«Écoutez-le sans hésitation, car il est, lui vérité et vie» (Dimanche : bréviaire)
Alexandre -  2011-03-20 01:17:15

«Écoutez-le sans hésitation, car il est, lui vérité et vie» (Dimanche : bréviaire)

La Transfiguration, par Raphaël (exécutée en 1518-1520) Dimanche 20 Mars 2011 DEUXIÈME DIMANCHE DE CARÊME I. BRÉVIAIRE ROMAIN (1568-1960) Rébecca et Jacob Premier Nocturne Du livre de la Genèse (ch. 27) 1. (vv. 1-10) Isaac était devenu vieux et ses yeux avaient faibli jusqu’à ne plus voir. Il appela son fils aîné Ésaü: «Mon fils!» lui- dit-il, et celui-ci répondit: «Me voici!» Il reprit: «Tu vois, je suis vieux et je ne connais pas le jour de ma mort. Maintenant, prends tes armes, ton carquois et ton arc, sors dans la campagne et tue-moi une pièce de gibier. Prépare un plat savoureux comme je les aime et apporte-le-moi, que je mange, afin que mon âme te bénisse avant que je meure.» – Or Rébecca écoutait pendant qu’Isaac parlait à son fils Ésaü –. Ésaü alla donc dans la campagne chasser du gibier pour son père. Rébecca dit à son fils Jacob: «J’ai entendu ton père parler à ton frère Ésaü et lui dire: ‘Apporte-moi du gibier, et prépare un plat savoureux. J’en mangerai et je te bénirai devant Dieu avant ma mort’. Maintenant, mon fils, écoute-moi et fais comme je te l’ordonne. Va donc au troupeau et rapporte-moi deux beaux chevreaux. J’en ferai un plat savoureux, comme ton père les aime. Tu l’apporteras à ton père, et il en mangera; alors il te bénira avant sa mort.» 2. (vv. 11-20) Jacob dit à Rébecca, sa mère: «Tu sais que mon frère Ésaü est un homme velu, tandis que ma peau est douce. Peut-être mon père me touchera-t-il! Il verra que je me suis moqué de lui, et j’attirerai sur moi la malédiction au lieu de la bénédiction!» Mais la mère de Jacob lui répondit: «Ta malédiction serait sur moi, mon fils! Écoute-moi seulement, va, et apporte ce que j’ai dit.» Il s’en alla donc prendre les chevreaux et les apporta à sa mère qui en fit un plat savoureux, comme l’aimait son père. Puis Rébecca prit les habits d’Ésaü, son fils, les plus beaux qu’elle avait à la maison, et en revêtit Jacob, son fils cadet. Avec la peau des chevreaux, elle lui couvrit les mains la partie lisse du cou. Elle mit ensuite dans les mains de Jacob, son fils, le plat et le pain qu’elle avait préparés. Il vint donc près de son père et dit: «Mon père.» Celui-ci répondit: «Je suis là! Qui es-tu, mon fils?» Jacob dit à son père: «Je suis Ésaü, ton premier-né; j’ai fait ce que tu m’avais dit. Lève-toi, je te prie, assieds-toi, et mange de mon gibier afin que toi, tu me bénisses.» Isaac dit à son fils: «Comme tu as trouvé vite!» Il répondit: «C’est que le Seigneur, ton Dieu, a fait venir le gibier devant moi.» 3. (vv. 21-29) Isaac dit à Jacob: «Approche donc, mon fils, que je te touche, pour savoir si, oui ou non, tu es mon fils Ésaü!» Jacob s’approcha d’Isaac, son père. Celui-ci le palpa et dit: «La voix est la voix de Jacob, mais les mains sont les mains d’Ésaü!» Il ne le reconnut pas, car ses mains étaient velues comme celles de son frère Ésaü, et il le bénit. Puis il dit: «C’est bien toi mon fils Ésaü?» Jacob répondit: «C’est moi.» Isaac reprit: «Apporte, et que je mange du gibier de mon fils, afin que moi, je te bénisse.» Il le servit, et il mangea. Puis il lui présenta du vin, et il but. Isaac son père lui dit: «Approche, mon fils, et embrasse-moi.» Il s’approcha et l’embrassa. Isaac respira l’odeur de ses vêtements et le bénit en disant: «Voici que l’odeur de mon fils est comme l’odeur d’un champ que le Seigneur a béni. Que Dieu te donne la rosée des cieux et la fertilité de la terre, froment et vin en abondance! Que les nations te servent, que les peuples se prosternent devant toi. Sois le maître de tes frères, et que les fils de ta mère se prosternent devant toi. Maudit soit qui te maudira, béni soit qui te bénira!» Le vieil Isaac bénit Jacob. Deuxième Nocturne Du livre de saint Augustin, évêque, contre le Mensonge (10, 24: PL 40, 533-535) 4. Ce que fit Jacob, sous l’influence maternelle, de façon à paraître tromper son père, se révèle, au regard attentif de la foi diligente, non