Le nouvel archevêque de Varsovie plonge l'Eglise de Pologne dans la crise
Bernard Joustrate -  2007-01-06 13:51:33

Le nouvel archevêque de Varsovie plonge l'Eglise de Pologne dans la crise

Le nouvel archevêque de Varsovie plonge l'Eglise de Pologne dans la crise 06/01/2007 Mrg Stanislaw Wielgus le 18 novembre 2006 à Plock VARSOVIE (AFP) - La collaboration avouée du nouvel archevêque de Varsovie, Mgr Stanislaw Wielgus, avec l'ancienne police secrète communiste a plongé la puissante Eglise catholique de Pologne dans une crise sans précédent. "C'est la plus grande crise de l'Eglise polonaise", titrait samedi le quotidien de droite Dziennik. La plupart des commentateurs regrettaient le mea culpa tardif, que le prélat a exprimé seulement après sa prise de fonction vendredi pour succéder au cardinal Jozef Glemp, parti à la retraite. "C'est un moment dramatique pour l'archidiocèse de Varsovie, et pas seulement pour lui", estime Wieslaw Chrzanowski, ancien président du Parlement polonais. "Les prochains mois et peut être les prochaines années seront difficiles aussi bien pour Mgr Wielgus que pour les fidèles", a estimé cet intellectuel catholique. Tiraillée entre des intégristes et des progressistes, l'Eglise de Pologne avait montré une unité exemplaire au moment du décès en avril 2005 de Jean Paul II, que les Polonais appelaient "notre pape". Mais l'an dernier, un débat s'est ouvert sur la collaboration du clergé polonais avec les anciens services secrets communistes. Principal rempart pendant quarante ans contre l'ancien régime, l'Eglise a gardé le silence depuis 17 ans sur ses rapports avec le pouvoir totalitaire de l'époque. Le clergé était souvent contraint à entretenir des contacts avec la police secrète (SB) mais plus de 10% de ses membres sont devenus ses collaborateurs, selon les historiens. Dans un message aux fidèles publié vendredi soir, Mgr Wielgus, 67 ans, a reconnu sa "faute" et s'en est remis à "la décision" du pape Benoît XVI. "Je confesse aujourd'hui devant vous cette erreur que j'ai commise autrefois, comme je l'avais déjà confessée au Saint-Père", a déclaré Mgr Wielgus dans ce message, lu samedi dans les églises de l'archidiocèse de Varsovie. Il demande "avec le coeur repenti" au clergé et aux fidèles de son archidiocèse de le "recevoir en frère qui veut unir et non diviser, prier et réconcilier les gens au sein d'une Eglise des saints et des pécheurs qui est la nôtre". Une commission spéciale de l'épiscopat polonais a conclu vendredi que Mgr Wielgus avait bel et bien collaboré avec l'ancienne police communiste. Selon les documents étudiés par la commission et rendus publics, le nouveau métropolite de Varsovie avait été recruté par la police secrète en 1967, alors qu'il était encore étudiant en philosophie de l'Université catholique de Lublin (est). Sa collaboration a duré plus de vingt ans. Selon ces documents, Mgr Wielgus avait même suivi une "formation spéciale pour agents". La police secrète polonaise (SB) le désignait sous les pseudonymes "Grey", "Adam" et "Adam Wysocki". Tous les pays communistes d'Europe avaient mis sur pied une police secrète, souvent appelée Sécurité d'Etat comme en RDA, en Pologne ou en Tchécoslovaquie, pour surveiller les moindres faits et gestes des citoyens. Le Vatican a renouvelé vendredi sa confiance envers Mgr Wielgus, en renvoyant les journalistes à un communiqué publié le 21 décembre. Ce communiqué soulignait que le pape avait "toute confiance en Mgr Stanislaw Wielgus et, en pleine conscience, lui a confié la mission de pasteur de l'archidiocèse de Varsovie". Les responsables de l'Institut polonais de la mémoire nationale (IPN) qui gère les archives de la SB ont toutefois affirmé qu'aucune demande d'accès aux dossiers de Mgr Wielgus ne leur avait été adressée de la part du Vatican. Le nouvel archevêque fera son entrée officielle dans la cathédrale dimanche, lors d'une cérémonie solennelle en présence notamment du président Lech Kaczynski et du cardinal Stanislaw Dziwisz, ancien secrétaire particulier de Jean Paul II. Mais, selon un sondage publié samedi par le quotidien conservateur Rzeczpospolita, 46% des Polonais estiment que Mgr Wielgus aurait dû renoncer à sa fonction, ou du moins reporter la cérémonie jusqu'à ce que son cas soit entièrement élucidé.