De Mgr Journet
Vianney -  2011-03-15 07:48:13

De Mgr Journet

...j’ai déjà cité des extraits d’une étude sur la conversion du Cardinal Newman à la suite de laquelle il note : “Le pape ne peut définir ni les choses contraires au dépôt révélé ni les choses étrangères, comme, par exemple, le nombre des étoiles du ciel.” (Journet, L’Église du Verbe incarné, t. I, 1941, p. 687.) Paraphrasant les réflexions de Newman lui-même qui rappelait que l’infaillibilité ne peut jamais rien définir qui ne soit réellement contenu dans l’Écriture et la Tradition : “Rien ne peut m’être imposé qui soit d’une nature différente de ce que je crois déjà, ni rien, à plus forte raison, qui soit d’une nature opposée.” (Newman, Apologia, ch. V.) Dans le tome 2 (p. 840, note 3), Mgr Journet cite le théologien Suarez : “le pape pourrait devenir schismatique, par exemple en tentant d’excommunier toute l’Eglise, ou en renversant tous les rites traditionnels”. Il explique plus loin qu’en agissant de la sorte, le pape briserait “l’unité de connexion, ce qui supposerait chez lui la volonté de s’arracher à l’invasion de la grâce en tant qu’elle est sacramentelle et fait l’unité de l’Église” :

La supposition d’un pape schismatique nous revèle davantage, en le cernant d’un jour tragique, le mystère de la sainteté de cette unité d’orientation qui est nécessaire à l’Église ; et peut-être pourrait-elle aider l’historien de l’Église, — ou plutôt le théologien de l’histoire du Royaume de Dieu —, à illuminer d’un rayon divin les plus sombres époques des annales de la papauté, en lui permettant de montrer comment elle a été trahie par certains de ses dépositaires.

Dans un petit livre consacré à Savonarole en prison (DDB, 1968, p. 17), Mgr Journet défend la cause du célèbre dominicain, montrant au passage que ses accusateurs ont agi envers lui de façon aussi incohérente que ceux de sainte Jeanne d’Arc :

Alors qu’on vient de lui donner les sacrements de pénitence et d’eucharistie, on le déclare hérétique et schismatique ; on prétend l’exclure juridictionnellement même de l’Église triomphante. Et il monte sur l’échafaud en récitant le Credo où il redit sa foi en la Sainte Église catholique, sans un mot d’amertume, sans un geste qui ne soit magnanime, fidèle jusqu’au bout à la devise de cette chère petite bannière qu’on peut voir aujourd’hui encore à Florence, où il ne séparait pas l’inséparable : Christus et Ecclesia Romana. Si ce n’est pas ici la sainteté héroïque, où sera-t-elle ?

Mgr Journet cite encore une étude du R.P. Hurtaud démontrant que la doctrine de Savonarole était inattaquable, même si l’Église a refusé de suivre le jugement que ce dernier portait sur le pape Alexandre VI.