il faut lire le chapitre VI, "le prophétisme [sic] de Muhammad", dans le Traité de théologiera musulmane du père Robert Caspar (évidemment père blanc), tome 1, Pontificio (eh oui...) Istituto di Studi Arabi e d'Islamistica, Rome (eh re-oui...) 1996.

Faisant le tour des "opinions "religieuses" fausses ou insatsfaisantes", le père Caspar ne craint pas de rejeter l'origine diabolique en termes lapidaires : "il n'y aurait pas lieu de s'attarder sur cette opinion, fréquente dans le monde chrétien depuis le Moyen-Age jusqu'au XIXe siècle, si elle n'exerçait encore son influence sur certains bons esprits, d'une manière plus subtile (serait-ce là la ruse de Satan?) (...) cette vue des choses semble particulièrement odieuse s'agissant d'une aussi grande religion que l'islam".

Il rejette ensuite la théorie de "l'infidèle de bonne foi", "Inutile de s'attarder à cette opinion, dépassée par la théologie actuelle". Ensuite il refuse tout autant de voir en l'islam "une religion naturelle", la conclusion est particulièrement savoureuse : "Il faut admettre que l'islam n'est pas plus une religion naturelle que le christianisme et que son origine doit être surnaturelle, c'est-à-dire divine [sic]." Selon Caspar, l'opinion de saint Jean Damascène, "l'islam hérésie chrétienne", est tout autant "insoutenable".

Restent alors les "opinions "religieuses" possibles"
1. "L'islam, héritier d'Abraham par Ismaël"
2. "Un charisme prophétique partiel"
3. "Une des grandes religions monothéistes"
"Une position d'attente serait de situer l'islam dans le dessein divin du salut en le reconnaissant comme une des plus grandes religions de l'humanité (...) Une telle vision de l'islam s'inscrit assez bien dans les nouvelles perspectives de la théologie des religions non chrétiennes (tendance Rahner), dans celles du rôle de l'Eglise dans le monde, ainsi que dans le schéma (ecclésiocentrique) des religions dans le monde, retenu par deux fois par le Concile de Vatican II"

Mais sans doute chagriné de l'aspect par trop ecclésiocentrique de cette troisième "opinion religieuse possible", le père Caspar en propose une quatrième, car "depuis une dizaine d'années, les recherches sur la révélation et la théologie des religions non chrétiennes en général ont conduit à des propositions plus ou moins nouvelles concernant le prophétisme de Muhammad, l'origine divine du Coran et l'islam dans le dessein divin du salut". Ainsi peut-on proposer (!!) :

4. "Une Parole de Dieu semblable et différente [sic]" ... Et de citer le père Claude Geffré : "Je n'hésite pas à dire que la révélation dont Mohamed est le messager est une Parole de Dieu qui m'interpelle dans ma foi. (...) C'est pourquoi je crois pouvoir dire que Mohamed, le Coran et l'histoire religieuse de l'islam comme expérience de Dieu, comme trésor de valeurs de prière, d'amour et de justice, font partie à un titre tout à fait spécial de l'histoire du salut, qui commence avec Abraham et qui s'achèvera avec la fin de l'humanité"
Le chapitre se termine sur une position possible appelée mystérieusement "une extension de la révélation comme histoire et comme sens" [?] défendue par le GRIC : "voir dans le Coran une révélation à la fois authentique et formellement différente de la Révélation en Jésus-Christ et inconciliable avec elle. Les différences et les contradictions tiennent à l'épaisseur humaine que traverse la révélation et donc l'Ecriture, Parole de Dieu en langage humain"