Je lis le message de Vassilissa sur les fidèles de Saint-Nicolas qui ne savent plus chanter le magnificat.

Que d'émotions de se souvenir de ces moments de prise d'églises. Je n'étais hélas pas à Saint-Nicolas le jour-même, mais jeune étudiant j'y étais le lendemain et la plupart des jours qui ont suivi.

Pour rester fidèle à ma réputation de tout critiquer, je dirais qu'il est plus convenable de chanter le Te Deum que le Magnificat en guise d'action de grâces.

Mais samedi dernier je passais devant Notre-Dame de Paris à l'occasion des vêpres et j'ai voulu rentrer. Et comme à chaque fois, j'ai été effaré. La cathédrale était presque pleine de touristes / fidèles.
On en était au Magnificat, plain-chant du huitième mode. Célèbrait en chape vert tapis de cartes le très désinvolte arhiprêtre de la catédrale. Il était accompagné en guise de clercs ou chantres ou les deux de deux schtroumpfettes bleu électrique. Bonjour l'esthétique, bonjour le service d'autel.
Le Magnificat était chanté en laternance dans un micro par une schtroumpfette à la voix agréable mais assez peu adaptée au plain-chant. Aucune réponse de la foule, tout le monde a oublié ce chant.
Quelle dégringolade dans le peuple de Dieu.

Puis une messe a suivi. Grand orgue impeccable. Messe anticipée d'un dimanche ordinaire et là oh surprise : alors qu'on ne compte plus le nombre de paroisses de France où la messe est difficilement célébrée une fois par an, un cortège se déploie : toujouts en vert tapis de cartes, deux diacres, sept prêtres et un évêque.
Il n'y a bien que l'église qui fait faire un boulot où un seul suffit par sept en temps de crise. Mais il faut dire que Notre-Dame est bien chauffée et que d'aller dire la messe dans une église paumée de Sarcelles doit être nettement moins confortable et plus hasardeux.

Quand à l'évêque, personne ne m'a jamais expliqué pourquoi on avait besoin d'évêques auxiliaires dans nos diocèses, il portait bien entendu une corsse et il déambulait en bénissant à droite et à gauche, ce qui était autrefois le privilège exclusif de l'ordinaire du lieu. On n'est plus à ça prêt...

Mon Dieu pourquoi notre siècle nous fait voir les cérémonies les plus moches que Notre-Dame aura pu connaître depuis sa construction ? Jusqu'où irons-nous dans la laideur, l'improvisation, le négligé ? Et ce dans l'archibasilique métropolitaine Notre-Dame de Paris...