«Le Christ ne commande pas l’impossible, mais la perfection » (Vendredi : homélie du bréviaire)
Alexandre - 2011-03-10 23:11:33
«Le Christ ne commande pas l’impossible, mais la perfection » (Vendredi : homélie du bréviaire)
VENDREDI APRÈS LES CENDRES
Suite du saint Évangile selon saint Matthieu (5, 43 6, 4; version du Lectionnaire de 1964-65)
En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples: «Vous avez appris quil a été dit: Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Et moi je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient, afin dêtre les fils de votre Père qui est aux cieux, lui qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, qui fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quel mérite avez-vous? Les publicains eux-mêmes nen font-ils pas autant? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous dextraordinaire? Les païens eux-mêmes nen font-ils pas autant? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait.
Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, afin de vous faire voir par eux. Sinon, vous naurez pas de récompense auprès de votre Père qui est aux cieux. Aussi, lorsque tu fais laumône, ne va pas le claironner devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin dêtre glorifiés par les hommes. En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. Toi, quand tu fais laumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône demeure dans le secret, et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.»
Homélie de saint Jérôme, prêtre (Sur S. Matthieu, I, 5, nn. 44-45 et 6, n. 1; textes latin et français: SC 242, 124-127)
«Eh bien, moi je vous dis: aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent.» Bien des gens soupèsent les préceptes de Dieu au poids de leur propre lâcheté au lieu de les jauger au courage des saints; aussi les prétendent-ils irréalisables. Cest bien assez de vertu, disent-ils, de ne pas haïr les ennemis. Ordonner de les aimer, voilà qui dépasse la nature humaine! Il faut toutefois penser que le Christ ne commande pas limpossible, mais la perfection. David la pratiquée à légard de Saül et dAbsalon; le martyr Étienne a prié pour ceux qui le lapidaient; Paul, de même, a souhaité dêtre anathème pour ses persécuteurs. Et Jésus mit en pratique son propre enseignement quand il pria: «Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce quils font» (Lc 23, 34).
«Ainsi serez-vous les fils de votre Père qui est aux cieux.» Si cest en gardant les préceptes de Dieu quon devient fils, cest donc que cette filiation nest pas due à la nature, mais au libre choix. «Quand tu fais laumône, ne va pas le claironner devant toi; ainsi font les hypocrites dans les synagogues et les rues afin dêtre honorés des hommes.» Celui qui claironne son aumône est un hypocrite. Lest aussi celui qui, durant son jeûne, prend une mine exténuée pour que ses traits fassent deviner quil a le ventre vide. Il en est de même de celui qui, pour prier, plastronne dans les synagogues et les carrefours afin dêtre vu.
De tous ces exemples, il ressort une définition de lhypocrisie: tout faire en vue de sattirer les louanges des hommes. Voici un autre exemple dhypocrite, cest celui qui dit à son frère: «Attends que jenlève la paille de ton il» (Mt 7, 4). Cest pour se mettre en valeur, semble-t-il, quil en agit de la sorte et pour se faire passer lui-même pour juste. Aussi, le Seigneur lui dit-il: «Hypocrite, enlève dabord la poutre de ton il» (Mt 7, 5). Ce nest donc pas la vertu, mais le motif qui linspire que Dieu récompense. Peu importe que ce soit à droite ou à gauche que lon dévie en glissant hors de la voie droite; ce qui est grave, cest de quitter le chemin de la vérité.