Le liseur était debout et contemplait la nuit du samedi, des échos de musiques étrangères lui parvenaient, on donnait une soirée anglaise chez des voisins, les enfants sans doute... la semaine avait été bien remplie, il ne se souvenait même plus de tout ce qu'il avait fait, il se sentait vidé, la cervelle bien évidée, il était temps de la remplir, le liseur est allé se servir un verre.

Ainsi le temps des pétitions était déjà revenu, s'étonnait-il, en versant le traditionnel breuvage à l'étiquette du même langage, après tout ne serait-il pas temps de se mettre à l'anglais, cela lui permettrait de mieux comprendre ce qu'il était censé signer, car enfin ne pinaillait-on pas sur la moindre traduction, et n'était-on pas prêt à parapher le premier papier venu traduit de l'anglais, la mode sans doute... albions enfants de la patrie, ricana-t-il, en buvant une gorgée en version originale.

Dehors, la musique hystérique avait monté en volume, le téléphone sonna :
- A-l'eau... prononça-t-il distinctement en tenant son verre quasi plein de l'autre main.
- C'est votre voisin, je suis en train de rédiger une pétition...
- Bonne idée, cher voisin !
- ... contre le bruit de nos autres voisins !
- Quand dois-je signer ?
- Pas tout de suite, nous allons attendre que tout le monde soit revenu, nous sommes parmi les rares à ne pas être partis en vacances, il n'y a plus personne...

Le liseur était seul face à la nuit et finissait son verre, dehors le son avait baissé, on était passé aux slows avant de peut-être..., il serait couché avant, lui aussi, le liseur est allé se resservir un verre.