Sauf le respect du à cette immense personnalité intellectuelle et cet apôtre infatigable qu'est Jean Madiran - pionnier de la défense de la messe et toujours en premières lignes depuis si longtemps ! - je ne comprends pas bien cette affirmation :

...mais le Saint-Siège ne trouve plus en face de lui un César digne de ce nom

Est-ce vraiment le cas?
Si l'on part du principe qu'un "César digne de ce nom" serait un état laïc, neutre... respectant une certaine idée de la paix, de l'ordre, un certain humanisme, un certain ordre naturel... l'ONU n'est-il pas (si l'on excepte certains points de morale naturelle, mais secondaires par rapport à la "paix" recherchée) ce Cesar idéal? Certes, et c'est in indice, il faudrait excepter certains points de morale naturelle, car, dans les faits (un état laïc), est-il possible de distinguer ce que l'intelligence distingue dans l'analyse: l'ordre naturel et l'ordre surnaturel? De fait, tout le problème de la modernité n'est-il pas dans cette prétention - dans les faits - à une autonomie possible de l'ordre naturel (cette "sainteté sans Dieu" dont rêvait l'humaniste et poète athée, Albert Camus, par exemple) d'avec l'ordre surnaturel... comme si le péché originel n'avait pas été, ni un Sauveur nécessaire - dans les faits ?

En revanche si l'on part du principe qu'un César digne de ce nom est nécessairement un état catholique (ce à que je soupçonne - heureusement - Madiran de se rallier), n'est-ce pas le Saint-Siège lui-même qui a travers le "saint" concile a souhaité se défaire d'un tel César désormais et d'une certaine image de la "chrétienté" d'antan ?

Dés lors il reviendrait au Pape d'être ce César qui n'existe plus? Soit.

Et qui donc tiendra le rôle du Pape, lorsque le Pape tient le rôle de César? Qui enseignera l'Eglise, unique voie de Salut, et confirmera ses frères dans LA Foi de Jésus-Christ lorsque le Pape ne peut plus le faire, afin de ménager (construire?) un équilibre naturel "indépendant" (autonome) de l'ordre surnaturel?


L'argument de M. Madiran, même s'il ouvre élégamment une perspective après tout "acceptable" aux Assise(s) des religions, semble tourner à la négation des principes même qui le fonde.

D'ailleurs s'il existait un "César digne de ce nom", devrait-il organiser Assise, pourrait-il le faire sans cesser d'être ce digne César (catholique) précisément ? Imaginons un peu un saint Louis, dans ce rôle, ce saint Louis que raconte Joinville et qui est mort à Tunis.

Avec Assise dont on fête l'anniversaireliturgique désormais, on nage en pleine ambigüité en effet, à l'image d'un "Magistère" qui depuis 40 ans semble avoir troqué l'enseignement de "ses" ouailles pour la diplomatie et la séduction du monde entier, un monde sans Dieu et néanmoins bon, naturellement bon, pour parodier Rousseau. N'est-ce pas ce qu'avait justement déclaré le Cal Ottaviani lorsque le Saint-Office, premier organe de gouvernement du Pape, est devenu, congrégations parmi les autres, la Congrégation pour la doctrine de la Foi: l'Eglise passe du service de la Vérité à celui de la diplomatie(1).

Du coup César lui-même en perd son latin,
le Forum s'enflamme...
et Néron montre du doigt - c'est tout trouvé! - la "secte" piediste .


(1) Je cite de mémoire et n'ai plus la référence exacte (suis preneur si quelqu'un l'a), mais je l'ai certainement lue, en son temps, dans ce trésor irremplaçable que constitue le corpus d'archives et de réflexions extraordinaire (lui aussi!) de la revue... Itinéraires!