Suite aux propositions de la Mission parlementaire sur le « voile intégral »
Bernard Joustrate - 2010-02-01 10:17:56
Suite aux propositions de la Mission parlementaire sur le « voile intégral »
Le Président du Conseil pour les relations interreligieuses de la Conférence
des évêques de France s’exprime, suite aux propositions de la Mission
parlementaire sur le « voile intégral »:
Comme Président du Conseil pour les relations interreligieuses de la
Conférence des évêques de France, je n’ai pas voulu prendre la parole
avant que la Mission parlementaire chargée de faire des propositions à
propos du « voile intégral » n’ait donné ses conclusions.
Je regrette que la Mission n’ait pas cru bon d’entendre l’avis des
responsables religieux chrétiens et juifs, alors qu’elle a reçu
d’autres courants de pensée. La lettre que j’ai écrite au Président de
la Mission aurait, au moins, mérité une réponse.
Le Conseil National du Culte Musulman, par son Président, Monsieur MOUSSAOUI,
a clairement déclaré que le « voile intégral » n’est pas un signe
religieux et que le Coran ne demande pas qu’il soit porté par les femmes.
Il faut raison garder. Le nombre de femmes portant le voile intégral étant
très limité, les décisions prises ne doivent pas conduire à stigmatiser
les croyants musulmans.
La proposition d’une résolution qui a l’accord des responsables du culte
musulman et, semble-t-il, des différents partis politiques peut être un
acte important. Mais je suis très réservé sur l’opportunité d’une loi
qui ne résoudra pas la question.
Si un texte de loi était adopté, le risque pour les femmes musulmanes
portant ce voile intégral est qu’elles ne sortent plus de chez elles et
soient encore plus marginalisées. Ainsi le résultat pourrait être
contraire à l’effet recherché et conduire, par réaction, à une
augmentation du nombre de femmes portant cet habit.
Les citoyens français, et parmi eux les catholiques, ne doivent pas se
laisser envahir par la peur et la théorie du choc des civilisations. Il est
essentiel de distinguer la majorité de nos concitoyens musulmans qui
demandent à pouvoir pratiquer librement leur culte et une minorité qui,
tout en se réclamant de l’islam, cherche à déstabiliser les
démocraties.
Si nous voulons que les chrétiens en situation de minorité dans les pays à
majorité musulmane disposent de tous leurs droits, nous devons dans notre
pays respecter les droits de tous les croyants à l’exercice de leur culte.
Le dialogue en vérité entre croyants permet de dépasser les méfiances
réciproques. Le chemin sera long et exigeant. La voie du respect mutuel
permettra d’améliorer le vivre ensemble dans notre pays.
Mgr Michel Santier, Evêque de Créteil