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JUILLET 2003 A MARS 2011

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Ave Joseph ! Imprimer
Auteur : Vianney
Sujet : Ave Joseph !
Date : 2011-03-19 23:20:21

 
Vers la fin du siècle dernier (*), le Père Jean, Abbé de Fontfroide, fut témoin d’une faveur particulière, accordée par saint Joseph à une âme qui avait pris l’habitude de l’invoquer. Voici comment il raconte le fait :

Pendant mon séjour à Sénanque, je me promenais, un soir, contre mon habitude, dans un préau voisin de la porte d’entrée. Le Frère portier vient me prendre :

– Un monsieur vous demande.
– Moi ?... Il me connaît ?
– Oui, sans doute, il vous a vu et vous a désigné.

Je vais à sa rencontre. C’était un bel homme, très bien mis, d’allures distinguées, mais il paraissait tout troublé. A quelques pas de lui broutait un superbe cheval noir, le plus beau que j’aie vu de ma vie. Oh ! quelle jolie bête !

– Monsieur, me dit le visiteur, je ne vous connais pas. Je vous ai aperçu de loin et je vous ai fait appeler. Sauvez-moi. J’étais parti pour aller me noyer, je n’ai pas pu. Mon cheval m’a emporté à travers les rochers et s’est arrêté à votre porte. Où suis-je ici ? Qu’est cette maison ? Une campagne ?
– Non, un monastère.
– Je n’en ai jamais vu. Et pourquoi êtes-vous habillé de blanc et de noir comme un clown ?
– C’est l’habit de notre Ordre. Mais dites-moi vous-même qui vous êtes ?
– Je suis le directeur du cirque impérial de Lyon.
– Et vous êtes ruiné ?
– Non, j’ai au moins un million de fortune : mes affaires vont à ravir. J’ai sous mes ordres un nombreux personnel, mais je suis hanté de l’idée de me détruire.

Je le pris par le bras et lui dis en souriant :
– Non, vous n’irez pas vous noyer, l’eau est trop froide. On prendra soin de votre cheval. Vous me raconterez votre histoire et nous aviserons.

Le singulier personnage commença aussitôt le récit extraordinaire que voici :

Je n’ai jamais connu mon père. A l’âge de sept ans, je perdis ma mère. Elle mourut un soir. Une procession vint la prendre. Il était d’abord arrivé à la maison un curé avec des enfants habillés de rouge, calotte, ceinture et robe rouge avec une sorte de chemise en dentelle par-dessus.

Cela me frappa. On me dit plus tard que c’était pour faire faire à ma mère la première communion.

Ma mère morte, je pris le peu d’argent que je trouvai chez elle et j’allai à un cirque voisin. J’étais tout seul ; je n’avais ni parents ni amis. Je demandai au directeur du cirque s’il me voulait.
– Tu es trop jeune. Dis à ton père...
– Je n’en ai pas.
– A ta mère...
– Nous l’avons enterrée aujourd’hui.
– Où restes-tu ?
Je le lui dis.
– Reviens demain ; nous verrons.
Je revins. Il me prit ; je fis partie de sa troupe. Il me traita toujours comme son fils et il me laissa son cirque en mourant. Je suis allé partout ; j’ai gagné beaucoup d’argent. Mais depuis quelque temps je ne sais ce qui me dévore : je suis malheureux, je veux me noyer.

– Avez-vous la foi ?
– Je ne sais ce que c’est.
– Croyez-vous en Dieu ?
– Oui, vaguement ; mais je ne sais pas non plus ce que c’est.
– Savez-vous faire le signe de la Croix ?
– Ma mère le faisait et me le faisait faire. Je ne l’ai plus fait depuis. Elle m’avait aussi appris une prière qu’elle me faisait réciter tous les jours. Je vais vous la dire. Et il me récita la prière Ave Joseph.
– Vous la dites quelquefois ?
– Je n’ai jamais omis de la réciter chaque soir avant mon repos.
– Savez-vous qui est saint Joseph ?
- Non.
– Et pourquoi êtes-vous malheureux ?
– Je n’en sais rien. L’ennui m’a pris, le dégoût de tout, puis de la vie même. J’ai poussé mon cheval au bord du Rhône ; mais il a bondi en arrière et s’est échappé. Pour la première fois de ma vie je n’en ai plus été le maître.
– Eh bien ! c’est la Providence qui vous a guidé jusqu’ici.
– Qu’est-ce que la Providence ?
– C’est la main de Dieu devenue sensible. C’est elle qui vous a conduit ici, car Dieu veut vous sauver. Vous avez été baptisé ; il ne veut pas vous laisser mourir comme un païen. Ce n’est pas dans le Rhône, c’est dans les eaux de la grâce qu’il faut vous noyer. Nous y travaillerons ensemble. Jamais à cette heure je ne descends dans le jardin. En m’inspirant d’y venir, le bon Maître m’a envoyé vers vous. Je vous plains de toute mon âme ; permettez-moi de vous embrasser.

Je l’embrassai avec effusion ; il en fut touché.
– Vous mangerez avec nous ce soir, ajoutai-je. Vous dormirez sur la dure, et demain, au lieu de repartir, vous passerez ici la journée.

Il resta non seulement le lendemain, mais trois jours entiers. Je l’instruisis des vérités fondamentales. Il était fort intelligent, et Dieu lui avait montré que ni les plaisirs, ni la fortune ne donnent le bonheur. Il se confessa et communia. Je le renvoyai malgré lui. Il revint à Avignon tout transformé, régla ses affaires, vendit son cirque, distribua l’argent aux pauvres et se fit religieux. Quelques années plus tard, il fut pris d’une forte fièvre et mourut comme un saint, tout jeune encore et inconnu.

– Voyez, ajoutait le bon Père, ce que vaut à une âme la protection de saint Joseph. Elle avait été fidèle à le prier, même sans comprendre ce qu’elle disait, ni savoir à qui elle s’adressait. Elle en a été récompensée.

Source : Saint Joseph, époux de Marie, Traditions Monastiques, 1993, p. 14-17.

(*) C’est-à-dire du 19e siècle, puisque l’ouvrage est paru en 1993.


La discussion

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