Les archives du Forum Catholique
Forum | Documents | Liens | Q.F.P. | Oremus

Les archives du Forum Catholique

JUIN 2001 A JUILLET 2003

Retour à la liste des messages | Rechercher

Afficher le fil complet

QUOD EST VERITAS ? Imprimer
Auteur : Lutefisk !
Sujet : QUOD EST VERITAS ?
Date : 2003-06-27 10:22:27

« QUOD EST VERITAS ? »
-------
« Qu? est-ce que la Vérité ? » demande Pilate à Jésus. Or, le cynique procurateur a justement la Vérité devant lui en la personne de ce jeune homme déroutant, qu ?il s ?apprête à condamner par veulerie, quand bien même il le sait innocent.

La Vérité, c ?est ce qui nous est communiqué dans le dépôt de la Foi. C ?est la Révélation première qui est à l ?origine du mosaïsme, puis du christianisme, à travers lequel elle s ?est affinée progressivement et a pris sa forme définitive par le truchement infaillible de l ?Église Une, Sainte, Catholique, Apostolique et Romaine. Ce sont toutes les interventions divines répertoriées par les Écritures, entre autres « Je suis Celui qui suis », dit par Dieu à Abraham, et « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie », dit par Notre Seigneur à Ses disciples. Quoi de plus doux? et de plus indispensable au salut que de suivre cet Être en Soi, cette Voie de Vérité porteuse de Vie ?

