Je voulais apporter quelques précisions.

Mon analyse se limite évidemment à la période postérieure à 1492.

J'ai pris 1939 car cette date correspond à l'apogée de l'oeuvre coloniale de la France et de la Grande-Bretagne, juste avant le désastre final et la décolonisation.

Le fait colonial est indubitablement associé au fait missionnaire, nolens volens. Ils sont distincts mais ont agi de concert. L'évangélisation est, pour le colon, un moyen de faire adhérer ses sujets à son système de valeurs fondamentales. Aussi a-t-il tout intérêt de joindre le goupillon au sabre. Ce qui reste après le retrait de la vague, c'est justement la vitalité des Eglises aux Philippines ou en Amérique latine par exemple.

Le Japon a rejeté le Christianisme et la Foi par crainte d'une soumission culturelle et politique aux puissances occidentales par une subversion de ses coutumes ancestrales. Pour les Chinois, les Chrétiens sont aussi les Français et les Britanniques qui asservirent le pays par la guerre des Boxers (ou de l'Opium) contre le pouvoir impérial légitime et par les traités inégaux qui s'en suivirent. Les missions étrangères sont, entre autres pour ces raisons susdites, perçues comme une tentative d'intrusions de forces étrangères au coeur même de la Chine, du moins si j'en crois la propagande officielle. L'abandon de toute conversion impériale suite à la querelle des rites a démontré le refus de soumission à une autorité extérieure même purement spirituelle. L'enjeu de la querelle était l'abandon ou non des prérogatives sacerdotales de la Cité Interdite. Rome ne voulait d'une nouvelle guerre des Guelfes contre les Gibelins si loin de l'Italie.

Saint François-Xavier, quels que fussent ses mérites, évangélisa au commencement de la plus formidable période d'expansion outre-mer de l'Occident. De par ses origines, la Compagnie de Jésus a un côté agence militaro-scientifique... Le bienheureux Charles de Foucauld, ancien officier, n'était-il pas aussi un agent du renseignement militaire français aux confins de notre ancien empire? Lui-même avait compris que sans conversion des âmes, le programme colonial était voué à l'échec.

Dire cela n'est pas jeter l’opprobre sur qui que soit. La colonisation a apporté le meilleur comme le pire de notre civilisation. L'évangélisation est le partage de son véritable trésor spirituel.

Quant à la Scandinavie ou l'Irlande, c'est une tout autre histoire qui, non sans heurts, a permis l'unification spirituelle, intellectuelle, morale, politique et économique de notre continent; bref, de bâtir cette civilisation qui, ensuite, a navigué à travers l'Océan.

Qu'on le veuille ou non, mais le règne de Notre-Seigneur imprime sur les peuples une marque qui renouvelle la face la Terre.