Dépassant le titre...
Ennemond -  2009-12-26 17:24:05

Dépassant le titre...

Ayant déjà indiqué sur ce forum pourquoi je continuais à fréquenter les lieux de culte de la Fraternité Saint-Pie X plutôt que les autres, je pense personnellement que les arguments de l’abbé Thierry Legrand sont justifiés. Que des évêques utilisent certaines communautés contre la Fraternité, c’est vrai (le diocèse de Versailles est exemplaire). Plusieurs utilisent même le clergé diocésain contre ces mêmes communautés. Cela ne veut pas dire que la mauvaise foi de l’évêque est partagée par celle du chapelain qu’il aura appelé, cela ne remet nullement en cause le bien qui se fait au sein d’elles et l’abbé Legrand ne désavoue pas le bien qu’elles peuvent procurer par leur apostolat. Que la FSSPX assure un combat public du point de vue doctrinal est reconnu. Certains responsables des communautés ED s’en sont d’ailleurs émus. Je trouve qu’il y a parfois contradiction chez certains. J’ai récemment dîné avec l’un d’entre eux. Il partageait ma condamnation de l’abandon de l’État catholique. Mais à partir du moment où je disais que le cardinal Ratzinger avait été un grand partisan de cet abandon, il ne partageait plus la même opinion. La réalité, c’est que la Fraternité constitue un appel d’air sur toute l’Église en faveur d’une restauration de la Tradition et les communautés ED sont les premières bénéficiaires de cet appel d’air. Lorsque Benoît XVI a libéré la messe, lorsqu’il a ouvert les discussions doctrinales, il l’a justifié à chaque fois par les relations avec la FSSPX. On pourrait poursuivre en ajoutant que l’abbé Legrand a oublié deux points essentiels fondant cet appel d’air : - Une dépendance des évêques qui empêchent d’avoir quelque visibilité que ce soit dans un grand nombre de diocèses. - Le manque d'un épiscopat pleinement catholique pouvant garantir la formation, la prédication et le témoignage de la foi. Si on s’assure les services de prêtres venant de communautés indépendantes pour éviter le clergé local, je ne vois pas pourquoi on ne devrait pas tout entreprendre pour s’affranchir d’évêques locaux qui, le lendemain, vont faire des catéchèses éloignées de la foi ou des cérémonies œcuméniques. Au-delà des arguments présentés, l’abbé Legrand utilise un vocabulaire privatif : il présente les manques des communautés ED. Il aurait pu signaler les apports que procure la FSSPX. Son choix est légitimé par le fait qu’il s’adresse aux fidèles de la chapelle qu’il dessert plutôt qu’aux liseurs du FC qui vont se sentir affectés. Le témoignage de Maître Parfu montre enfin que cette prise de parole n’est pas l’essentiel des prédications du chapelain de Versailles. Les manques des communautés ED sont fort connus. On connaît tout aussi bien celui de la FSSPX (l’irrégularité canonique). On peut légitimement la reprocher sans tomber dans les panneaux de La Vie qui va broder sur des aspects politiques qu’elle soupçonnerait tout aussi bien chez les communautés ED. En 1988, des prêtres ont passé des nuits blanches à trancher, d’un côté comme de l’autre car le choix était grave. Cela n’enlève rien aux motivations et au fond. Mais il est certain que le choix de 1988 n’était pas uniquement fondé sur du folklore ou sur des sentiments, mais sur des problèmes de fond qui demeurent, sur une situation trop instable. L’issue de la crise ne se trouve pas dans le tiédissement général (union des cœurs et autres bisounourseries) mais dans l’exigence. La politique des préalables (côté FSSPX) comme celle des non-signataires (côté FSSP) l’ont prouvé. On a besoin de prêtres exigeants. Lire des éloges mutuels avant la fin des différends (tant doctrinaux, liturgiques que canoniques) dans les publications de ces deux communautés est, me semble-t-il, une préoccupation annexe, même si elle fait parfois souffrir d’un côté, comme de l’autre.