pas comme un mensonge, mais comme un mystère. Si nous disons: «Mensonges que tout cela», alors, toutes les paraboles, toutes ces figures pour exprimer n’importe quelles réalités qui ne sont pas à prendre au pied de la lettre, mais qui veulent faire comprendre une chose par une autre, seront aussi des mensonges? Ah! non, vraiment, non! Celui qui pense ainsi va-t-il étendre cette calomnie à toutes les locutions figurées qui sont tellement nombreuses? Il en est une qui porte le nom même de métaphore, c’est-à-dire «emprunt d’un terme propre à une chose pour le transférer à une autre à laquelle il n’appartient pas en propre». Alors, pourrait-on, à ce compte, parler de mensonge? 5. Ce qui est signifié, voilà certes ce qui est dit. Telles paroles sont jugées mensonges parce que la vraie signification n’en est pas comprise parce que l’on croit dites des choses fausses. Pour que ceci devienne plus clair par des exemples, prête attention à l’action même de Jacob. Certes, il couvre ses membres de peaux de chevreau. Si nous recherchons le motif immédiat, nous penserons: il a menti. Il agit ainsi afin d’être pris pour celui qu’il n’est pas. Mais si ce fait est rapporté à cette signification figurée qui est la cause même de son accomplissement alors, les peaux de chevreau représentent les péchés, et celui qui s’en est recouvert est la figure de celui-là même qui a porté, non ses péchés, mais ceux des autres. 6. En aucune façon, la signification vraie ne peut donc être dite mensonge. Il en est ainsi pour l’action, ainsi de même pour les paroles. Car lorsque son père lui demanda: «Qui es-tu, mon fils?» celui-ci répondit: «Je suis Ésaü, ton premier-né.» Si nous rapportons ceci à ces deux jumeaux, il semblera qu’il y ait mensonge, si au contraire, nous les rapportons à cette réalité en vue de laquelle ces paroles et ces gestes figuratifs ont été consignés par écrit, c’est lui qu’il faut comprendre ici, dans son corps qui est son Église, lui qui a dit, en parlant de cet événement: «Vous verrez Abraham, Isaac, Jacob et tous les prophètes dans le Royaume de Dieu, tandis que vous-mêmes serez jetés dehors...» et «L’on viendra du levant et du couchant du nord et du midi, prendre place au festin dans le Royaume de Dieu. Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers» (Lc 13, 28-30). C’est ainsi que le frère plus jeune d’une certaine manière a enlevé à son aîné la priorité et en a transféré les droits sur lui-même. Troisième Nocturne La Transfiguration, par le Bx Angelico de Fiesole († 1455) Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu (17, 1-9) 7. En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques, et Jean son frère, et il les emmena à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux: son visage resplendit comme le soleil, ses vêtements devinrent blancs comme la neige. Et voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. Pierre, alors, prenant la parole, dit à Jésus: «Seigneur, quel bonheur pour nous d’être ici! Si tu veux, faisons ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie.» Il parlait encore, qu’une nuée lumineuse les prit sous son ombre; et voici que, de la nuée, une voix disait: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis ma complaisance, écoutez-le.» En entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre, et ils furent pris d’un grand effroi. Alors Jésus s’approcha, il les toucha et dit: «Relevez-vous, ne vous effrayez pas.» Et levant les yeux, ils ne virent plus personne, que Jésus seul. En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre: «Ne parlez à personne de cette vision avant que le Fils de l’homme ressuscite d’entre les morts.» Homélie de saint Léon, pape (Sermon 38 [51], 2.6-7: SC 74, 16-17.19-20) «Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère» et, ayant gravi avec eux une haute montagne, à l’écart, il leur manifesta l’éclat de sa gloire. Car ils avaient certes reconnu en lui la majesté de Dieu, mais ils ignoraient encore la puissance détenue par ce corps qui cachait la divinité. Et voilà pourquoi il avait promis en termes formels et précis que certains des disciples