Le liseur était debout et contemplait la nuit froide, il semblait que l'hiver était revenu, un vent glacé soufflait, un chat miaulait férocement... il lui a semblé reconnaître son préféré qui se laissait facilement distraire par la première chatte venue, il faudrait qu'il pense à lui mettre un bol de lait dehors avec une goutte de vodka, le félin célinien appréciait l'attention, il préférait sa maison à celle des autres qui buvaient volets fermés, le liseur est allé se servir un verre.
Comme ce ouiquènde avait été décevant, songeait-il mélancoliquement en versant le pâle breuvage, des voisins enivrés avaient sortis la grosse caisse à minuit se livrant à un concours de pets dans le jardin désert en se congratulant mutuellement dans l'indifférence générale, déjà âgés ils n'avaient pas tardé à aller se coucher, ricanant bêtement de leur audace de potaches, pas de quoi fouetter un chat, d'ailleurs le sien était occuper à chasser les rats, un léger parfum de mort aux rats s'élevait de son verre, il but une gorgée d'un suave goût délétère.
Tout cela n'était guère brillant, constatait-il, face à la nuit sans éclat, la médiocrité régnait, ses affidés y veillaient, ils ne fallait pas les déranger, dans la pénombre le chat finissait son lait-vodka, il est venu s'entortiller un bref instant contre lui avant de repartir pour de nouveaux combats nocturnes, tous les deux étaient libres, peut-être était-ce pour cela qu'ils se comprenaient, ils ne chassaient pas les mêmes rats, mais ne se complétaient-ils pas... on ne leur pardonnait pas leur style, et surtout d'en avoir, ou pas, le liseur est allé se resservir un verre, peut-être le dernier. |