Lettre ouverte aux jeunes catholiques
XA -  2008-03-17 19:47:13

Lettre ouverte aux jeunes catholiques

Lettre ouverte aux jeunes catholiques de Nantes « Ne croyez pas ceux qui vous disent que la jeunesse est faite pour s'amuser ; la jeunesse n'est pas faite pour le plaisir, elle est faite pour l'héroïsme » P. Claudel Bien chers amis, Certains d’entre vous seront peut-être étonnés de voir un prêtre adresser une telle lettre aux jeunes alors que le carême se termine. En voici la raison, sous forme de calendrier : Samedi avant le dimanche de la Passion : soirée Vendredi avant les Rameaux : soirée Samedi avant les Rameaux (et donc début de la Semaine Sainte) : soirée Il s’agit bien sûr uniquement de l’avant-dernière semaine de carême : étant généralement d’un tempérament optimiste, je n’ai pourtant aucune illusion sur les semaines précédentes, sachant même qu’il y a déjà eu des soirées organisées par des catholiques… le Vendredi Saint ! Je ne reviendrai pas sur le débat classique « pour ou contre les soirées, pour ou contre les rallyes, etc. » Un confrère et ami de Nantes a déjà publié un excellent texte à ce sujet, et j’y souscris totalement. D’ailleurs, sans être devin, je puis imaginer qu’un petit curé de campagne, qui vécut à Ars voici près de deux siècles, doit y adhérer lui aussi du haut du Ciel. Je voudrais pour ma part vous inviter à réfléchir, d’une manière plus générale, sur le sens de la vie chrétienne pour un jeune catholique en 2008. En effet, il serait trop facile de se confiner dans un petit bocal confortable et « religieusement correct » : je vais à la Messe tradi, je suis même peut-être scout, j’ai un Sacré-Cœur ici, une fleur de lys là, je vais aux cours de caté, parfois même à la Messe de temps en temps en semaine… donc d’une part je suis en règle avec le Bon Dieu, et d’autre part je ne suis pas loin d’imaginer que je suis le meilleur. Pensez bien que grand danger qui vous guette, c’est la piété de façade, le « vernis catho », le simulacre d’une existence chrétienne basée sur les apparences. C’est d’estimer que l’on peut concilier la vie mondaine et la vie intérieure, et finalement (tôt ou tard) les ténèbres avec la lumière, autrement dit le péché et la grâce. Si le Christ avait été un homme de compromis, il ne serait pas mort sur la Croix ! Relisez la parabole du pharisien et du publicain : vous y voyez un homme qui limite sa piété à l’accomplissement de préceptes. Vous y voyez un autre qui veut vivre sa relation à Dieu dans la cohérence et dans la sincérité. Lequel d’entre eux êtes-vous ? Avez-vous cette unité de vie qui a toujours été la caractéristique première de tous les saints que l’Eglise nous montre en exemple ? Le Seigneur, nous le savons bien, n’aime pas les demi-mesures ; il n’aime pas la tiédeur ; il n’aime pas la grisaille ; il n’aime pas le respect humain. Il n’a que faire des jeunes qui se limitent à une piété formaliste, fade, et qui est bien souvent hypocrite : par exemple, avant de communier, combien se posent la question de savoir s’ils ont assisté à la Messe avec attention et respect, ou s’ils sont en état de recevoir le Corps du Christ ? Etre honnête avec Dieu, c’est la meilleure façon d’être honnête avec soi-même et avec son prochain. Il n’a que faire des jeunes qui n’ont pas le courage de refuser une invitation pendant le carême, et qui ont peur des ricanements de leurs amis ou de leur « milieu ». Vous craignez qu’on se moque de vous, vous redoutez qu’on vous traite de « coincé » ou de « rigoriste » ? Regardez donc un crucifix, et cherchez au fond de votre cœur à qui vous voulez ressembler. Si, pour vous, le carême se limite à marmonner machinalement une petite prière avant de vous coucher, à fumer huit cigarettes par jour au lieu de dix, à passer trois heures par jour sur internet au lieu de quatre, ou plus globalement à choisir des privations qui ne vous coûtent pas, alors ne venez pas vous plaindre si par la suite votre vie est maussade, si votre âme ne monte pas vers les sommets, ou si vous avez l’impression que Dieu est injuste lorsque vous êtes en face de l’épreuve, de l’obstacle ou de l’échec. A Celui qui a donné jusqu’à sa propre vie pour vous sauver, aurez-vous essayé d’offrir ne serait-ce qu’un seul sacrifice digne de ce nom (pas celui qui vous arrange, mais celui qui Lui plait)? Il est bon de penser souvent à cette inscription trouvée un vieux calvaire, et qui s’adresse à chacun d’entre nous : « Je suis la Lumière, et vous ne me voyez pas… Je suis le Chemin, et vous ne me suivez pas… Je suis la Vérité, et vous ne me croyez pas… Je suis la Vie, et vous ne me cherchez pas… Je suis le Chef, et vous n'obéissez pas… Je suis le Maître, et vous n'écoutez pas… Je suis l'Ami, et vous ne m'aimez pas… Je suis votre Dieu, et vous ne me priez pas… Alors, si vous êtes malheureux… ne m'en veuillez pas ! » Dieu merci, il y a des jeunes qui, semblables à saint Jean, sont prêts à suivre le Seigneur jusqu’au pied de la croix. Il y a des héritiers de Baden-Powell, de Guy de Larigaudie, de Pier Giorgio Frassati, du général Mac Arthur («On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d’années : on devient vieux parce qu’on a déserté son idéal.») Samedi dernier, pendant que certains dansaient et pensaient à tout sauf au Bon Dieu, d’autres sont venus regarder le film de Mel Gibson sur la Passion, et ont ensuite adoré le Vrai Dieu dans l’ostensoir. Plusieurs parmi eux ont même reçu le sacrement de pénitence. Il est clair que le Seigneur, tôt ou tard, saura les récompenser de leurs efforts, de leur ferveur et de leur persévérance : « C’est bien, serviteur bon et fidèle, en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t’établirai ; entre dans la joie de ton Maître » (Mt. 25,23). Beaucoup d’entre vous iront sans doute ces prochains jours aux offices de la Semaine Sainte. Je souhaite, en tant que prêtre, y accueillir de nombreux participants qui veulent s’unir au Seigneur en esprit et en vérité, et non des spectateurs distants qui seront passés à côté de l’essentiel. Il est grand temps, ne pensez-vous pas, de quitter la cohorte déjà trop nombreuse des chrétiens médiocres, et de rejoindre le Bon Dieu avec toute l’exigence que cela comporte, mais en pensant aussi à toute la liberté qu’Il vous accordera sur la terre et à tout le bonheur qu’Il vous procurera au ciel. Que Notre-Dame vous aide à suivre toujours plus fidèlement Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie. Bonne Semaine Sainte à tous ! Abbé Philippe Jouachim, FSSP