Mais notre monde moderne - ennemi de Dieu, donc de la Vérité - n ?allait pas manquer de compliquer, d?obscurcir et de fausser les choses, voire d?en inverser l?ordre. Et il y a - hélas ! - fort bien réussi depuis le dénommé Luther. Cela devait commencer avec Descartes, qui mit le ver dans le fruit lorsqu? il érigea le doute systématique en mode de raisonnement et qu ?il voulut faire table rase de tout ce que l ?homme connaissait. Prenant le contre-pied du bon sens le plus élémentaire, il déduisait de sa pensée son existence, puis l ?existence de Dieu. En somme, il prétendait subordonner l ?être (avec ou sans majuscule) à la pensée humaine, alors que sans la volonté de l? Être par excellence, il n ?y aurait évidemment ni homme, ni pensée humaine. Comment un sophisme aussi grossier a-t-il pu séduire tant d?« esprits forts » au cours des siècles, au point de s ?être imposé à une frange importante de tout ce qui fait profession de « penser » ?... Le vieux serpent - père de l ?orgueil et de l?erreur - ne dort décidément jamais? Son lent travail de sape s?est poursuivi avec Kant qui, influencé à son tour par Descartes, en est venu à dissocier le réel de la connaissance qu'on peut en avoir, minant aussi bien la notion de connaissance que l'idée même de réel. Dire que c ?est au nom d'une telle dé-Raison que ces « philosophes » s ?en sont pris à la Vérité !? Et dire qu ?on enseigne toujours leur « philosophie » !? « Qui veut faire l ?ange fait la bête » : ce mot de Pascal semble avoir été écrit pour eux comme pour les auteurs de l'Encyclopédie, fatras prétentieux et bourré d'erreurs que l'intelligentsia maçonnique a toujours exalté pour ce motif, justement.
La remise en cause du caractère absolu de la Vérité, la négation même de toute notion de Vérité intangible a gagné jusqu?aux plus hautes sphères de l ?Église avec la montée du modernisme, qui devait atteindre son sommet (indépassable, espérons-le !) lors du Concile Vatican II. En faisant les yeux doux à toutes les fausses religions, sectes, hérésies, schismes et autres constructions artificielles d?une spiritualité dévoyée par le « père du mensonge », les membres du Concile - majoritairement férus de faux ?cuménisme - ont ouvert une boîte de Pandore qu ?il faudra refermer tôt ou tard, le plus tôt étant le mieux. En attendant, la plupart des fidèles de l?Église catholique? pardon, de l?Église conciliaire (expression assimilable à un aveu, car lancée par un prélat... peu catholique) pensent qu ?il n?y a pas de Vérité absolue ou, en tout cas, que chaque « religion » en détiendrait une partie ; ainsi la Vérité (si tant est qu?elle existe) serait une sorte de patchwork évolutif et composé de pas mal de christianisme à la sauce protestante (vivement la canonisation du déjà « bienheureux » Luther !), d ?une bonne dose de bouddhisme (pour le côté cool du zen), d?un chouia d ?islam (parce qu?il faut bien justifier le bourgeonnement des mosquées en terre chrétienne), d ?un zeste d?hindouisme (« libération » sexuelle oblige) ainsi que d ?une pincée de quelques autres « religions » exotiques (pour le folklore et son attrait festif). Tout cela devait aboutir à l ?abomination de la désolation dans le lieu saint, c ?est-à-dire à Assise I, puis Assise II, en attendant Assise III et la suite.
On doit mentionner ici un fait d?autant plus affligeant qu ?à lui seul, il suffirait à prouver la déliquescence du magistère : la théologie de saint Thomas d?Aquin a été exclue des séminaires au seul et unique motif qu? elle est axée sur l?excellent principe de non-contradiction, en vertu duquel une proposition et son contraire ne sauraient être vrais tous les deux. On se rend compte, en effet, que ce simple bon sens ne correspond guère à la mentalité moderniste, qui - brouillée avec la Vérité, mais désormais aux commandes du Vatican - se caractérise par la faculté de tenir alternativement, voire simultanément pour compatibles deux propositions contraires, ce que saint Pie X avait déjà si bien cerné et dénoncé dans son encyclique Pascendi, alors que le modernisme (« égout collecteur de toutes les hérésies » n? en était qu?à de timides coups d? essai encore faciles à réprimer : « Telle page de leur ouvrage pourrait être signée par un catholique : tournez la page, vous croyez lire un rationaliste ». En raison de leurs spectaculaires palinodies, de leur incessant va-et-vient entre la Vérité qu ?ils ont apprise et l ?erreur qu ?ils leur arrive d ?enseigner, de leur incapacité apparente de choisir l ?une ou l? autre, le Pape Jean-Paul II et Mgr Ratzinger offrent deux éminents exemples de cette sorte de double pensée (le fameux double think annoncé par Orwell), ce qui n ?est évidemment pas fait pour fixer et affermir la foi des fidèles, de plus en plus déboussolés?
Comment s ?étonner, alors, que des conciliaires ou des agnostiques (c?est de plus en plus la même chose) s ?insurgent - parfois avec violence - lorsqu ?on se borne à leur rappeler les vérités premières de la Foi ? Leur réaction indignée est à peu près la suivante :
« Qu ?est-ce qui vous permet de prétendre que vous détenez la Vérité ? Qu ?est-ce qui vous permet de juger ceux qui ne pensent pas comme vous ? »
Qui d? entre nous autres, « tradis », ne s ?est déjà entendu poser ce genre de questions par un interlocuteur exaspéré, bien souvent un proche ? Comment surmonter l? ébahissement qui peut vous saisir face à une telle candeur, feinte ou sincère ? Comment réagir face à cette apostasie par ignorance, erreur, oubli, mauvaise volonté, indifférence, démission, suivisme ? Eh bien, ne nous décourageons pas, et faisons appel à la mémoire, à l ?intelligence? ainsi qu?à la bonne foi de notre vis-à-vis, sans perdre de vue qu?à son baptême, l ?Esprit Saint l?a marqué du sceau de la Vérité, qui fait de chaque âme catholique une épouse du Christ et qui peut « récupérer » in extremis jusqu? au dernier des pécheurs.
