Désinformation de grand style à Rome ?
Dominique Bro -  2008-06-23 14:26:13

Désinformation de grand style à Rome ?

Vu de France et connaissant la FSSPX, on aurait tendance à dire que l’article d’Andrea Tornielli dans Il Giornale d’aujourd’hui, sous le titre : "L’ultimatum du Vatican aux rebelles de Lefebvre : la paix, si vous acceptez le Concile", a été télécommandé par une opposant de Benoît XVI au sein de la Curie, dans le but d'empêcher une possible reconnaissance de la FSSPX. Ce n’est pas absolument évident : Andrea Tornielli, journaliste modéré et qui ne désire pour sa part que la réconciliation du Saint-SIège avec les lefebvristes, a pu ne pas mesurer l’impact négatif de son information sur eux. Mais il n’est nullement à exclure qu’un "torpilleur" lui ait donné une information prémâchée, sachant qu’il ne pouvait pas laisser passer un tuyau de telle importance, et qu’il se soit donc laissé consciemment ou non manipuler. Tornielli parle d’"ultimatum" ? On peut certes imaginer que le pape bavarois et le cardinal colombien soient un peu agacés par les lenteurs du prélat suisse et lui demandent de "s'activer". En tout cas, il est un point absolument fondamental sur lequel l’information donnée par Andrea Tornielli est purement et simplement fausse : il n’a jamais été demandé à Mgr Lefebvre, et par conséquent il n’est pas possible qu’il ait été demandé hier ou aujourd’hui à Mgr Fellay "d’accepter le Concile". Ce à quoi A. Tornielli fait allusion sans savoir de quoi il retourne, c’est la fameuse "formule d’adhésion" en 5 points, signée par Mgr Lefebvre en 1988, comme préalable à la levée de toutes les censures éventuellement encourues par lui et par ses prêtres, et dont on peut supposer qu’elle servira aussi aujourd’hui un préalable à l’effacement de toute éventuelle excommunication ou suspense. Concernant donc le Concile, Mgr Lefebvre avait signé qu’il acceptait "la doctrine contenue dans le n° 25 de la Constitution dogmatique Lumen Gentium du Concile Vatican II sur le Magistère de l’Église et l’adhésion qui lui est due". Or, ce n° 25 n’apporte rien de nouveau à la doctrine traditionnelle : il dit qu’il faut accepter chaque acte du magistère selon son degré d’autorité. Mais il se garde bien de dire que tel point de Vatican II est infaillible, ni même que Vatican II contient des points infaillibles. Autrement dit, le signer n’engageait en rien Mgr Lefebvre au sujet de Vatican II, d’autant que la formule ajoutait immédiatement qu’il entendait "avoir une attitude positive d’étude » pour les points qui lui paraissaient "difficilement conciliables avec la Tradition". En outre, concernant la nouvelle messe, Mgr Lefebvre avait signé qu’il déclarait « reconnaître la validité du sacrifice de la Messe …selon les rites indiqués dans les éditions typiques du Missel romain ». Le cardinal Castrillon a depuis maintes fois précisé qu’il ne s’agissait ni de reconnaître la « bonté », ni même la « légitimité », mais seulement la « validité » de la nouvelle messe lorsqu’elle est célébrée comme indiqué dans les livres officiels. Ce qui est, on en conviendra, très restrictif…