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Le pire est peut-être que cela ne soit pas tenu, par eux, pour un échec. Imprimer
Auteur : Scrutator Sapientiæ
Sujet : Le pire est peut-être que cela ne soit pas tenu, par eux, pour un échec.
Date : 2010-01-16 08:47:08

Bonjour,

Merci beaucoup pour ce message, mais je crois que le pire est peut-être que presque rien de tout cela ne semble avoir été jugé, par les individus comme par l'institution, par les responsables comme par les subordonnés, comme un échec, un sabordage, un sabotage, une prise de "liberté", après entrée en rébellion, en reniement, en trahison, contre leur compagnie et leur vocation.

Ma modeste théorie en la matière est que cela reflète la revendication emblématique et symptomatique de l'individu contemporain, qu'il soit croyant ou non : le droit à la jouissance, à la violence, et surtout à l'errance, bien pire, en un sens, que le droit à l'essai et à l'erreur.

Un jeune homme qui quitte un séminaire au bout de deux ans, mais qui, par la suite, construit sa vie adulte dans le Christ, sur des bases solides, et la vit dans la durée et en profondeur, c'est un jeune homme qui aura recouru à un droit à l'essai et à l'erreur.

Je ne dis pas qu'il est légitime de revendiquer l'exercice de ce droit, en toutes circonstances, mais il vaut mieux que quelqu'un qui n'est pas fait pour le sacerdoce en tire toutes les conséquences, en début de parcours, car c'est alors explicable voire excusable.

Ce qui est relaté dans l'ouvrage évoqué est d'une toute autre nature, et n'en est que plus inquiétant,

- non seulement pour les supérieurs qui ont démissionné pour se marier, certains d'entre eux ayant sans doute poussé l'exercice du droit à l'errance jusqu'au divorce,

- mais aussi pour leurs séminaristes qui ont essayé, puis réussi, à aller jusqu'au bout de leur formation, et à rester fidèles à leur vocation.

A propos des uns, cette question : qu'avaient-ils vraiment bien retenu de ce qu'ils avaient reçu, et qui était encore solide, afin, mais non avant, de le transmettre ?

A propos des autres, cette question : qu'ont-ils vraiment bien retenu de ce qu'ils ont reçu, qui était déjà liquide, afin, mais aussi, avant, de le transmettre ?

Si presque rien ne de tout cela n'est jugé comme un échec, personnel et collectif, comment espérer une prise de conscience propice à une remise en cause, nécessaire et préalable à la mise en forme, puis en oeuvre, de ce qu'il faut bien appeler une reconstruction, non seulement intellectuelle, mais aussi comportementale : un sursaut global ?

Ce qui m'inquiète le plus, dans cette histoire, c'est qu'à un fanatisme libérateur, destructeur d'un passé estimé dépassé, périmé, archaique, rétrograde, ait succédé un fatalisme asservissant, angéliste, iréniste, optimiste, utopiste, constructeur d'une religion de la sincérité subjectivement vécue, et non de la véracité objectivement pensée, sans que la majorité des responsables semble considérer, par exemple, le fait que l'Eglise manque de prêtres, comme un anomalie, une pathologie, dont l'institution ecclésiale pourrait être elle-même en partie responsable.

On a demandé un jour à quelqu'un si le dirigeant serbe MILOSEVIC n'était pas abattu, déprimé, par les défaites militaires et politiques successives qui ont abouti à la faillite de l'utopie de la Grande Serbie ; voici, de mémoire et en substance, la réponse, présente dans un documentaire réalisé à son sujet : "il l'était, bien sûr, mais en même temps il semblait vraiment en mesure de s'adapter, sans difficultés particulières, en se coulant dans le moule de chaque changement de situation, de chaque nouvelle situation".

(C'est le même dirigeant politique qui avait promis la Grande Serbie aux Serbes de Bosnie, quand ils étaient encore susceptibles de l'emporter, mais qui s'est bien gardé de leur venir en aide, notamment humanitaire, quand, une fois vaincus, ils se sont réfugiés, en "Petite Serbie", parce que lui, MILOSEVIC, était déjà passé "à autre chose".)

Peu importe le naufrage, pourvu que l'on maintienne le cap, et surtout que l'on se maintienne à la barre du navire en train de couler...

Bonne réception et bonne lecture, excellente continuation dans le Christ.

Scrutator Sapientiae.


La discussion

 Des Jésuites aux USA (pour Scrutator Sapitentiae), de Eucher [2010-01-15 17:10:50]
      merci de cette utile référence, de Luc Perrin [2010-01-15 17:26:34]
          Bonne et sainte année à vous aussi, M. Perrin, de Eucher [2010-01-15 17:47:51]
      Le pire est peut-être que cela ne soit pas tenu,  [...], de Scrutator Sapientiæ [2010-01-16 08:47:08]