Rififi au séminaire de Nantes (suite)
XA -  2003-06-30 21:43:02

Rififi au séminaire de Nantes (suite)

Monseigneur,

Nous vous communiquons pour information cette seconde lettre adressée à
l’évêque et aux membres du conseil épiscopal de Nantes par le groupe d’amis et
parents de séminaristes que nous formons. Nous voulons par celle-ci, compléter
notre information et rappeler nos demandes, en livrant les renseignements dont
nous disposons.
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Nonciature



Excellence,



Nous vous communiquons pour information cette seconde lettre adressée à
l’évêque et aux membres du conseil épiscopal de Nantes par le groupe de
diocésains, parents et amis de séminaristes que nous formons. Aucun geste de
bonne volonté n’a été accompli par ceux qui dirigent notre diocèse et notre
séminaire. C’est pourquoi, comme nous vous le signalions dons notre précédent
courrier, nous voulons compléter notre information et rappeler nos demandes, en
livrant les renseignements dont nous disposons.
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Laïcs et prêtres de Nantes.

Nous vous communiquons pour information cette seconde lettre adressée à notre
évêque et aux membres du conseil épiscopal par le groupe de parents et amis de
séminaristes que nous formons. Contrairement aux fantasmes qui circulent, elle
n’est pas l’œuvre d’intégristes d’une sensibilité ou d’une autre, mais tout
simplement de diocésains qui ont été informés et touchés par ce qu’ils ont entendu
et vu vivre sous leurs yeux ces dernières années et ces derniers mois. Nous
voulons par cette seconde lettre compléter notre information et rappeler à tous nos
demandes, en livrant les renseignements dont nous disposons et uniquement ceux
dont nous sommes certains.

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Dimanche 22 juin 2003,



Nous tenons tout d’abord à commencer cette lettre par manifester notre joie pour
les ordinations d’hier à la cathédrale. Nous avons, comme vous sans doute,
apprécié le geste remarqué de ceux qui étaient ordonnés, allant donner en priorité
l’accolade à celui qui a été écarté de l’ordination sacerdotale. Un geste fraternel,
solidaire et sans doute douloureux pour eux.

Notre diocèse a de nouveaux prêtres et diacres et nous en sommes heureux. Mais
si nous remarquons les gestes de ceux qui sont ordonnés, force est de reconnaître
qu’il n’y a eu aucun signe de votre part. Vous n’avez peut-être pas compris notre
demande, peut-être ne voulez-vous pas vous abaisser à chercher la vérité quand
celle-ci est demandée par une lettre dont vous ne connaissez pas les signataires.
Peut-être avez-vous cependant conscience de posséder les moyens de rechercher
le vrai par vous-mêmes, au risque sinon d’un immobilisme qui en dirait long sur la
façon dont est dirigé notre diocèse.

Pourquoi garder l’anonymat pour rédiger ces lettres ? Pourquoi chacun d’entre nous
ne signerait-il pas au bas de ces documents ? La réponse est simple. Nous savons
qui nous contestons. Nous savons combien nous risquons nous et nos proches,
face à la rancœur tenace dont ces hommes sont capables. Quand on renvoie des
séminaristes sans se soucier de leur avenir le plus immédiat, on est capable de
pire encore. Ce n’est pas compliqué de le deviner. Il en est ainsi également parce
que nous contestons les décisions d’une institution, que celle-ci a le poids de
l’autorité avec elle et que nous savons qu’elle en use et abuse chaque fois qu’elle
se sent menacée. Mais plutôt que de s’attarder à savoir qui sont les personnes à
l’origine de ces lettres, nous souhaitons vous voir dépenser plus d’énergie à
chercher à apaiser les souffrances que nous évoquions, à réparer les dégâts déjà
commis, à rechercher le bien pour tous et pas seulement pour ceux qui dirigent. Car
nous vous mettons au défit de réfuter publiquement qu’il n’y a pas eu de
souffrances répandues ces derniers mois et ces dernières années par le conseil du
séminaire. Mais puisque cela semble nécessaire, nous serons donc plus concrets
encore pour vous livrer les raisons de notre colère. Pour cela, nous avons pris le
temps de nous informer, d’échanger, de partager, avant de vous écrire, croyez-le
bien. Vous excuserez le langage utilisé, ce n’est pas celui de prêtres bercés dans le
langage spécifique du séminaire, mais celui de simples laïcs.

