Menaces sur le hors-contrat
XA -  2010-06-04 07:14:44

Menaces sur le hors-contrat

La machine infernale est en marche... A quand la Légion d'honneur pour David Pujadas ? SUD OUEST 4 juin 2010 06h00 | Par YANN SAINT-SERNIN St-Projet à nouveau épinglé Un second contrôle a amené les autorités à mettre en demeure les parents du collège d'inscrire leurs enfants dans un autre établissement. L'école primaire, elle, devrait poursuivre ses activités. L'Inspection académique a effectué un second contrôle à l'école Saint-Projet de Bordeaux le 7 mai dernier. PHOTO THIERRY DAVID L'avertissement n'avait visiblement pas suffi. Les parents de la vingtaine d'élèves du collège Don Bosco Saint-Projet seront mis en demeure d'inscrire leurs enfants dans un autre établissement, ont indiqué hier après-midi l'inspecteur d'académie André Mercier et le recteur Jean-Louis Nembrini lors d'un point presse. L'établissement hors contrat lié à la paroisse traditionaliste Saint-Éloi et à l'Institut du Bon pasteur dirigé par le sulfureux abbé Laguérie s'était rendu célèbre suite à la diffusion le 27 avril sur France 2 d'un reportage en caméra cachée qui révélait des propos violemment antisémites, tenus par des enfants en salle d'étude. Le reportage mettait aussi en cause un professeur d'histoire qui déclarait ne pas aborder la Shoah dans ses cours « parce qu'on en parle assez comme ça ». Dans le même cours d'histoire sur la Seconde Guerre mondiale, il qualifiait De Gaulle de « déserteur » et disait de Pétain, qu'il avait « beaucoup fait pour la France ». L'annonce de la diffusion du documentaire a vraisemblablement précipité un premier contrôle de l'Inspection académique le 31 mars sur l'école Saint-Projet, et sur le collège Don Bosco, établissement attenant et géré lui aussi par l'Association d'enseignement populaire Saint-Projet. « L'ouverture aux autres » « Un certain nombre de carences ont été relevées et des observations ont été formulées à la direction des deux établissements », explique le recteur. Et celui-ci de pointer des éléments « fondamentaux » du socle commun, telle « l'ouverture aux autres » auxquels sont soumis tous les établissements, même ceux se situant hors contrat avec l'Éducation nationale. Si, selon André Mercier, un second contrôle opéré le 7 mai dernier pouvait laisser penser que l'école primaire était « en bonne voie de prise en compte des observations formulées », le collège n'a lui pas convaincu les inspecteurs. En cause, selon l'académie, notamment un enseignement scientifique « inexistant », et un enseignement de l'histoire « scientifiquement décalé ». Concrètement, il est reproché au collège de ne fournir aucun enseignement sur l'histoire des religions (hormis le catholicisme) et de distiller une instruction historique uniquement marquée par « une vision catholique du monde » qui, « en l'absence de cours d'instruction civique » ne permet pas aux élèves de « se former un esprit critique ». Le recteur a rappelé qu'il s'en tenait « au code de l'éducation », qui stipule qu'en matière d'instruction, « les parents n'ont pas le droit de tout choisir ». Poursuites possibles Si le collège n'est pas à proprement parler « fermé », les autorités ont mis en demeure la directrice du collège de leur fournir la liste des parents, afin qu'eux-même soient mis en demeure d'inscrire leurs enfants dans un autre établissement. « Si la mise en demeure n'était pas respectée, les parents s'exposeraient à des poursuites pénales », a précisé André Mercier. En clair, le collège existe toujours, mais les parents ne peuvent y inscrire leurs enfants. Une décision qui pourrait s'avérer lourde de conséquences pour l'Association d'enseignement populaire (AEP) Saint-Projet, présidée par Me Thomas Rivière, par ailleurs associé d'un grand cabinet bordelais spécialisé dans la défiscalisation patrimoniale. L'AEP avait ouvert le collège Don Bosco, un établissement qui se voulait une extension de l'école primaire, elle, ouverte en 2005. Thomas Rivière est par ailleurs associé gérant de la SCI baptisée Pacelli3 (du nom de cardinal du pape Pie XII) dont l'objet était notamment en 2009 l'acquisition et la gestion de l'immeuble situé à l'adresse du collège Don Bosco. Il existe en Gironde deux autres écoles confessionnelles hors contrat. L'une se situe à Saint-Macaire, et l'autre, l'école Saint-Georges se trouve au Bouscat. Celle-ci est rattachée à la Fraternité lefebvriste Saint Pie X, dont sont issus une partie des cadres de l'Institut du Bon pasteur. Cette école a été, selon André Mercier, « elle aussi contrôlée très récemment ».