Reste la question de l'obéissance due à l'autorité légitime. Un évêque enseignant des erreurs perd-il automatiquement son autorité ? Quels sont les motifs de désobéissance légitimes reconnus par l'Eglise ? Si l'évêque ne vous demande pas de commettre un péché, pouvez-vous désobéir ?
Saint Célestin Ier a répondu en deux temps. Il a d’abord – Pie XI le rappelle dans son encyclique Lux veritatis – chargé saint Cyrille de transmettre ses instructions à Nestorius :Sache donc clairement, écrit-il à Nestorius, que Notre jugement est le suivant : Si tu ne prêches pas au sujet de notre Christ Dieu ce qu’enseignent l’Église romaine, celle d’Alexandrie et l’Église catholique universelle, comme l’a enseigné aussi excellemment jusqu’à toi l’Église très sainte de la ville de Constantinople, et si tu ne condamnes pas, par une confession publique et écrite, dans un délai de dix jours à compter du jour où cet avis te sera notifié, cette nouvelle et perfide doctrine qui tend à séparer ce que les vénérables Écritures ont uni, sache que tu es rejeté de l’Église catholique universelle.
C’est donc très clair : à la date où écrit le pape, Nestorius fait encore partie de l’Église (plus pour longtemps, puisqu’il va refuser de faire amende honorable, mais enfin...). Cependant, reste à régler le sort de ses adversaires, à savoir les catholiques fidèles qui ont cessé de lui obéir et donc, au moins en pratique, de reconnaître sa pleine autorité. Sur ce point aussi, le pape Célestin, dont saint Robert Bellarmin cite les paroles (De Romano Pontifice, II, 30) est on ne peut plus clair :L’autorité de Notre Siège Apostolique a déterminé que l’évêque, le clerc ou le simple chrétien qui a été déposé ou excommunié par Nestorius ou ses partisans après que ce dernier eut commencé de prêcher l’hérésie, ne seront considérés ni comme déposés, ni comme excommuniés. Car celui qui a rompu avec la foi par de tels prêches n’est habilité à déposer ou excommunier personne.
Autrement dit, en déviant de la foi catholique, Nestorius avait déjà perdu son autorité, mais seul le pape pouvait obliger tous les catholiques à en convenir. V.