Hérode «(assassine) ces faibles corps parce que la peur assassine (son) cœur » (Ss. Innocents : lectures de l’Office)
Alexandre -  2009-12-27 20:30:41

Hérode «(assassine) ces faibles corps parce que la peur assassine (son) cœur » (Ss. Innocents : lectures de l’Office)

Le massacre des Innocents, par Rubens (Munich, Pinacothèque ancienne) Lundi 28 Décembre 2009 LES SAINTS INNOCENTS, MARTYRS I. BRÉVIAIRE ROMAIN (1568-1969) Premier Nocturne Du Livre de Jérémie, le Prophète (ch. 31; trad. de Lemaistre de Saci) 1. (vv. 15-17) Voici ce que dit le Seigneur: «Un grand bruit s’est élevé en haut, on a entendu des cris mêlés de plaintes et les soupirs de Rachel qui pleure ses enfants, et ne veut pas être consolée, parce qu’ils ne sont plus.» Voici ce que dit le Seigneur: «Que votre bouche étouffe ses plaintes, et que vos yeux cessent de verser des larmes, parce que vos œuvres auront leur récompense, dit le Seigneur, et que vos enfants reviendront de la terre de vos ennemis. Vos espérances enfin seront accomplies, dit le Seigneur, et vos enfants retourneront en leur pays. » 2. (vv. 18-20) «J’ai entendu Éphraïm lorsqu’il a été exilé: ‘Vous m’avez châtié, disait-il, et j’ai été instruit par mes maux, comme un jeune taureau qui est indompté; convertissez-moi, et je me convertirai à vous, parce que vous êtes le Seigneur mon Dieu. Car après que vous m’avez converti, j’ai fait pénitence; et après que vous m’avez ouvert les yeux, j’ai frappé ma cuisse dans ma douleur. J’ai été confus et j’ai rougi de honte, parce que l’opprobre de ma jeunesse est tombé sur moi.’ Éphraïm n’est-il pas mon fils que j’ai honoré, et un enfant que j’ai élevé avec tendresse? Ainsi quoique j’aie parlé contre lui auparavant je me souviendrai néanmoins encore de lui. » 3. (vv. 21-23) «Faites-vous un lieu où vous demeuriez en sentinelle, abandonnez‑vous à l’amertume; redressez votre cœur, et remettez-le dans la voie droite dans laquelle vous avez marché ; retournez, vierge d’Israël; retournez à ces villes où vous habitiez. Jusqu’à quand serez-vous dans la dissolution et dans les délices, fille vagabonde? Car le Seigneur a créé sur la terre un nouveau prodige: Une femme environnera un homme. » Voici ce que dit le Seigneur des armées, le Dieu d’Israël: «Ils diront encore cette parole dans la terre de Juda et dans ses villes, lorsque j’aurai fait revenir leurs captifs: ‘Que le Seigneur vous bénisse, lui qui est la beauté de la justice, et la montagne sainte.’» Deuxième Nocturne Sermon de saint Césaire, évêque (Sermon 222: CCL 104, 877-878) 4. Aujourd’hui, frères très chers, nous célébrons l’anniversaire de ces enfants qui furent massacrés par le roi Hérode, ce tyran cruel. Le texte de l’Évangile en rapporte le récit. Que la terre donc se réjouisse dans une suprême exultation! Elle fut la mère féconde de ces lutteurs célestes et de leurs si grandes vertus. Comprenez-le: la faveur de l’ennemi impie n’eût jamais pu être d’un tel avantage à ces bienheureux tout petits que ne le fut sa haine. Oui, la fête très sainte de ce jour le manifeste: autant l’iniquité s’acharna contre ces bienheureux tout petits, autant la grâce de la bénédiction se répandit-elle en eux. 5. Heureuse es-tu, ô Bethléem, terre de Juda: tu as enduré par la monstruosité du roi Hérode la suppression de tes enfants, mais tu as été jugée digne d’offrir à Dieu, en une seule fois, la blanche légion d’une pacifique enfance. A bon droit, nous célébrons leur anniversaire: en les enfantant à la vie éternelle, le monde les rendit plus heureux que ceux que fit naître le sein maternel. N’ont-ils pas obtenu d’être dignes de la vie éternelle avant d’avoir usé de la vie présente? 6. Dans la mort précieuse des autres martyrs, l’éloge porte sur leur confession de foi, pour ceux-ci, c’est leur holocauste qui attendrit. Dès l’aurore de leur vie naissante, la fin soudaine qui impose un terme à cette vie présente marque le début de leur gloire. Ces nourrissons que l’impiété d’Hérode arracha au sein de leurs mères sont justement appelés les fleurs des martyrs. Écloses au cœur même des frimas de l’infidélité elles surgissent, gemmes précoces de l’Église, et le givre de la persécution vient en quelque sorte les saisir. Troisième Nocturne Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu (2,13-18; trad. du Lectionnaire de 1964-65) 7. En ce temps-là, l’Ange du Seigneur apparut en songe à Joseph et lui dit: «Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, fuis en Égypte, et restes-y jusqu’à ce que je t’avertisse; car Hérode va chercher l’enfant pour le faire périr.» Joseph se