Libéral ? Non : tridentin
Abbé Guillaume de Tanoüarn -  2009-07-10 19:47:32

Libéral ? Non : tridentin

Cher Tibère, Vous avez raison de mettre en cause la faisabilité de cette gouvernance mondiale de "quelques hommes droits" (n°70). Mais si vous renonciez à créer un échelon politique international, alors vous laisseriez, pour tout ce qui concerne le travail et la circulation des richesses, le dernier mot toujours aux entreprises mondialisées. Et laissant le dernier mot à ces grandes entreprises, toujours capables de passer entre les mailles du filets à gros trous que forment les Etats nations, vous prorogez indéfiniment le règne du libéralisme spéculateur et sans terre. La liberté de quelques individus l'emportera toujours sur le semblant d'ordre qu'un Sarko II ou un Sarko III essaierait de faire règner dans l'Hexagone. Peut-être faut-il en rester là et ne pas chercher à améliorer l'organisation sociale, au risque un jour que l'Horreur économique, déjà prophétisée par Marx (théorie de la paupérisation universelle) ne soit une réalité non seulement dans certains Pays du Tiers monde ou même dans des pays émergents (la Chine, où les conditions de vie moyennes sont souvent épouvantables) comme aujourd'hui, mais aussi dans nos Pays dépouillés de leurs industrie et dont les populations, à proportion de leur savoir faire, seraient contraintes à émigrer pour trouver du travail. En ce cas - excusez moi je ne vous connais pas - mais c'est Babakoto qui a raison. Reconnaissons d'ailleurs que ce libéral-là est éloquent et qu'il parle d'or : pourquoi vouloir transformer le Marché ? Pourquoi imposer à la Planète un message éthique ? Il faut que les individus se prennent en charge eux-même et qu'ils changent par eux mêmes. Ce n'est jamais sans appréhension que l'on voit l'autorité politique se transformer en agent moral, parce que cette morale-là c'est celle qui filtre l'automobiliste à 135 sur l'autoroute et qui absout l'avorteur. De toute façon comme disait Bainville tout a toujours très mal marché. Cher Tibère, vous imaginez bien que je ne suis pas un fanatique de la gouvernance mondiale. Je crois néanmoins qu'il faut choisir entre ces processus d'organisation et de moralisation du Marché, en provenance d'autorités politiques nationales d'abord, mais aussi, subsidiairement, internationales... et le libéralisme, qui certes force les individus à se prendre en charge mais laisse sur le carreau ceux qui ne peuvent ou ne savent pas le faire. Une chose est sûre et les tradis devraient s'en réjouir : Benoît XVI n'est pas un libéral. Avec cette encyclique, il a choisi son camp. Autre chose - qui n'est pas dans l'encyclique mais décrit assez bien la diplomatie pontificale : cette autorité politique mondiale empêcherait l'affirmation exclusive d'une hyperpuissance, les Etats unis hier, la Chine demain, au bénéfice - on peut toujours l'espérer - d'arbitrages vraiment justes. Et à propos d'Hyperpuissance, juste une idée sur le mondialisme, qui occupe en ce moment les congressistes de Renaissance catholique : le mondialisme me semble aujourd'hui le faux nez idéologique de l'Hyper-Puissance américaine. Et pas grand chose d'autre : l'Inde et la Chine sont en pleine mondialisation certes, mais ces puissances émergentes n'ont pas mordu au mondialisme. On peut dire que le pape, de son côté, avec beaucoup de courage et aussi de doigté, est à l'opposé de ce mondialisme dans sa diplomatie. Je pense au rare courage qu'il a eu lors de sa visite en Israël et en Palestine... Je voudrais simplement justifier le titre de ce post avec le dernier point : cette idée d'un gouvernement mondial, on la trouve évidemment chez Jean XXIII dans Pacem in terris. Mais on la trouve aussi au milieu du XVIème siècle (à l'époque du concile de Trente) chez Vittoria et dans la scolastique espagnole : Charles Quint n'était-il pas l'empereur très catholique sur le domaine duquel déjà le soleil ne se couchait jamais ? N'avait-il pas vaincu le roi de France à Pavie ? Les dominicains thomistes ont sûrement vu en lui le roi du monde...