Le liseur était debout et contemplait la nuit apaisante, ce dimanche avait été bien calme, le vent était tombé, il y avait même eu des éclaircies avec un peu de soleil, le chat auquel il mettait un bol de lait dehors l'avait lampé en entier, il faudrait qu'il pense à lui en remettre, le liseur est allé se servir un verre.

Le remaniement n'avait pas été si longuet, récapitulait-il, versant le trouble liquide, on avait pris exemple sur la Tunisie en se débarassant de l'encombrante Ben Alliot-Marie ainsi que du ministre de l'intérieur pour mieux garder les autres, il n'était pas encore temps pour ceux-ci de se dire 'fillons à l'anglaise', Sarkozy qui s'en dédit !... ne valait-il pas mieux rester pour prendre la place d'un autre en temps plus ou moins voulu, en politique le tout était de s'accrocher, d'ailleurs ne fallait-il pas virer à coups de pied ceux qui s'accrochaient de trop... - Alliô Marie ? vous ête viré ! - certainement pas ! - si, si, je vous assure, tout le monde est au courant sauf vous !... sans doute attendrait-on en vain la "belle preuve d'amour" de son compagnon qui avait promis sa démission dans ce cas, la politique a ses raisons que le cœur ignore, on n'est plus à une parole près chez ceux qui n'en ont pas, où parler pour ne rien dire est la règle, dans la vie comme en politique, cochon qui ne s'en dédit pas !

Dehors tout était calme, sans doute nombreux étaient ceux qui avaient fermé avant même la fin des informations, l'alibi du président finissait pas lasser les gens, ils avaient déjà vu et revu ce même genre d'allocution avec le drapeau tunisien et égyptien derrière, l'acteur principal ne changeait guère, on aurait dit toujours le même, grimé différemment dont on changeait le drapeau derrière à chaque fois, autant en emportait le vent du désert, il finit son verre au goût sablé, il essayait de se souvenir du titre d'un livre de Jean Paul Sarthe, ou autre du même genre... peut-être les mains sales, il ne se souvenait plus, peu importait à cette heure, le liseur est allé se resservir un verre.