Le signe de paix et la tradie
Le pèlerin du Sacré-Coeur -  2005-06-15 06:35:25

Le signe de paix et la tradie

"A quoi sert la tête et le coeur que Dieu t'a donné pour voir et Le servir ?" (Glycera) un récit véridique dédié à Glycera Dans ce haut-lieu de la Miséricorde Divine, à la Messe de 22h, l'assemblée était clairsemée, il faisait froid c'était l'hiver, mais c'était Vendredi, et même si ce n'était pas le premier Vendredi du mois il y avait tout de même un peu de monde pour la sainte Messe mystique, la dernière dite sur Paris, la nuit. Dehors il gelait, nous étions venus réchauffer nos pauvres coeurs, les réchauffer dans la fournaise du Sacré Coeur, ils allaient brûler d'amour. Derrière moi il y avait une tradie, agenouillée, en train de prier, elle ne priait pas en vain, Jésus allait se manifester à elle, lui offrir son coeur brûlant d'amour. Je la connaissais de vue, j'avais déjà remarqué, affligé, qu'elle restait obstinément à genoux, la tête baissée, durant le signe de paix, dont le rite du sanctuaire veut qu'il soit systématiquement échangé durant la sainte Messe, et donc il n'y a pas de surprise en fonction du célébrant, c'est le propre du lieu. De temps à autre des mains plus ou moins hésitantes se tendaient vers elle et retombaient, découragées, elle ne levait même pas la tête, elle était seule dans sa prière, isolée, coupée de nous, séparée des autres fidèles par son intransigeance, oubliée de la paix du Christ par sa négligence, abandonnée de l'amour par son indifférence. Il est doux et cruel ce moment de grâce absolue car il nous révèle à nous-même et aux autres, ce n'est plus nous qui agissons mais le Christ qui agit en nous, j'en sais quelque chose sinon je ne serrerais pas souvent la main de mes voisins, et même il m'arrive de décider de ne pas le faire quand certains m'agaçent trop, et pourtant... voilà qu'à ce moment une force irrésistible s'empare de moi et me pousse à tendre la main, à sourire, à ouvrir mon coeur, à aimer. Ce moment de grâce est inexplicable, je ne me l'explique pas : Dieu me préserve de ne plus être touché par la Grâce. Dieu viens à mon aide Seigneur à notre secours Enfin le moment est venu, le Notre Père a résonné sous les saintes voûtes, "Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, ne regarde pas nos péchés mais la Foi de ton Eglise... J'étais pourtant bien décidé à la laisser en paix, oui, mais voilà, il fallait que je lui donne la paix du Christ, la paix de l'âme, la paix du coeur, c'était plus fort que moi, c'était irrésistible, je n'avais pas le choix, je me suis retourné, elle était évidemment agenouillée, la tête entre ses mains, attendant l'Agnus Dei. Je ne m'appartenais plus, ce n'était plus moi qui agissait mais le Christ qui agissait en moi, elle a levé la tête et a reconnu le Christ, elle a souri comme le Christ lui souriait, elle a tendu la main comme le Christ lui tendait la main, elle a tremblé en L'étreignant, ça ne lui était jamais arrivé. Nous avons prié, nous avons rendu grâce, nous avons communié et nous avons encore rendu grâce, le Christ était descendu jusqu'à nous, nos prières étaient montées au Ciel.