LEXPRESS.fr et la déontologie
Eric Mettout -  2009-03-24 10:00:54

LEXPRESS.fr et la déontologie

Cher Azerty, Je vais répondre moi-même, rédacteur en chef de LEXPRESS.fr, puisque j'ai signé l'essentiel des propos que vous citez dans votre article et que vous me mettez donc directement en cause. En préambule, je me permets de revenir sur votre première phrase: "Des catholiques ont osé leur répondre. Oui, à eux, journalistes!". Pour vous rappeler, rien d'autre, que ces réponses, c'est nous qui vous incitons à les poster sur notre site, en regard du ou des articles qui ont déclenché votre courroux. Quelle arrogance, effectivement... Cela dit, et dans l'ordre: 1. L'Express a une longue tradition de "trahison", s'est beaucoup "vendu", a souvent "mouchardé". Quand il a dénoncé, avec JJSS, la torture en Algérie, par exemple. Quand il a dénoncé avec Robert Badinter la peine de mort, c'est est un autre. Quand il a dénoncé, avec Françoise Giroud, la condition faite aux femmes, un troisième. Et ces derniers, en vrac, quand il a dénoncé les dictatures castriste, soviétique, birmane, les atteintes aux droits de l'Homme, la guerre en Irak, le terrorisme islamiste, les écoutes téléphoniques illégales, les scandales de la corruption en Ile-de-France, l'assassinat de Mehdi Ben Barka. Quand nous estimons que le pape et la haute hiérarchie catholique dérapent, et il l'ont fait selon nous à trois reprises ces dernières semaines, nous le dénonçons. Oui, évidemment, c'est notre rôle. 2. Je ne reviens pas sur mon préambule: vous n'avez pas le droit de vous défendre mais nous vous ouvrons, comme à tous ceux qui en respectent les règles (de courtoisie, notamment), les pages de notre site... On est loin de vouloir "faire interdire" les blogs catholiques, n'est-ce pas? Ce n'est pas la "contre-attaque" en elle-même qui fait l'objet de notre article, mais sa soudaineté, l'étrange similarité des arguments et des références avancés, leur terminologie et quelques autres signaux qui nous ont déjà alertés en d'autres circonstances, quand un afflux soudain d'internautes inconnus sont venus défendre la Russie pendant le conflit géorgien, quand des afflux soudains d'internautes pro-chinois viennent défendre Pékin à l'évocation de la répression au Tibet, quand des afflux soudains de musulmans intégristes ponctuent chacune de nos enquêtes sur les dérives de l'islam, etc. Nous ne parlons pas de "communication concertée", nous constatons. 3. Nous ne relayons en aucun cas la "propagande gouvernementale" (quelle propagande gouvernementale?) Nous reprenons les conclusions, scientifiques, statistiques, de terrain, de la quasi-totalité des soignants, chercheurs, organisations, non gouvernementales pour le coup... sur le sujet: le préservatif est à ce jour la meilleure prévention contre l'épidémie de sida. Je reconnais que la formulation de ma réponse sur Famille chrétienne était très maladroite: ce que notre article a relevé c'est qu'aucun des (nombreux) commentaires évoquant l'interview réalisée par ce magazine d'un dirigeant africain n'avait sourcé cette citation... comme si la sourcer (puique visiblement son origine était déjà connue) eut nuit à son efficacité. Vous avez raison: j'interprête... 4. Il n'est pas question de "doctrine officielle", mais de l'avis quasi-unanime de ceux qui, de notre point de vue, ont sur ce sujet un avis légitime: encore une fois les chercheurs, les soignants et les personnels de terrain. Quelque respect que je porte (ou non, d'ailleurs) à Benoît XVI, ses avis ne font effectivement pas partie de ceux que nous considérons comme scientifiquement et "objectivement" (puisque c'est le manque d'objectivité qui est au centre de votre message) autorisés sur cette question. Sa position est dogmatique, par essence. Quant à Edward Green, il reflète un avis ultra-minoritaire, comme peut l'être, toute comparaison bue, celui de Claude Allègre sur le réchauffement climatique. Tous deux sont des scientifiques respectables: nous ne jugeons pas, en notre âme et conscience, dans l'état de nos propres connaissances, qu'ils aient raison, l'un comme l'autre, contre pratiquement tous les autres. Par ailleurs, ni Edward Green, ni Jeanne Smits n'ont jamais dit comme Benoît XVI que la distribution de préservatifs aggravait le problème... 5. Les sondages montrent que la grande majorité des Français est hostile au pape (vous allez me dire que les sondages, comme les journalistes... il se trouve que quand ils sont aussi concordants, ils reflètent une réalité, qu'elle vous plaise ou non), les chiffres de nos propres outils de consultation sont sans appel, entre 70 et 80% de nos internautes ont le même avis sur le sujet. Nous avons donc trouvé étrange que, très brutalement, en l'espace d'à peine quelques heures, une série de messages lui étant favorables, utilisant encore une fois les mêmes arguments, les mêmes références (Green, Plunkett, Famille chrétienne, Eolas, Compoaré), voire les mêmes mots, s'abattent sur notre site - et sur d'autres dans à peu près les mêmes termes. Nous n'arrivons pas à nous convaincre que la seule utisation de Google soit à l'origine de cette coïncidence: si c'était le cas, les messages seraient différents et nous devrions en toute logique retrouver une proportion au moins équivalente de messages contradictoires. Ce n'est pas le cas. 5. L'amalgame ne vient pas de nous. Si trois affaires aussi troublantes, et qui troublent autant la communauté des catholiques, se sont succédés en quelques semaines, vous reconnaîtrez que nous, infâmes suppôts de la pensée unique, n'y sommes pas pour grand chose: nous n'avons pas levé l'excommunication d'un évêque négationniste, nous n'avons pas excommunié une mère et les médecins ayant avorté sa fillette de neuf ans, nous n'avons tenu aucun propos sur les dégâts provoqués par le préservatif dans la lutte contre le sida. Vous évoquez évidemment le point Godwin, qui conduirait toute débat un peu vif à évoquer le nazisme et la Shoah. Il se trouve qu'en l'occurrence, c'est à Mgr Williamson que vous devriez adresser ce reproche. Et si nous l'avons évoqué en réponse à vos commentaires, c'est en réponse à une question qui nous avait été posée et qui rapprochait notre article de ceux que nous avions écrit à l'occasion de l'affaire des évêques lefebvristes. Donc, si quelqu'un, ici, use de sophisme, c'est vous et seulement vous. Une dernière chose: je croyais que le respect, la courtoisie et la tolérance s'enseignaient dans les églises. Vous avez visiblement, cher Azerty, manqué quelques cours de cathéchisme.