Lorsque nous parlons de séminaristes renvoyés ou dont l’ordination a été ajournée,
nous évoquons plusieurs jeunes, tous âgés de 27 à 35 ans, qui ont été
« remerciés » par le conseil du séminaire ces

dernières années. Lorsque l’on fait allusion à un renvoi ou à l’ajournement d’une
ordination, les fidèles

croient toujours que ces décisions sont motivées par des raisons graves :
problèmes de mœurs ou problème

de foi. Cette réaction, que nous aurions nous-mêmes pu avoir, est toutes naturelle.
ce sont là, les seules raisons que le bon sens commun peut imaginer aujourd’hui. Il
est alors surprenant de découvrir les motifs utilisés à Nantes : celui du caractère du
séminariste, de sa sensibilité ecclésiale, de son approche du discernement ou du
séminaire, des a priori et des étiquettes que nous pouvons, hélas, facilement coller
les uns sur les autres. Le souci des séminaristes est donc de plaire aux prêtres du
conseil ; malheur à ceux qui ne sont pas appréciés, ceux qui disent ouvertement ce
qu’ils pensent. Voulons-nous des séminaristes soumis à cette discipline ou
voulons-nous des séminaristes qui affirment leur personnalité, leurs richesses, leur
sensibilité, leurs enthousiasmes ? Voudrait-on brider leur générosité, leur liberté, on
ne s’y prendrait pas autrement. Pour respecter une décision comme celle du choix
de nos futurs prêtres, il faut qu’à l’origine, les moyens employés soient
respectables et les arguments louables et honnêtes. On nous offre au contraire, le
visage de l’intolérance et de l’injustice. C’est une manière de discerner qui peut
varier selon les idées des six ou sept prêtres qui forment le conseil du séminaire.
Mettez-en d’autres, gardez la méthode ; s’ils ont d’autres idées, les critères
changeront, l’intolérance et l’injustice demeureront. Dans tous les cas, elles sont
manifestes en ce moment même et de façon plus qu’outrancière.

Quels moyens a le séminariste « accusé », de pouvoir se défendre ? Aucun. On ne
lui en laisse pas la possibilité. Il doit tout subir et seul ! La crainte d’être renvoyé
est si forte au séminaire qu’aucun autre séminariste n’osera protester, ou mieux,
contester la décision, au risque sinon d’être le prochain sur la liste. En d’autres
lieux ou d’autres temps on parlerait de manque de liberté, de terreur !

Le mieux est donc pour les séminaristes d’attendre son tour en silence, en
espérant pouvoir franchir les étapes imposées. Savez-vous d’ailleurs que les
séminaristes sont appelés à écrire une lettre au conseil du séminaire sur les autres
séminaristes qui vont être ordonnés ? Un futur prêtre peut ainsi dénoncer son frère
au nom de nous savons quoi, car nous avons peine à l’imaginer ! En même temps,
cette lettre permet au conseil de juger celui qui l’écrit. Bien entendu, l’accusé n’en
saura rien. L’anonymat est préservé au séminaire, mais peut-être pas toujours pour
des raisons honorables. Cet anonymat règne également sur la décision elle-même.
Qui la prend réellement ? Le conseil dans son entier, la majorité, le supérieur,
l’évêque ? Dans tous les cas que nous connaissons, le choix a été fait par le
conseil (sans savoir par quel prêtre plus qu’un autre). Mais le conseil ayant
transmis sa décision à l’évêque, il s’abrite derrière l’autorité pour se décharger de
sa responsabilité. Quant à l’évêque, il affirme respecter la décision du conseil.

