On m'accusera sans doute de ... tout ce qu'on a déjà lu 200 000 fois ces jours-ci à propos de soumission au Pape, etc. etc. etc. (et si jamais ça vous tente, faites-en l'économie: je connais tout ça, et respecte d'ailleurs ces principes pour ce qu'ils sont), et Dieu sait par ailleurs, si j'ai une immense reconnaissance-espérance en Benoît XVI, mais oserais-je néanmoins vous confier que moi, à force, ce type de discours me met mal à l'aise. Je commence à le trouver un peu écœurant (trop alambiqué), inutile, sans force, sans autorité, sans conviction...
Pourquoi en référer uniquement "aux valeurs", à l'Europe, voire même furtivement à la "Foi biblique" (curieuse formule au demeurant, non?), pourquoi le pape n'affirme pas simplement l'ordre surnaturel?
On me répondra : il s'agit de morale naturelle.
Certes, mais le Dieu du Sinaï n'a pas fait l'économie de la foudre et des éclairs pour "révéler" cette loi naturelle à Moïse, qui était pourtant pourvu d'une intelligence naturelle supérieure, et c'est de l'Autorité de sa Divinité manifestée (et de manière même écrasante) qu'il a exigé qu'on l'observe, au point que les rebels l'ont payé de leur sang. Il est des époques où seul "Dieu" peut rendre la conscience de l'ordre naturel. Pourquoi le Pape n'en réfère pas à Dieu pour défendre la famille?
Pourquoi ne parle-t-on pas de la Grâce, du péché, de l'enfer, et de la joie gratuite du sacrifice d'un certain "bonheur" naturel au nom de l'adoration et de la transcendance? Pourquoi ne parle-t-on pas du devoir absolu de l'obéissance à Dieu? - lui-même s'étant fait obéissant jusqu'à la mort, et la mort de la croix. Cette obéissance à Dieu jusqu'à la mort de l'homme ne signifie-t-elle pas, pour tout homme, la nécessité d'un certain renoncement à l'épanouissement naturel, aux "valeurs" naturelles, pour mériter dans la "folie" du Christ la Grâce sans laquelle nul ne peut plaire à Dieu?
Encore une fois je ne suis pas critique dans ce post, je ne juge pas le Père commun: je confie, sans doute naïvement, un authentique malaise qui depuis bien longtemps d'ailleurs m'empêche d'exulter face ce type de discours ecclésiale souvent juste sur le fond, mais tellement inabouti et qui semble (Dieu l'en préserve!) avoir établi ici-bas sa demeure permanente, désespérant que les hommes puissent trouver une motivation autre que l'ici-bas, l'histoire, l'Europe, la dignité humaine, la paix des peuples... etc. etc. etc.
Ai-je tout faux ?
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