Positionnement intégraliste ou sensibilité particulière ?
Scrutator Sapientiæ -  2010-12-30 21:19:44

Positionnement intégraliste ou sensibilité particulière ?

Bonsoir à tous, Le plus brièvement possible, je considère que LA question est à peu près celle-ci : le catholicisme traditionaliste, tel qu'il est pensé et vécu, au sein et à la tête de la FSSPX, est-il - avant tout l'expression d'un positionnement dogmatique intégraliste, ayant un fondement - philosophique et théologique, - scripturaire et spirituel, avec l'Ecriture, la Tradition, - magistériel, avec le Magistère anté-conciliaire, OU - avant tout l'expression d'une sensibilité liturgique particulière, qui se concrétise notamment dans la défense et dans la promotion de la Messe "grégorienne" ? Si la réponse penche en faveur de la deuxième branche de l'alternative, je peux comprendre une certaine intransigeance, vis-vis de principes ou de pratiques liturgiques ambigus ou erronés, mais je ne pense pas qu'il soit de bonne politique, ni de bonne religion, de laisser entendre ou de faire entendre que la Messe des catholiques non traditionalistes est non seulement stérile, mais même nocive : n'est-ce pas, par exemple, la Messe du Souverain Pontife, dont la FSSPX a grand besoin, et avec lequel elle a des discussions doctrinales, en amont, si j'ose dire, d’une perspective de régularisation de sa situation au sein de l’Eglise ? Que je sache, il y a peut-être pire que le fait d'aller à la Messe "montinienne" : c'est le fait de ne pas y aller du tout ; qui aurait l'inconscience de dire, par exemple à des enfants, à des parents, qui n’ont aucune idée, ni pour ni contre, sur la Messe Saint Pie V, ou à quelqu'un qui est "commençant" ou "recommançant", dans sa relation à la Foi catholique, que leur démarche n'a quasiment aucune valeur, parce qu'ils ne vont pas d'emblée à la "bonne" Messe, mais parce qu'il vont à la "mauvaise" Messe, à savoir la Messe instituée par Paul VI ? "Evidemment" personne, en tout cas je l'espère, car il y aurait là, à tout le moins, un manque de diplomatie et de discernement, de pédagogie et de psychologie. Au surplus, si la réponse à la question que je me pose devant vous penche bien en faveur de la deuxième branche de l'alternative, compte tenu du fait que la FSSPX n'est peut-être pas la seule à défendre et à promouvoir cette sensibilité liturgique particulière, par ailleurs à mes yeux éminemment légitime, j'avoue avoir du mal à comprendre qu'une telle intransigeance, au contact de principes et de pratiques erronés, se traduise par un tel exclusivisme, y compris à l'encontre de tous ceux qui, depuis une entité ou une structure différente de la FSSPX, mènent eux-aussi, d'une autre manière, mais sur la même matière, le même combat. En revanche, je comprendrais davantage que la FSSPX, tout en mettant en avant la nécessité de continuer à mener le combat en faveur de la Messe, mette aussi en avant la nécessité de continuer le combat en faveur du positionnement dogmatique intégraliste qui a toujours été celui de l'Eglise catholique, grâce à l'Ecriture, à la Tradition, et au Magistère, et qui est, c'est un fait, beaucoup moins apparent ou évident, depuis à peu près 50 ans. Le combat en faveur de la Messe Saint Pie V n'est certainement pas gagné, mais la FSSPX risque fort d'être réduite à l'incarnation d'une sensibilité liturgique particulière, comparable, en un sens, au "charismatisme", si elle ne met en avant, d'une manière qui risque d'être perçue comme indument exclusiviste et intransigeante, que cette cause là, alors qu'il y a au moins, en tout cas, à mon sens, quatre autres causes à porter : - en faveur d'un rééquilibrage entre le rapport à l'Ecriture et le recours à la Tradition, au sein de l'Eglise catholique, dans la mise en forme de la doctrine comme dans sa mise en oeuvre pastorale ; - en faveur de davantage d'exhortations à l’unité entre les Chrétiens, MAIS au sein de l'Eglise catholique ; - en faveur de davantage d’exhortations au dialogue inter-religieux, MAIS pour exhorter les croyants non chrétiens à la conversion, sous la conduite et en direction de Jésus-Christ ; - en faveur de la véritable liberté religieuse, dont le fondement réside dans la vraie religion, la véritable liberté religieuse étant, elle, pleinement libératrice ET responsabilisante, MAIS dans le Christ, et non sans lui. En d'autres termes, la focalisation ou polarisation sur le combat en faveur de la Messe a certainement ses vertus, mais elle a aussi ses limites : le risque n'est-il pas de ne pas préciser ou rappeler suffisamment régulièrement, non seulement aux catholiques traditionalistes, mais aussi à leurs contradicteurs, catholiques ou non catholiques, que le bien-fondé, la raison d'être et d'agir, du catholicisme traditionaliste, tel que je le crois porté en elle par la FSSPX, va bien au-delà de la question liturgique, aussi importante soit-elle ? Car enfin, imaginons un seul instant qu'un jour lointain, néanmoins plus ou moins proche, la question liturgique soit enfin, pour ainsi dire, "en voie de règlement". Que restera-t-il alors, notamment à la FSSPX, pour continuer à expliquer les autres raisons de son combat, si elle a laissé ses adversaires considérer qu'elle n'avait que cette raison là ? Bonne soirée, je suis vraiment désolé, je sais qu'il y a une part de candeur ou de provocation, dans le présent message, mais qui ne voit qu'à partir du moment où l'on donne satisfaction à quelqu'un, en ce qui concerne la chose qu'il demande vraiment le plus, au point de donner à croire que c'est la seule, on peut être tenté de se dire que les autres choses qu'il demande, ont bien moins d'importance, à ses propres yeux, même quand ce n'est pas le cas ? Prendre la FSSPX "au mot", ou plutôt, "au piège", de son insistance, excessive, sur la forme, même si elle est légitime, sur le fond, en ce qui concerne la "bonne" Messe, la "vraie" Messe ? Je vois venir le jour où certains succomberont à cette tentation, à la fois épiscopale et hexagonale, en allant dire à Rome, à peu près en substance, mais pas en toute bonne foi : " à la limite, nous, nous en voudrions bien, mais lisez donc ce qu'ils écrivent sur nous, quand ils s'adressent à leur propres fidèles, sur la Messe que nous célébrons, et donc, indirectement, sur l'attachement légitime de nos prêtres et de fidèles, à cette Messe, qui est aussi celle de l'Eglise... " Scrutator. PS : Il va de soi que les expressions auxquelles je recours ne sont pas le reflet de quelque condescendance personnelle que ce soit, vis-à-vis des aspects et enjeux en présence, et qui sont à caractère dogmatique et liturgique au sens large ; je m'efforce simplement de m'exprimer comme quelqu'un qui, en qualité d'observateur extérieur, voudrait faire comprendre rapidement de quoi il s'agit à une tierce personne qui serait encore plus extérieure à toutes ces questions.