En résumé, la responsabilité est dissociée de la décision elle-même. Il est donc
inutile pour le séminariste renvoyé ou pour sa famille, de protester auprès du
conseil car c’est l’évêque qui est responsable de la décision, et inutile de protester
auprès de l’évêque car c’est le conseil qui a pris la décision ! C’est une façon très
pratique de neutraliser la contestation d’une décision. Elle n’est pas très
respectable, mais peut-on faire autrement ? Force est de constater d’ailleurs qu’au
jour de leur renvoi, l’évêque ne connaissait pas tous les séminaristes. C’est plus
qu’une confiance, c’est un abandon fort regrettable. Notre évêque est issu de ce
milieu des professeurs et des supérieurs de séminaires. Peut-être manque-t-il de la
distance nécessaire pour apprécier les défauts que nous évoquons, les
souffrances qui en résultent.

Mais au fait, que sont devenus ceux qui ont été renvoyés ? Est-ce que les
prêtres du séminaire le savent ? Ont-ils pris de leurs nouvelles ? Se sont-ils
souciés de leurs conditions matérielles d’existence, de leur moral, de leur vie
spirituelle ? Absolument pas ! Un séminariste renvoyé est un « pestiféré » ! Non
seulement il doit subir le choc de l’injustice du renvoi, le regard soupçonneux des
fidèles qui ne peuvent imaginer ce qui se passe au séminaire, mais il est condamné
à se débrouiller seul. Aucun secours, même pas un coup de téléphone, une lettre
qui manifesteraient l’amitié, ou tout au moins du souci pour celui qui s’était offert au
service de l’Eglise et qui n’a pas été jugé apte à poursuivre. Les familles des
séminaristes renvoyés en savent quelque chose et tous nous dénonçons cette
honte qui retombe sur les prêtres du séminaire ! Honte à ceux qui prêchent la
charité et qui ne l’exercent pas au moment crucial où il faut l’exercer. Comment
voulez-vous que ces jeunes soient apaisés après un rejet et un tel abandon. Ces
familles nous ont évoqué l’état moral catastrophique pour certains dans lequel elles
ont trouvé leur fils. Que de souffrances, ces familles ont-elles dû subir et supporter
seules, parfois sous le regard accusateur d’autres paroissiens !Remettre son
enfant en piste pour qu’il reprenne goût à l’existence, pour qu’il accepte de se
relever, de se considérer comme autre chose qu’un « accusé », qu’un pestiféré.
Honte à vous !

Savez-vous que l’un d’entre eux a trouvé l’énergie nécessaire, appuyé, il
est vrai, en cachette par d’autres séminaristes et des prêtres nantais, pour
poursuivre sa formation à l’étranger où il a été accueilli à bras ouverts.
Comment ? ! Un séminaire diocésain italien accueille un séminariste nantais
renvoyé ! Mais alors…la faute commise par ce dernier et qui lui a valu son renvoi
de Nantes n’était donc pas grave ! Qui porte à Nantes la responsabilité de la perte
de l’un de nos enfants ? Qui devons-nous remercier ? Ceux-là même qui nous
répètent que l’Eglise, que notre diocèse a besoin de prêtres ? Franchement, qu’on
ne nous dise pas que les décisions de Nantes sont sérieuses. On ne peut plus y
croire quand on sait cela. Mais qu’attendez-vous pour réagir ? Qui laisse faire se
rend complice. Choisissez de porter la responsabilité de tout cela et déclarez-le
officiellement, ou alors faites les gestes qui guérissent et protègent l’avenir, celui
de notre diocèse et de nos enfants. L’absence de ces gestes, de ces actes, de la
recherche de la vérité, serait pour nous le signe évident que vos paroles sont en
désaccord avec notre foi en l’Evangile.

C’est la vérité que nous voulons, c’est la charité que nous défendons, c’est
la justice que nous réclamons. Est-ce trop demander de la part de chrétiens quand
ils s’adressent à leur clergé ?


Des diocésains, parents et amis de séminaristes