Des Jésuites aux USA (pour Scrutator Sapitentiae)
Eucher - 2010-01-15 17:10:50
Des Jésuites aux USA (pour Scrutator Sapitentiae)
Je reproduis ici un compte-rendu que j’avais posté avant votre inscription (original):
Pour l’effondrement des Jésuites aux É.U.A., le livre à lire c’est : The Re-Formed Jesuits : A History of the Changes in Jesuit Formation During the Decade 1965-1975 du R.P. Joseph M. Becker. San Francisco : Ignatius, 1992. Le contexte est américain mais les leçons ont une portée internationale.
La lecture du P. Becker n’est pas pour les nerveux : on en a des frissons d’horreur. L’analyse sociologique, inexorablement précise, de ce bon Jésuite donne une idée des tactiques utilisées par l’ennemi en 1965-1975.
Le premier chapitre décrit la formation jésuite telle que l’a connue l’auteur dans les années 30 : très édifiant et un bon modèle pour aujourd’hui ([re]mettez-vous au latin, MM. les abbés…). Le reste des deux tomes (le deuxième malheureusement lourdement censuré par les autorités jésuites contemporaines) explique, point par point, année par année, les résolutions passées dans la nuit, les grèves de séminaristes sans répercussion aucune, les démissions de supérieurs (très riche, par exemple, la petite note d’un recteur, affichée au babillard la nuit de son départ inopiné, recommandant aux prières des séminaristes… son prochain mariage !), l’abandon de la soutane, du latin, de s. Thomas, de la messe, du bréviaire, etc. Le tout avec documentation minutieuse à l’appui.
Le lecteur un peu éveillé prêtera attention aux noms des Jésuites qui, lors des assemblées, « meetings » etc. tonitruaient le plus haut en faveur de tel ou tel changement : on les retrouve en fin de chapitre parmi ceux qui quitteraient la compagnie, et aussi combien d’entre ceux-là le firent pour se marier.
La richesse de ce livre, hormis sa documentation inlassable, c’est le ton : calme et sans accusation aucune, l’auteur ne fait que relever les faits tels qu’ils sont disponibles à tout Jésuite qui voudrait consulter sa bibliothèque. La plus grande joie de ce Père, qu’il décrit avec un enthousiasme presque enfantin, c’est que le supérieur général l’a reconnu dans une foule et lui a dit du bien de ses recherches.
-Eucher