Rebonsoir,

A ma connaissance, mais je me trompe peut-être, Benoît XVI, le 22 décembre 2005, n'a jamais dit qu'il avait pour intention, pour objectif, de refermer la parenthèse (a)dogmatique, doctrinale, liturgique et pastorale, que l'Eglise a ouverte AU MOMENT du Concile, et qui n'est évidemment pas qu'une parenthèse.

Il a juste dit qu'il avait pour intention, pour objectif,

- de contribuer fortement à la désactivation de la ligne interprétative que beaucoup, au sein et autour de l'Eglise, ont ouvert AU CONTACT du Concile, en parlant de rupture conciliaire ;

- de substituer, au premier rang des interprétations du Concile,

- à cette ligne interprétative "conciliaire", qui voit dans le Concile une oeuvre instauratrice du Renouveau et interruptrice de la Tradition,

- une ligne intrerprétative "continuiste", qui voit dans le Concile un moyen d'adaptation et de rénovation, au service d'une fin catholique supérieure, l'instrument fonctionnel du Renouveau étant, dans son esprit, au service de l'ensemble organique de la Tradition.

Il y a peut-être eu une première illusion d'optique : certains se sont peut-être dit : voilà enfin, un Pape, qui plus est dès le début de son pontificat, qui profite de la première occasion qui se présente, le 40ème anniversaire du Concile, pour refermer la parenthèse ouverte AU MOMENT du Concile, alors qu'il a seulement voulu neutraliser la ligne interprétative ouverte AU CONTACT du Concile, ce qui n'est pas exactement la même chose.

Et il y a peut-être eu une deuxième illusion d'optique : certains se sont peut-être dit que c'était vraiment la première fois qu'un Pape tenait un tel discours ; c'est oublier, par exemple, l'exhortation apostolique de Paul VI "Petrum et Paulum" (1967)

- dans laquelle Paul VI a entendu tuer dans l'oeuf l'interprétation "conciliaire", selon laquelle le Concile aurait été accoucheur du Renouveau et fossoyeur de la Tradition,

mais

- dans laquelle il n'a nullement dit qu'il avait pour intention de mettre en retrait ou en sommeil une partie de la mise en oeuvre, de la réalisation, du Concile lui-même.

Ces deux illusions d'optique peuvent expliquer que certains demandent à Benoît XVI d'aller à Assise, ou acceptent, sinon approuvent, qu'il y aille, mais à condition, en quelque sorte, qu'il y referme la parenthèse ouverte à Assise, en 1986, par son prédécesseur.

Je ne suis pas absolument persuadé qu'il s'agisse bien là de l'intention profonde du successeur de Jean-Paul II, car, si tel avait été le cas, il aurait eu la possibilité de recourir à un moyen des plus discret et prudent, que personne ne lui aurait reproché : ne pas en parler du tout et ne pas y aller du tout, pour commencer à mettre "l'esprit d'Assise", pour ainsi dire "en voie d'extinction".

Vous remarquerez que je ne dis pas que Benoît XVI a eu raison, fin décembre 2005, puis qu'il a eu tort, début janvier 2011, ni l'inverse ; je dis simplement qu'il n'est peut-être pas si contradictoire que cela

- de mettre en avant, fin 2005, l'herméneutique du renouveau dans la continuité, en tant qu'interprétation concurrente et remplaçante de l'herméneutique de la rupture conciliaire, et non en tant qu'interprétation annonciatrice de la fermeture ultérieure de la parenthèse qu'a ouverte le Concile ;

- de mettre en avant, début 2011, une volonté de commémorer Assise 1986, de rééditer ou de renouveler Assise 1986, quitte à ce que cette commémoration, dans sa forme ou dans son fond, diffère quelque peu du "modèle" dont elle s'inspire.

Bonne soirée, j'ai essayé d'être le plus clair possible, et je vous prie de bien vouloir m'excuser, si jamais je ne l'ai pas été.

Scrutator.