présents «ne goûteraient pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venir dans son royaume», c’est-à-dire avec l’éclat royal qui convenait spécialement à la nature humaine assumée et qu’il voulut rendre visible à ces trois hommes. Car, pour ce qui est de la vision ineffable et inaccessible de la Divinité elle-même, - vision réservée aux purs de cœur, pour la vie éternelle, - des êtres encore revêtus d’une chair mortelle ne pouvaient en aucune façon la contempler ni même la voir. 8. Lorsque le Père dit: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je me complais, écoutez-le», n’entendit-on pas clairement: «Celui-ci est mon Fils» pour qui être de moi et être avec moi est une réalité qui échappe au temps? Car ni celui qui engendre n’est antérieur à l’engendré, ni l’engendré n’est postérieur à celui qui l’engendre. «Celui-ci est mon Fils»: de moi ne le sépare pas la divinité, ne le divise pas la puissance, ne le distingue pas l’éternité. «Celui-ci est mon Fils», non adoptif, mais propre, non créé d’ailleurs, mais engendré de moi, non d’une autre nature et rendu comparable à moi, mais né de mon essence, égal à moi. «Celui-ci est mon Fils», «par qui tout a été fait et sans qui rien n’a été fait» (Jn 1, 3); tout ce que je fais, il le fait pareillement, et tout ce que j’opère, il l’opère avec moi inséparablement et sans différence. 9. «Celui-ci est mon Fils» qui ne convoita pas de ravir le rang qui l’égalait à moi et ne s’en est pas emparé par usurpation; mais demeurant dans la condition de ma gloire pour exécuter notre commun dessein de réparer la race humaine il abaissa jusqu’à la condition d’esclave l’immuable divinité (cf. Ph 2, 6-7). Celui-ci en qui je prends pour tout ma complaisance, dont la prédication me manifeste, dont l’humilité me glorifie, écoutez-le sans hésitation, car il est, lui vérité et vie, il est ma puissance et ma sagesse. II. BRÉVIAIRE ROMAIN (1961) Au Nocturne Du livre de la Genèse (ch. 27) 1. (vv. 1-10) Isaac était devenu vieux et ses yeux avaient faibli jusqu’à ne plus voir. Il appela son fils aîné Ésaü: «Mon fils!» lui- dit-il, et celui-ci répondit: «Me voici!» Il reprit: «Tu vois, je suis vieux et je ne connais pas le jour de ma mort. Maintenant, prends tes armes, ton carquois et ton arc, sors dans la campagne et tue-moi une pièce de gibier. Prépare un plat savoureux comme je les aime et apporte-le-moi, que je mange, afin que mon âme te bénisse avant que je meure.» – Or Rébecca écoutait pendant qu’Isaac parlait à son fils Ésaü –. Ésaü alla donc dans la campagne chasser du gibier pour son père. Rébecca dit à son fils Jacob: «J’ai entendu ton père parler à ton frère Ésaü et lui dire: ‘Apporte-moi du gibier, et prépare un plat savoureux. J’en mangerai et je te bénirai devant Dieu avant ma mort’. Maintenant, mon fils, écoute-moi et fais comme je te l’ordonne. Va donc au troupeau et rapporte-moi deux beaux chevreaux. J’en ferai un plat savoureux, comme ton père les aime. Tu l’apporteras à ton père, et il en mangera; alors il te bénira avant sa mort.» 2. (vv. 11-29) Jacob dit à Rébecca, sa mère: «Tu sais que mon frère Ésaü est un homme velu, tandis que ma peau est douce. Peut-être mon père me touchera-t-il! Il verra que je me suis moqué de lui, et j’attirerai sur moi la malédiction au lieu de la bénédiction!» Mais la mère de Jacob lui répondit: «Ta malédiction serait sur moi, mon fils! Écoute-moi seulement, va, et apporte ce que j’ai dit.» Il s’en alla donc prendre les chevreaux et les apporta à sa mère qui en fit un plat savoureux, comme l’aimait son père. Puis Rébecca prit les habits d’Ésaü, son fils, les plus beaux qu’elle avait à la maison, et en revêtit Jacob, son fils cadet. Avec la peau des chevreaux, elle lui couvrit les mains la partie lisse du cou. Elle mit ensuite dans les mains de Jacob, son fils, le plat et le pain qu’elle avait préparés. Il vint donc près de son père et dit: «Mon père.» Celui-ci répondit: «Je suis là! Qui es-tu, mon fils?» Jacob dit à son père: «Je suis Ésaü, ton premier-né; j’ai fait ce que tu m’avais dit. Lève-toi, je te prie, assieds-toi, et mange de mon gibier afin que toi, tu