merci du compte rendu d'Ennemond
Luc Perrin -  2008-09-29 13:09:16

merci du compte rendu d'Ennemond

Juste quelques précisions : 1. le temps imparti à chacun était très court : 10 minutes en théorie, même avec quelques dépassements. Chaque point abordé pouvait être traité parfois très longuement. Il y avait à dire sur la lecture en terme de "rupture" inacceptable de toute critique de la Forme ordinaire, faite par C. Geffroy. Il y aurait eu aussi beaucoup à dire sur l'idée développée par le P. Schubert, C. Geffroy, un peu par le P. Leborgne, sur la territorialisation de la vie ecclésiale comme donnée exclusive de tout autre, ou presque. La paroisse territoriale devant être l'alpha mais aussi l'omega. Cette idée a d'ailleurs été évoquée par d'autres intervenants. Elle me semble à contre-courant de l'histoire de l'Eglise depuis au moins 50 ans et constituer une régression, et même un rêve proprement "réactionnaire" par rapport à la vie sociale spécialement dans les centres urbains qui concernent aujourd'hui l'immense majorité des Français et des Européens. J'avais étudié longuement dans ma thèse la paroisse Saint-Séverin qui aspirait à être une paroisse communautaire de type "village dans la ville" et qui, pourtant, tenait sa réussite et l'affluence à ses messes à son statut social de "paroisse d'élection", drainant son public de tout Paris et même au-delà. A l'époque, ni le curé ni un délégué de l'archevêque ne comptait les plaques d'immatriculation étrangères à la Seine pour avoir accès à l'église... L'accueil de "groupes particuliers", les "paroisses personnelles", pour ce qui regarde les traditionalistes, doit être replacé dans un cadre beaucoup plus vaste : la capacité de l'Eglise à faire coexister des groupes affinitaires en maintenant la communion à l'évêque. Cela dépasse de très loin l'application du Motu proprio, qui n'en est qu'une des nombreuses facettes. Ignorer la société contemporaine et ses modes de vie au service d'une idéologie paroissialiste de type Ancien Régime ou XIXe ne me paraît pas être très sage pour guider la pastorale. Remarquons que l'Evêque de Rome a créé dans son diocèse une paroisse personnelle et qu'il doit bien savoir que cette disposition prise par le Pape, aussi Evêque de Rome, n'est pas contraire ni à la lettre (article 10) ni à l'esprit de ... son Motu proprio. Que cette paroisse personnelle a été confiée à la FSSP, soit un institut de prêtres traditionnels, ce qui, là encore, ne doit pas être contraire à l'esprit dudit Motu proprio. Une certaine défiance a pu être entendue, à Versailles, chez de nombreux intervenants, à l'égard des prêtres non diocésains : c'est un discours qui vient, on le sait, de plus haut mais en tout cas qui ne saurait se couvrir d'aucune approbation romaine, bien au contraire. Préjuger d'une sorte d'incapacité structurelle des sociétés de prêtres à s'insérer dans un diocèse me paraît, là encore, ignorer toute l'histoire de l'Eglise ... rien que cela. Les exemples abondent de paroisses et d'apostolats divers confiés par les évêques à des congrégations et instituts, pour le plus grand bien des diocèses. 2. chaque intervention était entrecoupée par des témoignages, très brefs, sur un cas spécifique, surtout sur le diocèse de Versailles et 2 exemples parisiens sauf erreur. 3. de ce fait, il n'y a pratiquement pas eu de débat avec la salle, ce qui a pu être frustrant pour beaucoup et aurait permis de rebondir sur tel ou tel point. 4. quand j'ai indiqué que la logique du Motu proprio est que cesse l'enseignement du mépris, je visais l'enseignement de la liturgie et de l'histoire de la liturgie tel qu'il prédomine largement depuis plusieurs décennies : la Forme extraordinaire y est couramment présentée comme un repoussoir et un résumé de tout ce qu'il ne faut pas faire, des dérives occasionnées par le temps du IVe siècle à 1963... En d'autres termes, un enseignement fondé sur la ... rupture précisément. Plus généralement l'histoire de l'Eglise est souvent perçue sous un angle janséniste de décadence avant la sublime "restauration" intervenue à Vatican II. Entre les premiers siècles d'une Antiquité idéalisée, sur laquelle nos connaissances sont partielles et fragiles, et LE Concile, rien qu'un sombre déclin médiéval et tridentin. C'est largement à la base d'une véritable culture de la "rupture" qui prévaut encore largement dans l'Eglise, celle-ci ne se limitant pas à son Chef, le Souverain Pontife. Les orientations qu'il donne, on l'a rappelé avec verdeur après sa visite en France ne sont pas reçues dans "une subordination servile". Cet enseignement du mépris envers la liturgie traditionnelle explique pour beaucoup le réflexe de rejet de nombreux évêques et plus encore de prêtres qui ont été éduqués à mépriser cette liturgie. C'est bien pour cela que la remarque du cardinal Castrillon Hoyos que la Forme extraordinaire doit entrer dans les séminaires pour que les futurs prêtres soient obligatoirement instruits aussi à user de cette Forme est tout sauf anodine. "Hence it follows that all seminaries should provide such training as a matter of course." [C'est pourquoi il s'ensuit que tous les séminaires devraient fournir cette éducation (à la Forme extraordinaire) comme la matière d'un enseignement]