Lyon, ville maçonnique ?
Jean Kinzler -  2008-05-24 07:59:02

Lyon, ville maçonnique ?

Lyon, ville maçonnique ? ■“Une nouvelle vague de francs-maçons s’impose aujourd’hui à Lyon », écrit Lyon Mag du 21 mai. “Surtout en politique.”Les effectifs augmentent au Grand Orient comme à la Grande Loge. Les maçons lyonnais seraient 3 000 au total, plus jeunes, plus diplômés et « prêts à assumer publiquement leur engagement dans la franc-maçonnerie. » Selon la même source, à l’époque de Michel Noir, le premier adjoint centriste Jean-François Mermet était l’un des rares adjoints francs-maçons du conseil municipal. Ils ne seront pas plus nombreux sous Raymond Barre. Ce serait Gérard Collomb élu en 2001, qui, « initié quelques années plus tôt, va encourager ses adjoints francs-maçons à se dévoiler en donnant lui-même l’exemple. » Aujourd’hui sept des 21 adjoints au maire serraient francs-maçons et une quinzaine sur les 73 conseillers municipaux. Parmi ceux-ci, il y aurait Heidi Giovacchini, deuxième adjointe aux droits des citoyens, directrice d’un groupe de cliniques privées et membre de la Grande Loge féminine ; Marie-Odile Fondeur, adjointe chargée des ressources humaines ou encore Georges Kepenekian, chirurgien urologue à l’hôpital Saint-Joseph ; Gilles Buna, adjoint chargé de l’urbanisme ; Jean-Louis Touraine, premier adjoint ; Thierry Braillard, adjoint aux sports et Jean-Michel Daclin, chargé de l’international. Lyon Mag cite aussi Michel Chomarat, conseiller du maire pour les minorités ; Christian Coulon, maire du VIIIe ; Roland Bernard, président d’un syndicat hôtelier ; Michel Le Faou, nouveau président de la Sacvl, la société d’économie mixte qui gère les logements sociaux de la ville de Lyon. Même constat dans les communes de l’agglomération lyonnaise : Renaud Gauquelin, médecin et maire PS de Rillieux-la-Pape ; Raymond Terracher, conseiller général et adjoint au maire de Villeurbanne ; Bernard Rivalta, patron du groupe PS au Conseil général et patron du Sytral, le syndicat mixte qui gère les transports en commun ; Jean-Luc Da Passano, maire UDF d’Irigny élu premier vice-président de Collomb, et Jean-Paul Colin, maire d’Albigny-sur-Saône et membre de Synergie, le groupe des petits maires divers droite. Au Conseil général, sur 54 élus, il y aurait « au minimum une dizaine de francs-maçons », dont Bernard Fialaire, vice-président radical, le député UMP Christophe Guilloteau, l’UDF Jean-Luc Da Passano… À la Région, on compterait encore une trentaine de francs-maçons dont Yvon Deschamps et Sylvie Bles-Gagnaire, responsable du service presse, qui elle dément cette appartenance. Cette visibilité de la franc maçonnerie à Lyon s’expliquerait selon le magazine pour trois raisons : 1/ la volonté de Roger Cordier, délégué régional du Grand Orient qui encourage ses coreligionnaires (ses “frères”) à se dévoiler « car on n'a rien à cacher » ; 2/ l’émergence des femmes demeurées jusqu’ici très discrète mais qui s‘affiche davantage ; 3/ l’attitude conciliante de l’Église. En effet pour le médiatique père Delorme, interrogé par Lyon Mag, « il y a encore une réticence de la hiérarchie catholique face aux francs-maçons… mais à Lyon, ça se passe bien, car les francs-maçons lyonnais, notamment Gérard Collomb, ne sont pas anti-cléricaux. Et Mgr Barbarin a bien compris cette spécificité lyonnaise ». Une présence et une ouverture qui ne seraient pas sans conséquences politiques. Pour Lionel Favrot, l’auteur de l’article, « l’échec de Perben à Lyon, c’est au fond qu’il a été incapable de s’appuyer sur ces réseaux lyonnais, notamment maçonniques… Autour de lui, il a fédéré une droite lyonnaise qui a un vieux fond anti-maçonnique, notamment des millonistes qui, en privé, ont des discours très durs contre la franc-maçonnerie. » LP