirituel. Concernant la structure, on va assister davantage à une «tribalisation afinitaire» des catholiques bretons. Avec la formation de groupes très différents les uns des autres. Certains prônant davantage la prière, les autres l'action. Avant, tous se retrouvaient le dimanche à l'église, unis autour du même autel. C'est fini. À présent, ce sont les évêques qui ont la lourde charge de maintenir la cohésion de cette communauté. Les catholiques bretons sont-ils frappés d'une forme de léthargie? Non. Ils sont plutôt dynamiques. Et épousent volontiers les évolutions de la société. Les sites internet, par exemple, sont très riches et très réactifs. Ils participent pleinement à la vie du réseau. C'est le cas aussi des laïcs bénévoles dans les ensembles paroissiaux. Et des diacres qui sont de plus en plus nombreux. Ont participé à l'écriture de «Requiem pour le catholicisme breton?»: Jean-Christophe Cassard, Yann Celton, Marie-Thérèse Cloître, Louis Elégoët, Samuel Gicquel, Laurent Laot, Béatrice Lebel, Frédéric Le Moigne, Kristell Loussouarn, Georges Provost, Hervé Queinnec et André Rousseau. 294 pages, 20euros en librairie. Ou par correspondance: 02.98.01.63.31. * Propos recueillis par Didier Déniel.