me bénisses.» Isaac dit à son fils: «Comme tu as trouvé vite!» Il répondit: «C’est que le Seigneur, ton Dieu, a fait venir le gibier devant moi.» Isaac dit à Jacob: «Approche donc, mon fils, que je te touche, pour savoir si, oui ou non, tu es mon fils Ésaü!» Jacob s’approcha d’Isaac, son père. Celui-ci le palpa et dit: «La voix est la voix de Jacob, mais les mains sont les mains d’Ésaü!» Il ne le reconnut pas, car ses mains étaient velues comme celles de son frère Ésaü, et il le bénit. Puis il dit: «C’est bien toi mon fils Ésaü?» Jacob répondit: «C’est moi.» Isaac reprit: «Apporte, et que je mange du gibier de mon fils, afin que moi, je te bénisse.» Il le servit, et il mangea. Puis il lui présenta du vin, et il but. Isaac son père lui dit: «Approche, mon fils, et embrasse-moi.» Il s’approcha et l’embrassa. Isaac respira l’odeur de ses vêtements et le bénit en disant: «Voici que l’odeur de mon fils est comme l’odeur d’un champ que le Seigneur a béni. Que Dieu te donne la rosée des cieux et la fertilité de la terre, froment et vin en abondance! Que les nations te servent, que les peuples se prosternent devant toi. Sois le maître de tes frères, et que les fils de ta mère se prosternent devant toi. Maudit soit qui te maudira, béni soit qui te bénira!» Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu (17, 1-9) 3. En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques, et Jean son frère, et il les emmena à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux: son visage resplendit comme le soleil, ses vêtements devinrent blancs comme la neige. Et voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. Pierre, alors, prenant la parole, dit à Jésus: «Seigneur, quel bonheur pour nous d’être ici! Si tu veux, faisons ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie.» Il parlait encore, qu’une nuée lumineuse les prit sous son ombre; et voici que, de la nuée, une voix disait: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis ma complaisance, écoutez-le.» En entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre, et ils furent pris d’un grand effroi. Alors Jésus s’approcha, il les toucha et dit: «Relevez-vous, ne vous effrayez pas.» Et levant les yeux, ils ne virent plus personne, que Jésus seul. En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre: «Ne parlez à personne de cette vision avant que le Fils de l’homme ressuscite d’entre les morts.» Homélie de saint Léon, pape (Sermon 51 [SC: 38], 2: SC 74, 16-17) «Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère» et, ayant gravi avec eux une haute montagne, à l’écart, il leur manifesta l’éclat de sa gloire. Car ils avaient certes reconnu en lui la majesté de Dieu, mais ils ignoraient encore la puissance détenue par ce corps qui cachait la divinité. Et voilà pourquoi il avait promis en termes formels et précis que certains des disciples présents «ne goûteraient pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venir dans son royaume», c’est-à-dire avec l’éclat royal qui convenait spécialement à la nature humaine assumée et qu’il voulut rendre visible à ces trois hommes. Car, pour ce qui est de la vision ineffable et inaccessible de la Divinité elle-même, - vision réservée aux purs de cœur, pour la vie éternelle, - des êtres encore revêtus d’une chair mortelle ne pouvaient en aucune façon la contempler ni même la voir. III. COMMENTAIRE DE L’ÉVANGILE DU MISSEL DE 1970-2002 La Liturgia Horarum, c’est-à-dire le nouveau bréviaire romain, ne donne pas de commentaire de l’évangile de chaque dimanche, contrairement à la tradition. Ce dimanche, la lecture est la même que dans la forme dite extraordinaire : Mt 17, 1-9. On se reportera donc à l’homélie donnée plus haut. Collecte Deus, qui nobis diléctum Fílium tuum audíre præcepísti, verbo tuo intérius nos páscere dignéris, ut, spiritáli purificáto intúitu, glóriæ tuæ lætémur aspéctu. Traduction (Don Hala, Solesmes) O Dieu, qui nous as commandé d'écouter ton Fils bien aimé, daigne nous nourrir intérieurement de ta Parole, pour que, lorsque notre sens spirituel sera purifié, nous puissions nous réjouir de la vision de ta gloire.