L'histoire de Notre Dame du Sacré Cœur au Mas-Rillier - 2ème partie
le secrétaire du Comité d'Organisation des 10 ans du FC -  2010-03-08 21:16:21

L'histoire de Notre Dame du Sacré Cœur au Mas-Rillier - 2ème partie

Quand le jeune curé de Crosses vint pour la première fois faire sa retraite à Issoudun, il put lire déjà sur les murs du sanctuaire élevé à la Vierge au nom si nouveau, les nombreux témoignages de la reconnaissance des fidèles exaucés. Comment l'idée ne lui serait-elle pas venue de demander à Notre-Dame du Sacré-Cœur sa guérison ? Il le fit. Marie sourit au futur curé du Mas-Rillier. Elle fit mieux que le guérir. Appelé de la paroisse de Crosses à celle de Jussy-Champagne, il eut là l'occasion de s'entretenir pendant deux ans avec une sœur, garde malade de Madame de Bengy. Or, cette sœur, Marie Eudoxie, du Couvent de l'Immaculée Conception de Buzançais, fille spirituelle du Père Chevalier, avait été le témoin des merveilles opérées à Issoudun. Elle les raconte au Père Thomas. Il n'en fallait pas tant pour convaincre celui auquel la Vierge avait rendu la santé. Quand il quitta Jussy-Champagne pour le Mas-Rillier, Sœur Eudoxie lui fit promettre de faire aimer là-bas Notre-Dame du Sacré-Cœur. On affirme même que, devenue paralysée à la fin de sa vie, elle offrait toutes ses souffrances pour la Gloire de Notre-Dame du Sacré-Cœur au Mas-Rillier, et son nouveau curé. Rarement offrande fut plus sensiblement agréée. C'est donc le cœur bien décidé à faire de sa paroisse une paroisse toute dévouée à Notre-Dame du Sacré-Cœur, qu'il prit possession de sa nouvelle église en juin 1931. Il avait reçu sa nomination le 30 mai, veille de la fête de Notre-Dame du Sacré-Cœur. La patronne des causes désespérées n'était pas de trop pour être le courage de son cœur. Quelle vision que cette église délaissée, aux murs délabrés, lézardés ! Quand le premier dimanche il voulu habiller les enfants de chœur, il trouva, non quatre soutanes, mais deux jupes rouges et deux jupes noires dont s'affublaient les deux servants suivant l'office. Ainsi, l'abbé Vianney entrant à Ars, se sentait l'âme en détresse devant la pauvreté de son église. Aussi bien le Père Thomas fit comme lui, et à son exemple, résolut de commencer par l'autel. "Messire Dieu premier servi". Un jour donc, il descend à Lyon et fort des leçons de confiance reçues à Issoudun, se rend chez Monsieur Guinet, le sculpteur qui travaillait pour Lourdes, Ars, Fourvière. -"Je voudrais, lui dit-il, un autel en très beau marbre sculpté. A combien me reviendrait-il ? - Au bas mot, mon Père à 150.000 francs, puisqu'un simple autel de pierre revient déjà à 30.000 francs". Sans rien conclure, le Père Thomas invita Monsieur Guinet à venir au Mas-Rillier voir le choeur. Il vint et, la visite terminée, reprit la route de Lyon sans que rien n'ait été arrêté. Le prix était trop élevé. Mais voilà qu'arrivé à Rillieux (environ 4 km plus loin sur la route de Lyon), Monsieur Guinet dit à son chauffeur : "Retournons au Mas-Rillier". -"Mon Père, dit-il au Père Thomas, surpris de le voir revenir, je viens de me rappeler qu'en 1903, au moment de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, j'ai acheté le maître-autel des Dames de Nazareth de Lyon, qui partaient en exil ; il ne manque que la porte du tabernacle, qu'elles ont voulu garder en souvenir. Cet autel est dans mes sous-sols, je vais le faire retirer ; s'il est en bon état et s'il va dans votre église, je vous le vendrai à un prix avantageux". Une quinzaine de jours plus tard, le père Thomas descendait à Lyon et pouvait admirer le bel autel. -"Je vous le vends 25.000 francs, dit Monsieur Guinet, et si vous voulez l'appui de communion, qui est aussi très beau, je vous le cèderai pour 7.000 francs". -" C'est bien dit le Père Thomas, dans quelques jours je vous donnerai une réponse. En principe j'achète autel et appui." Le Père Thomas revint au Mas-Rillier. Que fallait-il décider ? Pouvait-il s'endetter de 32.000 francs ? Se souvenant alors du geste du Père Chevalier, il eut l'idée de faire une neuvaine à Notre-Dame du Sacré-Cœur et de lui demander un signe. -"Ma Bonne Mère, lui dit-il, si pendant cette neuvaine, je reçois un don inattendu, je verrai dans ce don le signe que vous m'enverrez ce qu'il faut pour payer l'autel". Trois jours après le Père Thomas eut la visite d'un monsieur de Lyon. -"Votre église, mon Père, a vraiment besoin de réparations. Permettez-moi de vous offrir ces 200 francs". Le signe demandé était accordé. Sans hésiter, le Père passa la commande. On raconte que venu un jour au Mas-Rillier pour préparer la pose de l'autel, Monsieur Guinet aurait dit à une parente du Père Thomas : -"Tout de même, comment Monsieur le curé me paiera-t-il ?" -"Oh, vous savez, lui fut-il répondu, il a dix sous et il a la Foi..." A suivre... PS : pour ceux qui voudraient se donner une idée, 1 franc de 1931 "vaut" 0.55850 € de 2009 (source INSEE). Et donc 32.000 francs représentent 17.872 € ce qui est une somme rondelette pour une paroisse minuscule. Quelle Foi !