leva, il prit l’enfant et sa mère pendant la nuit, et il partit en Égypte. Il y resta jusqu’à la mort d’Hérode, afin que s’accomplît ce que le Seigneur a dit par le prophète: D’Égypte j’ai appelé mon fils. Alors Hérode, se voyant joué par les mages, entra dans une grande colère; et il envoya tuer tous les enfants qui étaient à Bethléem et dans tous les environs, à partir de deux ans et au-dessous, d’après le temps qu’il s’était fait préciser par les mages. Alors s’accomplit ce qu’avait dit le prophète Jérémie: Dans Rama s’est fait entendre une voix, lamentation et longue plainte: Rachel pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, parce qu’ils ne sont plus. Homélie de saint Jérôme, prêtre (Commentaire sur saint Matthieu 2, 13-17: SC 242, 84-85.86-87) Quand il prend l’enfant et sa mère pour passer en Égypte, c’est de nuit qu’il les prend, au milieu des ténèbres, car il laisse la nuit de l’ignorance à ceux dont lui-même s’éloigne, aux incrédules. Mais quand il revient en Judée, l’Évangile ne parle ni de nuit ni de ténèbres, car, à la fin du monde, les Juifs seront illuminés en accueillant la foi comme le Christ revenant d’Égypte. 8. «Afin que s’accomplît ce que le Seigneur a dit par le prophète: D’Égypte j’ai appelé mon fils.» Qu’ils répondent donc ceux qui nient l’authenticité des livres hébraïques! Où peut-on lire cela dans la version des Septante? Ils ne l’y trouveront pas, et nous leur dirons que c’est écrit dans le prophète Osée, comme peuvent le prouver les exemplaires que nous avons récemment publiés. 9. «Alors s’accomplit ce qu’avait dit le prophète Jérémie: Dans Rama s’est fait entendre une voix, lamentation et longue plainte: Rachel pleure ses enfants.» De Rachel est né Benjamin; Bethléem ne se trouve pas dans sa tribu. On se demande donc comment Rachel pleure les fils de Juda, c’est-à-dire de Bethléem, comme les siens. Nous répondrons brièvement que Rachel fut ensevelie près de Bethléem en Éphrata; l’accueil de ses restes comme de ceux d’une mère lui aurait valu le nom de mère; à moins que ce ne fût à cause de la proximité des deux tribus de Juda et de Benjamin, et de l’ordre d’Hérode de mettre à mort non seulement les enfants de Bethléem, mais aussi de tous ses environs. II. LITURGIE DES HEURES (1971) Homélie de saint Quodvultdeus, évpêque [de Carthage, † v. 444] (Sermon 2 sur le Symbole, n. 4; texte latin: CCL 60, 339-340) Un petit enfant vient de naître: c’est le grand Roi. Les mages arrivent d’un lointain pays. Ils viennent adorer celui qui est encore couché dans la crèche, mais qui règne au ciel et sur terre. Quand les mages annoncent la naissance du Roi, Hérode est pris d’inquiétude; pour ne pas perdre son trône, il veut le tuer, alors que, s’il avait cru en lui, il aurait été ici-bas en sécurité, et dans la vraie vie, il aurait régné sans fin. Pourquoi as-tu peur, Hérode, en apprenant la naissance du Roi? Il ne vient pas pour te détrôner, mais pour triompher du diable. Et comme tu ne comprends pas cela, tu es inquiet et tu entres en fureur; et afin de perdre le seul enfant que tu recherches, tu es assez cruel pour en faire mourir un si grand nombre. Tu ne recules ni devant l’amour des mères éplorées, ni devant le deuil des pères pleurant leurs fils, ni devant les hurlements et les gémissements des tout-petits. Tu assassines ces faibles corps parce que la peur assassine ton cœur. Et tu t’imagines, si tu réalises tes désirs, que tu pourras vivre longtemps, alors que c’est la Vie elle-même que tu cherches à détruire. Celui qui est la source de la grâce, à la fois petit et grand, qui est couché dans la crèche, épouvante ton trône. Il agit par toi, sans que tu connaisses ses desseins, et il délivre les âmes de la captivité du diable. Il accueille les fils de ses ennemis et les adopte pour ses enfants. Ces tout-petits meurent pour le Christ sans le savoir, les parents pleurent la mort de ces martyrs; et ceux qui ne parlent pas encore, le Christ les rend capables d’être ses témoins. Voilà comment il règne, lui qui était venu régner ainsi. Voici que déjà le libérateur accomplit la libération et que le sauveur apporte le salut. Mais toi, Hérode, ignorant tout cela, tu es inquiet et tu entres en fureur; et tandis que tu t’irrites contre un petit enfant, tu lui rends déjà hommage, mais tu l’ignores. Qu’il est grand, le don de la grâce! Par quels mérites ces enfants ont-ils obtenu d’être ainsi des vainqueurs? Ils ne parlent pas encore, et ils confessent le Christ. Leurs corps sont encore incapables d’engager la lutte, et ils remportent déjà la palme de la victoire.