17/12/2008 18:09
ROME, 16 déc 2008 (AFP) - Le journal du Vatican rejette les critiques de Fini, "héritier du fascisme"

Le journal du Vatican a rejeté mercredi la mise en cause de l'Eglise catholique pour sa passivité face aux lois raciales de Mussolini, en relevant que l'auteur de cette critique, le président de la Chambre des députés italiens Gianfranco Fini, est "un héritier du fascisme".

"Le fait qu'un des héritiers politiques du fascisme - unique responsable des lois raciales dont il veut d'ailleurs de façon louable prendre ses distances - mette aujourd'hui en cause l'Eglise catholique est un motif de surprise et d'amertume", écrit l'Osservatore Romano.

Le journal a accusé M. Fini "d'approximation historique" et d'"opportunisme politique mesquin".

Mardi, à l'occasion d'une cérémonie commémorant la promulgation des lois raciales de 1938, M. Fini avait déclaré: "l'idéologie fasciste n'explique pas à elle seule l'infamie" de ces lois auxquelles peu de monde s'est opposé, "même pas, et cela me fait mal de le dire, l'Eglise catholique".

Gianfranco Fini, chef du parti Alliance Nationale issu de l'ancien parti néo-fasciste MSI, a pris nettement ses distances avec cet héritage politique.

Le journal du Vatican relève que les propos de M. Fini ont suscité "stupeur et polémiques".

"Ce n'est pas vrai que l'Eglise italienne ne s'est pas opposée aux lois raciales", ajoute-t-il.

Radio Vatican a également réagi aux déclarations de M. Fini en donnant la parole à deux historiens catholiques.

"L'Eglise a peut-être adopté dans un premier temps une attitude prudente, mais les condamnations n'ont pas manqué de la part du clergé ou de la hiérarchie ecclésiastique", a ainsi déclaré le professeur Francesco Malgeri.

Andrea Riccardi, historien et fondateur de la communauté Sant'Egidio, a aussi estimé que "l'Eglise a résisté à sa façon", mais "comme une force faible au sein d'un régime autoritaire".

M. Fini a relevé mardi qu'il fondait ses propos sur "un document du Vatican de 2000 sur l'Eglise et les erreurs du passé".

Le Vatican, sur l'impulsion du pape Jean Paul II, avait alors reconnu que les persécutions antisémites avaient été "facilitées" par "les préjugés enracinés dans des esprits et des coeurs chrétiens".

Plusieurs épiscopats nationaux, dont ceux de France et d'Allemagne, étaient allés plus loin, reconnaissant explicitement la défaillance de la hiérarchie de leurs Eglises face aux persécutions antisémites.


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