Précisions
Gentiloup -  2011-03-10 14:57:57

Précisions

Il ne me semble pas inutile d'ajouter la suite de ce texte fort révélateur de l'idéologie que sous-tend ce terme:

☞ Dans l’article LAÏQUE du même dictionnaire, le même auteur précise l’origine du mot. Indiquant que laïque a été formé d’après le latin laicus, il note : Mais que voulait dire ce mot latin, et d’où venait-il ? On en chercherait vainement l’étymologie dans les racines propres à la langue de Rome ; c’est un mot étranger, c’est la trasncription de l’adjectif grec laïkos, et celui-ci est dérivé du substantif grec laos, qui signifie « peuple », « nation ». ☞ Pour cerner un peu mieux le sens brut du mot, Buisson le fait entrer dans une opposition de termes : Une façon de mieux déterminer la valeur exacte du mot laïque, c’est de rechercher quel est son contraire, quel est le mot qui s’oppose à lui, comme par exemple civil s’oppose à militaire, ou public à privé, etc. Le mot qui s’oppose, étymologiquement et historiquement, à laïque, de la façon la plus directe, ce n’est pas ecclésiastique, ni religieux, ni moine, ni prêtre : c’est le mot clerc. ☞ Le mot clerc, ajoute Buisson, vient du latin clericus ; mais qu’en est-il de celui-ci ? Le latin clericus est la transcription de l’adjectif grec klêrikos, dérivé du substantif klêros, qui a pris, dans le langage des auteurs ecclésiastiques, le sens de « clergé », mais qui signifie originairement « lot ». Ceux qui font partie du klêros, ce sont ceux qui forment le « bon lot », ceux qui ont été « mis à part », les « élus » […]. ☞ Le travail langagier entrepris va maintenant s’achever ; Buisson conclut en nous introduisant au cœur de la question de la laïcité : Ces recherches étymologiques conduisent à autre chose qu’à la satisfaction d’une vaine curiosité. Les constatations que nous venons de faire portent avec elles leur enseignement. Le clergé, les clercs, c’est une fraction de la société qui se tient pour spécialement élue et mise à part, et qui pense avoir reçu la mission divine de gouverner le reste des humains ; l’esprit clérical, c’est la prétention de cette minorité à dominer la majorité au nom d’une religion. Les laïques, c’est le peuple, c’est la masse non mise à part, c’est tout le monde, les clercs exceptés, et l’esprit laïque, c’est l’ensemble des aspirations du peuple, du laos, c’est l’esprit démocratique et populaire.

Nous en savons assez! Merci à l'auteur de ce chef d'œuvre de la pensée unique, de l'exposer aussi clairement. Au moins, vu la date de l'apparition du mot "laïcité" ("En 1871, lorsque le mot est attesté pour la première fois...") et l'explication des "bons" dicos, on sait que la laïcité est une résultante de l'anti-cléricalisme de cette époque. Les choses ont-elles changées? Voir ce qu'en pense Philippe Isnard, le professeur qui passe en procès depuis hier devant une Commission paritaire pour avoir exposé dans un débat sur l'avortement, en plus des autres positions, celle de l'Église.