Quelques polémistes chrétiens célèbres...
Vianney -  2008-06-26 17:13:36

Quelques polémistes chrétiens célèbres...

Saint Jean-Baptiste aux Pharisiens : « race de vipères ». Jésus-Christ, aux mêmes : « hypocrites, sépulcres blanchis, génération perverse et adultère ». Saint Paul, parlant des schismatiques de Crête : « menteurs, mauvaises bêtes, ventrus fainéants ». Saint Jérôme discutant avec l'hérétique Vigilance, ancien cabaretier, qui niait l'excellence de la virginité et du jeûne : « Pour ne point porter atteinte au débit de son cabaret ». Saint Bernard, s'adressant à Arnaud de Brescia : « séducteur, vase d'injures, scorpion, loup cruel ». Saint Thomas d'Aquin, à Guillaume de Saint-Amour et ses disciples : « ennemis de Dieu, ministres du diable, membres de l'Antéchrist, ignorants, pervers, réprouvés ». Saint Bonaventure, contre Gérald : « impudent, calomniateur, esprit de malice, impie, impudique, ignorant, imposteur, malfaiteur, perfide, insensé ». Source : Don Sarda y Salvany, Le libéralisme est un péché, ch. XXII. Il faut souligner qu'au moment où ces saints écrivaient, leurs adversaires n'avaient pas encore été, la plupart du temps, déclarés hérétiques formels par l'Eglise. Dans son Introduction à la vie dévote, saint François de Sales en donne la justification : « La charité oblige à crier au loup, quand un loup s'est glissé au milieu du troupeau et même en quelque lieu qu'on le rencontre ». Objection (ch. XXIV) :

Le Pape, dit-on, et c'est certain, a recommandé plusieurs fois aux journalistes catholiques la douceur, la modération, le respect de la charité dans les formes de la polémique. Il veut qu'on évite les manières agressives, les épithètes dénigrantes et les personnalisations injurieuses. Or, ajoutera-t-on, la doctrine que vous venez d'exposer est diamétralement contraire aux recommandations pontificales.

Réponse de Don Sarda :

Est-il admissible que le style et les procédés des plus célèbres apologistes et controversistes de l'Église, depuis saint Paul jusqu'à saint François de Sales soient condamnés d'un trait de plume ? Il est évident que non ; car, s'il fallait entendre les conseils de calme et de modération donnés par le Pape dans le sens que leur prête pour le besoin de sa cause le critère libéral, il serait non moins évident que oui. Par suite, la seule conclusion admissible, c'est que les conseils du Pape, que tout bon catholique doit considérer comme des ordres, ne s'adressent pas aux polémiques entre catholiques et ennemis du catholicisme, tels que les libéraux, mais aux polémiques entre bons catholiques en désaccord.

L'auteur rappelle à ce sujet les propres termes du pape Pie IX, le 18 juin 1871, à la députation française venue à Rome fêter le vingt-cinquième anniversaire de son pontificat :

Mes chers enfants, il faut que mes paroles vous disent bien ce que j'ai dans mon coeur. Ce qui afflige votre pays et l'empêche de mériter les bénédictions de Dieu, c'est le mélange des principes. Je dirai le mot, et je ne le tairai pas : ce que je crains, ce ne sont pas tous ces misérables de la Commune de Paris, vrais démons de l'enfer qui se promènent sur la terre. Non, ce n'est pas cela ; ce que je crains, c'est cette malheureuse politique, ce libéralisme catholique qui est le véritable fléau. Je l'ai dit plus de quarante fois ; je vous le répète, à cause de l'amour que je vous porte. Oui, c'est ce jeu... Comment dit-on en français ? nous l'appelons en italien altalena... Oui, justement, ce jeu de bascule qui détruirait la Religion. Il faut sans doute pratiquer la charité, faire ce qui est possible pour ramener ceux qui sont égarés : mais pour cela il n'est pas besoin de partager leurs opinions.

V.