Pas d'accord : ni sur l'opposition pastoral/doctrinal, ni sur le magistère
Charlier -  2009-10-15 17:57:01

Pas d'accord : ni sur l'opposition pastoral/doctrinal, ni sur le magistère


Pourquoi donc utiliser volontairement le terme de pastoral en opposition à doctrinal si ce n'est pour établir une distinction ?

Votre question, pour être logique, devrait être inversée. Il faudrait dire : "Pourquoi utiliser volontairement le terme de pastoral en le distinguant du terme doctrinal si ce n'est pour les opposer ?" Le texte établit, certes, une distinction, claire. Mais attention : en bonne logique, une distinction ne veut pas dire une opposition. Moins encore une contradiction. En l'occurrence, les termes mêmes des documents montrent qu'il n'y en a pas. Paul VI dit :

"Le magistère, bien qu’il n’ait pas voulu définir aucun chapitre doctrinal au moyen de sentences dogmatiques extraordinaires (...)"

Selon le sens clair de ce texte, l'affirmation de Paul VI porte sur ce "au moyen de". Il indique que le Concile n'a pas eu recours à des formules dogmatiques, comme celles qu'on voit dans la plupart des conciles antérieurs. La formule dogmatique, c'est la formulation ramassée d'une vérité (devant être tenue dans la foi) dans une proposition unique, assortie de la condamnation de la proposition contraire, ou dans une proposition qui s’exprime directement par voie négative ("si quelqu'un dit que... qu'il soit anathème"). Cette modalité d’expression (ou formulation), en effet, n’a pas été utilisée à Vatican II, lequel "a évité de promulguer des définitions dogmatiques solennelles". Cependant, le même texte indique que l'absence de recours à ce type de formulation n'exclut pas l'autorité de la doctrine présentée. Cela est dit, une fois encore, de manière explicite : "(Le Magistère) a cependant proposé sa doctrine avec autorité au sujet de nombreuses questions, à laquelle les hommes sont tenus de conformer aujourd’hui leur conscience" Il est ainsi clairement indiqué qu'il s'agit d'un enseignement magistériel - "le magistère ordinaire et manifestement authentique" - qui oblige en conscience. Traduction : sous peine de faute, puisque la conscience oblige comme telle. Si vous relisez bien ces textes, vous verrez que le mot "pastoral" est utilisé pour exclure le recours à des formules ou à des définitions dogmatiques, mais pas du tout pour exclure le caractère doctrinal de l'enseignement, ni sa force contraignante. Sur la question du magistère, il m'est impossible, comme catholique, de vous suivre. Vos affirmations sont explicitement contredites par Vatican I. Vous confondez la question de l'infaillibilité pontificale (du pape), telle qu'elle s'est exprimée par exemple par la définition du dogme de l'Assomption et la question de l'infaillibilité (ou l'inhérence) attachée aux enseignements du magistère ordinaire et universel. Je suis très étonné que vous puissiez invoquer l'autorité de l'abbé Lucien sur cette question car ce dernier, précisément, tout au contraire de ce que vous semblez croire, a rappelé avec force, dans l'ouvrage que vous évoquez (qui n'était pas un pavé, si ce n'est dans la mare), l'enseignement très certain de l'Eglise sur ce point. Je me permets donc de vous inviter à le relire, parce que ce point est très important et que nous n'avons pas la liberté d'en discourir selon nos propres vues. Si les sédévacantistes disent la même chose, ce n'est pas cela qui doit suffire à dire que leur affirmation est fausse. Je ne partage pas bien de vos positions ; si vous dites qu'il fait beau, et qu'il fait effectivement beau, ce n'est pas parce que nous sommes en dissentiment sur bien des choses que je vais dire qu'il pleut.