En premier lieu, ce qui nous autorise à affirmer que nous sommes dépositaires de la Vérité (et non pas détenteurs, car il va de soi que Dieu seul l ?est), c ?est tout bonnement qu?on nous l?a dite et répétée !? Et si l? apostat qu? on a en face de soi invoque les « progrès de la théologie catholique » pour mieux ergoter sur le caractère entier et immuable de la Vérité, il faut lui représenter que quarante années d ?errances plus ou moins hérétiques ne pèsent pas lourd auprès des siècles lumineux qui ont précédé la prétendue « Réforme », mère des prétendues « lumières », et durant lesquels personne n? aurait eu l ?idée saugrenue de vouloir séparer la Foi de la Raison, comme si l? une de ces deux « jambes de l? âme » pouvait marcher sans l ?autre !? Or, tout catholique a le devoir non seulement de croire chaque article du dépôt de la Foi, mais aussi de le confesser, jusqu? à en mourir le cas échéant. Il importe de prêcher à temps et à contre-temps, disait saint Paul. L ?insigne privilège qui nous a été donné de connaître la Vérité nous impose en retour le devoir sacré de témoigner d ?Elle, quelles que puissent en être les conséquences. Ou alors, il faudrait qu? on nous explique pourquoi ont accepté de périr les millions de martyrs chrétiens qui ne cessent de se succéder depuis deux mille ans : sûrement pas pour que l?Église occupée invite un jour des bouddhistes à commettre l? effroyable sacrilège consistant à poser leur idole sur le tabernacle de la cathédrale d ?Assise (partiellement détruite onze ans après par un tremblement de terre, le tabernacle en question étant fracassé...). En matière de Foi, « ceux qui ne pensent pas comme nous » ont forcément tort, n ?en déplaise au relativisme comme au subjectivisme ambiants ; nous devons avoir le courage de le soutenir mordicus, mais sans en éprouver l ?orgueil ridicule de « l? âne porteur des reliques » moqué par La Fontaine, puisque la vraie Foi est une grâce divine et que toute grâce est imméritée par définition. La servitude attachée à cette grâce, c?est l ?humble apostolat? et ses croix.
En second lieu, nul n? a évidemment le droit de juger autrui sur le chapitre de la Foi. Ce jugement est l? apanage de Dieu, qui seul peut « sonder les reins et les c?urs », car Lui seul a accès aux moindres recoins d? une âme qu ?Il connaît depuis la nuit des temps pour l? avoir créée avec amour. Cependant, nous avons bel et bien reçu la faculté de détecter l ?erreur, ce qui nous impose le devoir de la juger et de la dénoncer en tant que telle, sachant que vouloir la mort de l?erreur, c? est vouloir passionnément non la mort de l? errant, mais bien au contraire son salut !
Cette double démarche - dire ou rappeler la Vérité et dénoncer l ?erreur - n ?est rien d? autre que la plus pure manifestation de l? authentique charité chrétienne : elle consiste, en effet, non à couvrir de miel hypocrite notre prochain qui est prisonnier de l? erreur, mais à le reprendre et même à le secouer jusqu? à un certain point pour l ?aider à s ?en affranchir (« La Vérité vous rendra libres ». L?? oecuménisme à la sauce moderniste est donc le contraire démagogique et impardonnable de la charité chrétienne, puisqu ?il consiste à maintenir les hérétiques, les schismatiques, les infidèles et les païens dans l? illusion de posséder au moins une fraction de la Vérité, leur ôtant d?avance toute envie d? adhérer à l? intégralité de celle-ci ; or, la Vérité est aussi indivisible que Dieu, auquel elle s? assimile, d? où il découle que même minime, la part d? erreur de ces âmes fourvoyées les exclut de l?Église Une fondée par Jésus-Christ et hors de laquelle il n?est pas plus de salut aujourd?hui qu? hier.
Mais nous savons tous, pour l? avoir expérimenté, combien il est difficile d?évoquer l? absolu devant des gens qu? infectent depuis si longtemps l ?ambiguïté, le relativisme et le subjectivisme secrétés par le funeste Concile « pastoral » (et non pas dogmatique) Vatican II. Parler d ?absolu à des esprits dûment « relativisés », c ?est prendre le risque - suicidaire d? un point de vue mondain - d? avouer à des croyants partiels qu ?on est intégralement croyant, c ?est-à-dire « intégriste », comme ils disent !? Sous couleur d ?aggiornamento, l ?Église conciliaire s?est soumise à un monde où - du fait de l ?inversion satanique de toutes les valeurs - il est devenu non seulement obligatoire de professer Urbi et Orbi le doute métaphysique, mais aussi interdit de ramer à contre-courant en invoquant la Révélation et le magistère bimillénaire de l?Église. Étant donné ce terrible endurcissement des âmes, des coe?urs et même des têtes, qui n ?annonce rien de moins que l? aboutissement du Mystère d ?Iniquité, nous ne prierons jamais assez pour que l? Esprit Saint nous rende convaincants - sinon autant que les Apôtres après la Pentecôte, du moins suffisamment pour ramener peu à peu dans la bonne voie, en usant de patience et de douceur, ces apostats dont certains nous sont chers.
« Qui n ?est pas avec moi est contre moi » a averti le Christ (« plenum gratiae et veritatis ». Venu sur terre pour séparer la Vérité de l ?erreur, Il reviendra un jour pour séparer les élus des damnés, et Il vomira de Sa bouche les tièdes, ceux qui rougissent de Lui par respect humain. C?est pourquoi, dans Son service, il faut toujours craindre de ne pas en faire assez plutôt que d? en faire trop. Les tièdes sont innombrables et n ?ont pas besoin que le « petit reste » des catholiques de tradition vienne grossir encore leurs rangs. Soyons donc des témoins, ou bien renonçons carrément à nous faire appeler catholiques.



La discussion

      QUOD EST VERITAS ?, de Lutefisk ! [2003-06-27 10:22:27]
          Re :QUOD EST VERITAS ? [NT], de Adso [2003-06-27 12:40:32]
          In vino ! [NT], de tintin [2003-06-27 13:24:51]
          QUID est veritas ? (Non ?) [pdt], de Frédéric Ronga [2003-06-27 14:13:57]