Ce texte baigne dans la difficile conciliation de postulats incompatibles
Gentiloup -  2009-03-04 14:31:09

Ce texte baigne dans la difficile conciliation de postulats incompatibles

Car ce prêtre peut difficilement aller beaucoup plus loin sauf à se mettre en rupture avec l'église conciliaire.

Par conséquent, pour autant qu'il soit légitime de discuter sur le Concile, nous devons admettre que, si on veut trouver un point d'équilibre entre les différentes "âmes" de l'Église, on ne le trouvera probablement que dans la lettre du Concile lui-même, fruit des efforts des pères conciliaires, de la sage médiation de Paul VI et, surtout, de l'assistance de l'Esprit Saint

Vous avez raison, cher Vianney, je ne m'étais pas assez arrêtée sur cette conclusion. Je l'ai prise davantage pour une façon diplomatique de se sortir de sa situation inextricable qui est d'être à la fois DANS cette église concilaire et de vouloir en même temps en sortir. Car dans les faits son développement contredit complètement sa conclusion, notamment le paragraphe 2 intitulé "La valeur du Concile". J'en prends quelques exemples:

Vatican II a été convoqué et s'est présenté lui-même comme « Concile pastoral ». Que je sache, c'était la première fois dans l'histoire de l'Église qu'était convoqué un Concile pastoral. Tout au plus, il y avait eu des conciles disciplinaires, qui, comme par hasard avaient tous connu de retentissants échecs (comme cela se produisit pour le Concile Latran V, qui peu avant le Concile de Trente avait tenté en vain de réformer l'Église de l'époque) ; mais des conciles pastoraux, jamais. Habituellement les conciles étaient convoqués pour définir la doctrine en laquelle croire ; cette fois par contre cela était exclu ex professo:

Ou encore dans le paragraphe 3: l'interprétation du concile:

si nous voulons interpréter correctement Vatican II, nous devons toujours nous rappeler qu'il s'agit, comme nous le disions, d'un Concile pastoral : cela signifie qu'il a un caractère contingent, lié aux conditions de l'Église et du monde du temps dans lequel il s'est déroulé.


Second critère : le Concile a émané des documents variés, pas tous de même valeur (*) : il y a quatre constitutions, neuf décrets et trois déclarations. Il ne serait pas correct de mettre sur un même plan une déclaration et une constitution. Ces mêmes constitutions n'ont pas toutes la même valeur : une d'elles, celle sur la liturgie, n'est définie par aucun adjectif ; deux, celle sur l'Église et celle sur la divine révélation, se déclarent « dogmatiques » (quoiqu'elles ne définissent pas de nouveau dogme) ; la dernière, Gaudium et spes, se présente comme une constitution « pastorale ». Je crois qu'il est important de recourir à ces critères herméneutiques, parce qu'en fait, les principales contestations des traditionalistes au Concile portent, comme par hasard, sur des déclarations, et pas sur des constitutions dogmatiques : ce que les lefebvristes critiquent le plus dans le Concile, c'est la liberté religieuse (Déclaration Dignitatis humanæ) et le rapport avec les religions non-chrétiennes (Déclaration Nostra ætate). Il me semble que, sur la base des critères herméneutiques exposés plus haut, il est plus que légitime de maintenir sur de tels sujets des positions diversifiées.

Cela ne signifie pas que le concile soit réformable, je ne suis pas en mesure de me prononcer à ce sujet, ni que les textes eux-mêmes, du conciles soient sains. Bien au contraire, s'ils étaient sains d'un point de vue traditionnel, ils n'auraient même pas rencontré de controverse. Ce que ce prêtre ne voit pas ou refuse de mettre en exergue, c'est que le "puissant lobby" qu'il met en cause n'était pas innocent et a non seulement introduit le libéralisme dans l'Eglise mais l'a fait en toute conscience. Et lorsqu'il n'a pas pu introduire des éléments contradictoires par rapport à la Tradition, ce que vous avez raison de souligner, il a du moins introduit des ambiguïtés propres à laisser libre court aux interprétations les plus libérales, les plus progressistes et les plus modernistes. Mais déjà reconnaître que ce concile n'est pas le caractère de l'infaillibilité et qu'il a été dirigé par un puissant lobby libéral est, me semble-t-il un pas gigantesque dans le bon sens. Il me semble que si de tels constats étaient opérés au niveau des plus hautes autorités de l'Église les discussions doctrinales (ou colloques) pourraient être entamées sur de bonnes bases. Je crains que par la force des choses ou par une obstination volontaire, nous en soyons encore très loin. Mais je ne veux pas exclure l'hypothèse que les choses avancent dans le bon sens, car ensuite il ne reste pas beaucoup de solutions pour comprendre la situation: - Soit nous sommes dans une phase irréversible de la fin des temps. - Soit le siège de Pierre est vide et nous serions dans une phase que je ne décèle pas dans les Écritures. Mais il est vrai que je suis loin d'avoir les connaissances pour chercher si loin. Or comment ne pas faire effort pour comprendre? Et pourquoi se résigner?