Polémiques en vue ? : Benoît XVI opterait-il pour une approche novatrice du déicide ?
Anne Charlotte Lundi -  2011-03-06 18:59:59

Polémiques en vue ? : Benoît XVI opterait-il pour une approche novatrice du déicide ?

dans la lignée de Jean-Paul II... ? Les catholiques traditionnels risquent d’être à nouveau déçus, mais les adeptes du Talmud vont se réjouir, à l’image de Benjamin Netanyahu - premier ministre israélien -, qui a envoyé jeudi une lettre à Benoît XVI. Il l’y félicite de ses commentaires théologiques dans un livre (à paraître) qui exonère le « peuple » juif de la responsabilité de la mort du Christ. (source) Dans le second tome de son « Jésus de Nazareth », dont des extraits ont été publiés mercredi par le Vatican, Benoît XVI a en effet réaffirmé que ce n’était pas « le peuple » juif dans son ensemble qui était responsable de la mort du Christ, mais simplement une certaine oligarchie. Cette affirmation du souverain pontife semblant s’opposer à divers passages des Evangiles, il rétorque que lorsque Saint Jean utilise l’expression « les Juifs » pour désigner les meurtriers du Christ (par exemple VII, 1 : « Et après cela Jésus parcourait la Galilée, parce qu’il ne voulait pas aller en Judée du fait que les juifs L’y attendaient pour Le tuer »), en réalité il « n’indique en aucune manière le peuple d’Israël comme tel » et l’expression « a une signification précise et rigoureusement limitée » et définit « l’aristocratie du Temple ». Et quand Saint Matthieu (XXVII,25) dit : « Tout le peuple répondit : ‘Nous prenons son sang sur nous et sur nos enfants!’ », Benoît XVI affirme que « Matthieu à coup sûr n’exprime pas un fait historique : comment le peuple tout entier aurait-il pu être présent en un tel moment pour demander la mort de Jésus ? » Une phrase qui va faire couler de l’encre assurément et qui pourrait exonérer tous les peuples de toute faute collective. En revanche n’est pas évoqué Saint Luc : « Hommes d’Israël, écoutez ces paroles: Jésus le Nazôréen, [...] vous l’avez pris et fait mourir en le clouant à la croix par la main des impies, mais Dieu l’a ressuscité. » (Ac. II, 22). Ni Saint Paul dont cette citation ne semble pas évoquer à première vue une oligarchie : « Vous avez souffert de la part de vos compatriotes ce qu’elles ont souffert de la part des Juifs. Ceux-ci ont mis à mort le Seigneur Jésus et les prophètes, et ils nous ont persécutés. Ils déplaisent à Dieu et sont ennemis de tous les hommes! Ils veulent nous empêcher d’annoncer aux autres peuples le message qui peut les sauver. Ils complètent ainsi la série de péchés qu’ils ont commis dans tous les temps. Mais la colère de Dieu les a finalement atteints. » (I Th. 2.13-20) Outre les Ecritures, la nouvelle thèse de Benoît XVI s’opposerait, d’après ses contradicteurs, à l’enseignement des Pères de l’Eglise et au Magistère. En effet, si les très nombreuses accusations de déicide (entre autres reproches durs) portées contre « les Juifs » ne désignent donc d’après la thèse nouvelle que certains Juifs, en revanche ceux-ci sont parfois aussi désignés explicitement en tant que peuple. Par exemple avec Saint Pie V : « Le peuple hébreu choisi autrefois pour être participant des Célestes Mystères, autant fut-il élevé en dignité et en grâce au-dessus de tous les autres, autant par la faute de son incrédulité, fut ensuite abaissé et humilié lorsque vint la plénitude des temps, réprouvé comme perfide et ingrat, après avoir, d’une façon indigne, ôté la vie à son Rédempteur. » Il existe d’autres citations d’auteurs canonisés que nous n’osons rapporter par crainte de poursuites judiciaires. Avec une autorité supérieure, le catéchisme du Concile de Trente opère une distinction, concernant le déicide, entre l’ordre historique d’une part et l’ordre moral et mystique de l’autre (selon lequel tout pêcheur participe mystiquement au déicide, puisque le Christ s’est sacrifié pour racheter les fautes des hommes) : « Nous devons donc regarder comme coupables de cette horrible faute, ceux qui continuent à retomber dans leurs péchés. Puisque ce sont nos crimes qui ont fait subir à Notre-Seigneur Jésus-Christ le supplice de la Croix, à coup sûr, ceux qui se plongent dans les désordres et dans le mal crucifient de nouveau dans leur cœur, autant qu’il est en eux, le Fils de Dieu par leurs péchés, et Le couvrent de confusion. Et il faut le reconnaître, notre crime à nous dans ce cas est plus grand que celui des Juifs. Car eux, au témoignage de l’Apôtre, s’ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne L’auraient jamais crucifié. Nous, au contraire, nous faisons profession de Le connaître. Et lorsque nous Le renions par nos actes, nous portons en quelque sorte sur Lui nos mains déicides. » Un éclaircissement qui n’aurait probablement pas été fait si les rédacteurs entendaient par « les Juifs », uniquement certains d’entre eux