Message nanterrien qui mérite un nanterrement
Alcindor -  2009-03-14 01:46:03

Message nanterrien qui mérite un nanterrement

Je vois, à 4000 km de distance, que l'ethnocentrisme français appréhende mieux certains événements que Rome (Cardinal Re soutenant l'archeveque brésilien Sobrinho, par lettre signée de Rome, que Mgr Daucourt dit ne pas avoir lu entièrement.. Tant mieux ! S'il l'avait lu entièrement, en tout état de cause, il se mettrait en faux contre Rome ; l'ignorance le blanchit donc du grief de désobéissance). Meilleure appréhension française enfin, qu'un éveque sur place, lequel administre son diocèse sans demander hélas l'avis des éveques de la Transnystrie, d'Ossétie du Sud ou du Karabah (avis qui doit être scrupuleusement observé, on le sait bien, vu l'importance de ces métropoles religieuses de dimension mondiale, un peu comme Nanterre). Tant mieux pour l'esprit franchouillard donneur de leçons qui reste donc bien vivant. A 4000 km.... Néocolonialisme jacobin face aux pays du Sud ? Arrogance de l'esprit français se targuant de tout connaître des tenants et aboutissants ? Un viol est aussi grave qu'un avortement, peut-être : l'un détruit une vie spirituelle, l'autre détruit une vie physique. Mgr Daucourt dit "toute vie n'est pas que physique" (mais ne joue-t-on pas un peu sur les mots, ici ? une vie sera blessée, l'autre supprimée définitivement : nuance) Mais pour la petite fille, Mgr Daucourt doit savoir sans doute aussi que l'avortement subi à 4 mois (4 mois, 15 semaines, 2 jumeaux) n'a surement que rajouté en souffrances au viol et aux coups déjà subis par la fillette. Violée par son beau-père, avortée par des médecins. Continuation destructrice. La mort apportée dans son ventre par sa propre mère cédant aux sirènes. Non, vous pensez donc : excommunier cela, ça ne peut se faire, on pourrait heurter des sensibilités, les mots font parfois plus mal que les actes ! Et voilà qu'on va défendre la mère ou les médecins "condamnés par l'Eglise", pour condamner surtout l'éveque qui, faisant son travail de pasteur et de guide des consciences, excommunie la mère pour signaler la gravité du fait de tuer deux vies et d'en détruire une autre (=sa fille déjà éprouvée, en effet toute vie n'est pas que physique, l'archeveque brésilien le savait donc bien, cher Mgr Daucourt !) en même temps. On aurait pu sinon, aider l'archeveque brésilien en expliquant à quoi sert une excommunication et quel est son sens profond, ne condamnant pas les personnes mais leurs actes, et les responsabilisant ainsi, sachant accueillir le pardon au cas où il y aurait regret. On préfère réfléchir en termes d'images données par l'Eglise aux yeux du monde, sur la forme plus que sur le fond. "Erreur de communication, mon cher confrère Brésilien" ! Moi j'ai fait des études de marketing : vendons mieux l'Eglise ; je propose d'ailleurs, à la place d'excommunication, un terme novlangue plus accueillant, inventé par Séguéla payé pour réfléchir à la question : "le mise temporaire sur le banc de touche dans un but éducatif et de repentance" : ça fait sportif et tendance, ça séduira. On peut dire aussi "Carton rouge". Oui, plaignons cette mère excommuniée et prions pour sa repentance, et je m'étonne donc qu'au milieu de tels drames, certains pensent simplement "à l'image" que l'on donne et qu'en matière de communication, "le message ne passe pas", "les gens ne comprennent pas l'excommunication" (de même qu'ils n'ont pas compris pourquoi Jésus avait pris le fouet pour chasser les marchands du temple, ça a cassé son image de Bitnik peace and love qu'on veut lui faire endosser à Nanterre en mai 1968 ou après). l'Eglise doit-elle devenir un Sépulcre blanchi , pour plaire aux gens de ce monde et du fait même concrètement ne plus stygmatiser autant l'avortement de 2 bébés de 4 mois, relativisé face aux éléments dramatiques qui entourent cet acte ? Soignons donc désormais notre image. Soyons propres sur nous. "Ayons le monopole du coeur". En tout cas, Mgr Daucourt fait bien de le préciser : il est contre l'avortement. Absolument. Rédhibitoirement. Systématiquement. Il valait mieux, en effet, qu'il le précisât en préalable ; sans doute avait-il peur que l'on en doutât à la lecture de la suite de sa lettre. En matière de message, en effet, voir deux éveques diverger publiquement (le second donnant des leçons de métropolitain au premier, lequel est pourtant archeveque), ça me brouille un peu les pistes. Finalement, pour juger de l'opportunité de cette lettre publique (publique puisque "lettre ouverte" et puisqu'il faut faire de la Comm') : chacun voyant ce débat épiscopal au sommet pensera désormais sans doute ce qu'il veut en matière d'avortement ; "chacun sa vérité". Vérité Gallicane ou romaine. Brésilienne ou française. Intolérante et bête ; ou tolérante, "ouverte" et fine comme la prose de Mgr Daucourt. Qu'apportera à terme ce genre de discours nanterrien ? De la confusion sur le sujet. Message nanterrien qui mérite donc un nanterrement. Prions pour l'Eglise, mes frères !