D'expérience...
Justin Petipeu -  2008-10-17 18:52:56

D'expérience...

Vous posez apparemment une question fort simple mais en fait fort personnelle et délicate et je ne vois pas comment y répondre convenablement sans se raconter un peu. Si je peux vous dire tout de suite que je suis viscéralement attaché au rite traditionnel de la messe, je suis obligé de vous toucher deux mots de mon expérience de catholique lambda...au risque de vous ennuyer. J'ai grandi dans le NOM. Eh oui ! Oh ce n'était pas "Allélou, allélouia" ni "Marie la boulangère". Une messe fort belle, dos au peuple, avec le propre chanté intégralement et fumées d'encens en veux-tu en voilà. Bref, le genre de cérémonie que n'oserait même pas imaginer M. Crouan dans un de ses plus beaux rêves. Qui plus est, toujours célébrée par de saints prêtres, âgés, dévoués, exemplaires et on ne peut plus catholiques. Et pourtant, sans vouloir les accabler le moins du monde, je suis obligé d'admettre que lorsque je rejoignis la FSSPX, quelques mois après les sacres, je compris que j'étais passé à côté de quelque chose. Loin de moi l'idée de vous dire que je compris ce qu'était la messe, la largeur et la profondeur de l'amour de Dieu mais il me sembla alors que je l'entrevis, au moins. Même de loin et très imparfaitement, avec les mêmes ornements, les mêmes chants et la même "pompe" - pour simplifier -. Eh bien croyez-moi cela n'avait rien à voir. Et de même que l'on approche le mystère, d'une manière aussi imparfaite on redécouvre le sacerdoce et pourquoi en vérité, un prêtre est "plus qu'un ange". Vous me direz "c'est un peu court, jeune homme !" Je le sais bien que c'est un peu court, mais comment vous l'expliquer ? La beauté, la ferveur, des prières sublimes ciselées comme des diamants, les chants, les gestes...et les silences ! Lorsque je suis venu du NOM, ce qui m'a le plus attaché au rite traditionnel, c'est sans doute cette certitude, tout d'un coup, d'avoir trouvé le chaînon manquant. Méchante expression qu'il convient d'expliquer. Tout devient clair ; la liturgie romaine, son histoire, la justesse de ses rubriques, la sincérité de ses fêtes, l'harmonie de ses rites...et j'en passe ! J'ai le souvenir de trois puissantes conférences données par un prêtre de haute volée de la FSSPX sur la messe et la liturgie...Comme c'était bon de l'entendre ! Chaque prière nous faisait remonter dans le temps, chaque salut, chaque signe de croix, chaque génuflexion, chaque article avait sa place et à l'écouter l'on se disait intérieurement : "Bien sûr, c'est évident ! et comme c'est beau !" Le dernier évangile nous faisait frayer avec les prêtres fidèles de la crise arienne. L'élévation nous affermissait contre Bérenger de Tours. Nous disions le pasume Judica me avec les chrétiens du IXème siècle et le diacre, chantant l'Evangile tourné vers le nord, semblait du même coup nous montrer les barbares (les païens) menaçant la Rome chrétienne. Ajoutez à cela que la messe romaine s'est forgée doucement et harmonieusement au cours des siècles, non pas aux dépens des rites locaux mais s'en appropriant le meilleur et le réglant avec les cérémonies de la Ville éternelle, et nous avions devant nous tous les jours, et surtout tous les dimanches, un culte d'un équilibre, d'une sobriété et d'une sainteté que rien ne peut ni remplacer, ni changer...et surtout pas une commission d'experts, comme le disait le cal Ratzinger.